24.5.06

PLAN DE REGROUPEMENT OU DE RETRAIT ?

Plan de 'regroupement' pour la Cisjordanie et politique américaine au Moyen-Orient, C. Glick

Cette très longue et austère analyse de Caroline Glick est à lire intégralement par celles et ceux qui veulent comprendre un peu les agissements de ce gouvernement et se préparer à de durs lendemains. Le scénario de l'auteur pourra sembler hyper-pessimiste, voire apocalyptique, pourtant, il semble proche de la réalité. On comprendra vite en lisant ce texte qu'il n'a pas été écrit pour le grand public, mais à l'intention des décideurs américains et des dirigeants d'organisations juives influentes, pour les amener à dissuader l'administration américaine de contribuer à la mise en oeuvre de ce plan de tous les dangers. (Menahem Macina).

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23/05/06

La présence à Washington du Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, venu défendre son plan, que critique sévèrement Caroline Glick, a paru justifier l'urgence d'une traduction française de ce texte qui, même s'il n'est pas le seul du genre et s'il se place dans une perspective franchement hostile au plan d'Ehoud Olmert, présente l'avantage d'en exposer les modalités de manière détaillée, et de contribuer à nous faire savoir de quoi il retourne. M. Macina.

Source : Centre pour une Politique de Sécurité - Série d’articles de circonstance

Avril 2006 n° 9

Original anglais (pdf) : "Ehud Olmert's convergence plan for the West Bank and US Middle East Politics".

Traduction française : Menahem Macina

Plan de 'regroupement' * pour la Cisjordanie
et politique américaine au Moyen-Orient

par Caroline Glick

* On a cru devoir traduire par "regroupement" l'hébreu hitkanssout, mot à mot, rassemblement en un lieu (p. ex., pour une cérémonie, un culte, une manifestation, etc.). Le terme anglais "convergence" rend correctement l’idée de rassemblement, mais aussi, comme en français, celle de se trouver d’accord (ex. 'des avis convergents'). Pour cette raison, il n’a pas paru possible de reprendre à notre compte la 'traduction' "Plan de convergence", utilisée par la plupart des journalistes et des correspondants de presse, à cause du faux sens qu’elle induit. Pour mémoire, de nombreux juifs francophones opposés à ce projet le nomment "Plan de retrait" ou de "repli", pour souligner qu’il s’agit d’un recul, voire d’une capitulation, puisqu'il prône de céder du terrain sans contrepartie.

Résumé


Le nouveau Premier ministre, Ehoud Olmert, a annoncé son intention de mettre en œuvre ce qu’il appelle un "plan de regroupement", lequel implique un retrait d’environ 90 à 95 % de la Cisjordanie et de plusieurs quartiers de Jérusalem vers la fin de 2007. M. Olmert doit se rendre à Washington pour présenter son plan à l’administration Bush et aux dirigeants du Congrès, dans l’espoir d’obtenir un soutien financier et politique pour son plan.

Le plan de regroupement d’Olmert impose d’expulser de leurs foyers en Cisjordanie entre 50 et 100.000 civils israéliens, et de détruire entre 50 et 100 villes et villages de la région. De plus, il exige le retrait de forces militaires israéliennes sur des positions proches de la barrière de sécurité qui englobera les 5 à 10% restant du territoire de Cisjordanie, situé le long des lignes d’armistice de 1949, et qui constituaient les frontières nationales d’Israël avant 1967.

Olmert affirme que la mise en œuvre de son plan accroîtra la sécurité d’Israël et la stabilité régionale en réduisant les contacts quotidiens entre Israéliens et Palestiniens et en sauvegardant la permanence démographique d’Israël en tant qu’Etat juif démocratique. Il prétend en outre qu’en se retirant de Cisjordanie, Israël contribuera à l’accroissement des intérêts américains et israéliens en améliorant la position politique d’Israël au plan international.

A l’examen, cependant, il est clair que le plan d’Olmert ne fera rien de ce qui précède. En réalité, un retrait israélien de Cisjordanie aura pour résultat de faire passer la région sous le contrôle d’une Autorité Palestinienne dirigée par le Hamas. Ainsi que l’a démontré l’expérience du retrait israélien de la bande de Gaza, en septembre 2005, la région deviendra vraisemblablement une base pour des terroristes mondiaux alliés à l’Iran et à d’autres états favorables au terrorisme.

En fait, des terroristes opérant dans les zones abandonnées par Israël seront capables de perpétrer des attaques de missiles contre d’importantes villes d’Israël, contre son aéroport international et d’autres points stratégiques du pays.

Ils constitueront une force de déstabilisation qui pourrait causer la chute du régime Hashémite en Jordanie. Les expulsions massives de civils israéliens déstabiliseront la société israélienne et porteront un sérieux coup au niveau de la moralité et du self-control du corps des officiers de combat de l’armée israélienne. De plus, un retrait israélien de Cisjordanie permettra probablement aux forces terroristes de s’infiltrer plus facilement en Israël afin de perpétrer des attentats de grande ampleur à l’explosif dans des concentrations de population comme Tel Aviv, Jérusalem et Haïfa, et ralliera la minorité arabe à la cause d’un djihad contre l’Etat juif.

D’un point de vue américain, la mise en œuvre du plan de regroupement d’Olmert causera du tort aux efforts américains dans leur guerre à plusieurs niveaux contre la terreur au Moyen-Orient et dans le monde. La Jordanie et Israël sont les alliés les plus stables des Etats-Unis dans la région et leur probable déstabilisation causée par cette opération motivera et facilitera les opérations de ceux qui combattent les Etats-Unis en Iraq et ailleurs dans la région. Les Palestiniens sont soutenus par des Etats qui encouragent la terreur, tels l’Iran, l’Arabie Saoudite et la Syrie. La déstabilisation d’Israël et de la Jordanie sera perçue comme une victoire pour ces partisans des Palestiniens et les raffermira aux dépens de l’Amérique, qui est perçue comme le garant d’Israël.

En effet, d’une manière encore plus significative, au niveau mondial, que le retrait israélien de Gaza, qui a porté le Hamas au pouvoir dans l’Autorité Palestinienne, un retrait israélien de Cisjordanie sera perçu comme une victoire stratégique pour le Jihad Mondial. Les efforts de recrutement faits par des organisations comme al-Qaïda, dans le monde entier et particulièrement en Europe, Turquie, Inde et Indonésie, seront grandement renforcés.

De plus, les efforts américains pour mobiliser du soutien contre les groupes djihadistes, et les efforts réalisés dans ces Etats, ainsi qu’en Iraq, dans la région du Golfe Persique dans son ensemble et dans le plus grand Moyen-Orient seront affaiblis de manière significative. Des personnes, des dirigeants politiques et des organisations de la société civile, partout dans la région et dans le monde, qui témoignent ouvertement leur sympathie envers les Etats-Unis et ses objectifs de vaincre les forces djihadistes mondiales et de démocratiser le Moyen-Orient, seront substantiellement affaiblis, et peut-être de manière irréversible.

Bien qu’un retrait israélien de Cisjordanie et le démantèlement des communautés israéliennes de cette région semblent en accord avec les politiques américaines au Moyen-Orient, à la lumière de la radicalisation de la société palestinienne, comme le prouve la victoire électorale du Hamas en janvier 2006, on ne voit pas clairement comment un retrait israélien actuel coïnciderait avec les intérêts et les objectifs de la sécurité nationale américaine. Malheureusement, il semble évident qu’un retrait israélien de Cisjordanie conférerait l’autorité à un Etat de facto, favorable au terrorisme, antiaméricain, et créerait une nouvelle base pour le terrorisme mondial.

Au vu de tout cela, l’administration Bush et la direction du Congrès feraient bien de refuser les demandes d’Olmert d’un soutien américain de son plan de regroupement, de soutenir des options politiques alternatives qui contribueraient à affermir les alliés des Etats-Unis dans leur Guerre Mondiale contre la Terreur, et d’affaiblir ceux qui s’opposent aux efforts américains. Ces politiques alternatives feront l’objet d’un rapport additionnel du Centre pour une Politique de Sécurité qui sera rendu public dans un proche avenir.


Introduction


Le nouveau Premier ministre d’Israël doit rencontrer le Président George Bush lors de sa première visite officielle à Washington en tant que Premier ministre, et faire part de sa stratégie pour Israël à l’administration Bush, aux dirigeants du Congrès et aux dirigeants Juifs dans le but d’obtenir leur appui pour les initiatives qu’il compte prendre.

Olmert a donné à sa stratégie le nom de "plan de regroupement". Olmert définit le regroupement comme un plan pour consolider les implantations israéliennes en Cisjordanie en quelques blocs concentrés de communautés israéliennes qui ne nécessiteront pas plus de 5 à 10% du territoire de Cisjordanie limitrophe des lignes d’armistice de 1949, qui constituaient les frontières d’Israël de 1949 à 1969.


Le plan de regroupement

Olmert a tracé les contours de son plan de la manière suivante :

1. Concentration de la population juive. Olmert prévoit d’expulser entre 50 et 100.000 civils israéliens de leurs foyers en Cisjordanie et de détruire 50 à 100 communautés dans lesquelles ils vivent aujourd’hui.

2. Continuité territoriale palestinienne. Les zones où les communautés sont destinées à être détruites, ainsi que les terres qui les entourent seront abandonnées par Israël et seront déférées par défaut au contrôle de l’Autorité Palestinienne. Outre les implantations, Israël renoncera à son contrôle militaire les vastes zones non peuplées de la Cisjordanie. Après le retrait militaire israélien, ces régions seront, elles aussi, contrôlées par l’Autorité Palestinienne. Ainsi, le retrait israélien conférera à l’Autorité Palestinienne une continuité territoriale en Cisjordanie, reliant géographiquement entre elles toutes les zones de Cisjordanie sous contrôle palestinien.

3. Redéploiement des troupes israéliennes dans des aires d’opérations limitées et des zones de sécurité limitrophes des lignes d’armistice de 1949. Aujourd’hui, les Forces de Défense d’Israël exercent un contrôle efficace sur la Cisjordanie en répartissant leurs forces dans la région d’une manière qui permet un contrôle israélien sur les routes principales et sur les hauteurs de Cisjordanie.

Quand les communautés civiles de Cisjordanie auront été détruites, les forces de Tsahal se redéploieront ou "se regrouperont" en garnisons spécifiques situées principalement à proximité immédiate de la barrière de sécurité qui retranchera physiquement les blocs d’implantations et le reste d’Israël de la Cisjordanie. Israël peut, au moins durant une période intérimaire, maintenir une présence sécuritaire dans la faille de la Vallée du Jourdain, qui délimite le royaume hachémite de Jordanie.

4. Défense statique au moyen de la barrière de sécurité. Le plan de regroupement est basé sur l’achèvement de la barrière de sécurité d’Israël. Le tracé final de la barrière englobera toutes les communautés et tous les blocs de communautés qui n’auront pas été détruits conformément au plan de regroupement. Comme indiqué plus haut, ces zones comprendront environ 5 à 10% de la Cisjordanie. Une fois achevés le déplacement des citoyens d’Israël et la destruction de ces communautés, Israël proclamera que la barrière de sécurité est frontière politique provisoire. Il n’y aura pas de présence civile israélienne en dehors des limites de la barrière, quoique une présence militaire israélienne à l’extérieur de cette frontière soit vraisemblable.

5. Retrait israélien de quartiers arabes de Jérusalem. Israël renoncera à ses revendications de souveraineté sur un certain nombre de quartiers situés au sud, au nord et à l’est de Jérusalem.

Dans un entretien accordé au Wall Street Journal (1), Olmert déclarait que son estimation du coût du plan de regroupement serait de 10 milliards de dollars, bien que des économistes israéliens aient prétendu qu’il coûterait probablement au moins deux fois cette somme (2). Au cours de sa visite aux Etats-Unis, Olmert espère obtenir l’assurance d’un engagement américain à garantir ces coûts. Olmert sollicite encore l’acceptation par le gouvernement américain du tracé en cours de révision de la barrière comme constituant la frontière politique d’Israël (3). Selon les estimations actuelles, le tracé placera du côté israélien 5 à 10% de la Cisjordanie et quelques quartiers de Jérusalem conquis par Israël lors de la Guerre des Six Jours de 1967, y compris le Mont du Temple.

Olmert affirme que son plan profitera aux intérêts d’Israël et à ceux de la communauté internationale dirigée par les Etats-Unis, et en énumère les avantages.

1. Il renforcera la démocratie israélienne. Olmert affirme que selon les prévisions démographiques actuelles, vers 2015, les Juifs seront en minorité dans la région comprenant l’Israël souverain et la Cisjordanie. Se fondant sur cette projection, basée sur un recensement effectué par l’Autorité Palestinienne en 1997, Olmert affirme que le plan de regroupement permettra à Israël de renforcer sa majorité juive.

2. Il accroîtra la stabilité régionale. Olmert affirme qu’en faisant partir les Israéliens de l’immense majorité de la Cisjordanie, il contribuera à la stabilité de la région et à la diminution du niveau de terreur. Son évaluation est basée sur l’hypothèse selon laquelle le transfert aux Palestiniens d’une terre vide d’Israéliens atténuera leur désir et le désir des Etats qui les soutiennent d’attaquer Israël, et consolidera les forces de modération de la société palestinienne.

3. Il mettra fin à l’"occupation". En évacuant la vaste majorité de la Cisjordanie et des quartiers arabes de Jérusalem, Israël mettra fin au contrôle partiel qu’il exerce sur la population palestinienne dans ces régions et leur permettra, de ce fait, de vivre indépendants du contrôle israélien. La fin de la soi-disant occupation atténuera la critique arabe et européenne des Etats-Unis et d’Israël, qui est basée sur leur rejet du droit d’Israël à exercer quelque contrôle que ce soit sur des Arabes palestiniens, et améliorera la position américaine et israélienne dans l’arène internationale.


Précédents

Olmert, comme [l’ex-ministre de la Défense, Shaul Mofaz] et d’autres dirigeants politiques de la gauche et du centre-gauche, se sont référés aux précédents du retrait d’Israël du Sud-Liban, en mai 2000 et au retrait de Gaza et du nord de la Samarie, en septembre 2005, pour défendre le plan de regroupement. Ils notent que, depuis qu’Israël a évacué le sud-Liban et Gaza, trois Israéliens seulement ont été tués au sud-Liban, et qu’aucun n’a été tué dans la bande de Gaza (4).

De plus, ils insistent sur le fait que la pression internationale sur Israël et les Etats-Unis pour qu’il soit mis fin à l’occupation par Israël de ces zones dont l’ampleur est réduite depuis le retrait israélien. A cette lumière, ils croient que la pression internationale sur Israël et les Etats-Unis en raison de la présence militaire et civile en Cisjordanie, diminuera après le retrait d’Israël de Cisjordanie et le regroupement dans des zones fortement peuplées de Juifs israéliens et dont les territoires son contigus des lignes d’armistice de 1949.


Inconvénients conceptuels du Plan de Regroupement d’Olmert : Le précédent de Gaza

La défense, par Olmert, de sa stratégie de regroupement souffre de quelques défauts de conception. Le premier d’entre eux consiste à ne pas être mesure de tenir compte des leçons du retrait de Gaza. Ce retrait, comme l’histoire des retraits antérieurs depuis le processus de paix israélo-palestinien d’Oslo, en 1993, suggère que le fait de remettre des territoires à l’Autorité Palestinienne ne concourra pas à l’amélioration des institutions démocratiques, que ce soit en Israël ou chez les Palestiniens, et qu’il déstabilisera le conflit, plutôt qu’il ne le stabilisera.

En vantant son plan de regroupement en Cisjordanie, Olmert tente d’éviter cette conclusion en faisant un usage tautologique de précédents. Lui et ses collaborateurs arguent qu’aucun Israélien n’a été tué à Gaza depuis le retrait israélien de la région et que seuls trois Israéliens ont été tués au sud-Liban (5) depuis qu’Israël s’en est retiré. Mais cette affirmation est largement insignifiante. Il est évident que, dès lors qu’Israël vide une région de toute présence israélienne, il est impossible d’y attaquer des Israéliens. La question majeure est : ces zones présentent-elles un plus grand risque sécuritaire pour Israël et ses alliés maintenant qu’Israël les a quittées ? Cette question n’est pas traitée par Olmert et ses collaborateurs.

Olmert et ses alliés claironnent que le plan de regroupement est une mesure unilatérale israélienne qui, contrairement à des négociations de paix, est réputée totalement indépendante des événements qui se produisent dans la société palestinienne, en particulier, et plus généralement dans le monde arabe et islamique. Du fait qu’Israël peut décréter des retraits sans coopération palestinienne, Olmert et ses collègues arguent qu’il n’est pas nécessaire de se préoccuper de l’impact du retrait envisagé sur les Palestiniens ou sur les autres acteurs, qu’ils aient ou non le statut d’Etat.

En ignorant toutes les parties autres qu’Israël, le plan de rassemblement d’Olmert souffre du défaut conceptuel qui consiste à supposer qu’Israël est le seul acteur de la région qui ne reste pas immobile. Un retrait israélien de Cisjordanie, malgré son appellation d’unilatéral, constitue, en réalité, un abandon de souveraineté sur une région au profit de l’Autorité Palestinienne. Olmert a exprimé son espoir qu’un retrait israélien de Cisjordanie encouragerait l’Autorité à agir avec modération et à utiliser l’opportunité fournie par la retraite d’Israël pour créer un Etat souverain et responsable (6). Cependant, le résultat du retrait israélien de Gaza indique qu’un tel espoir est erroné, et que fonder sur lui la totalité de la stratégie israélienne est une mauvaise estimation. A la suite du retrait israélien "unilatéral" de Gaza, cette région a sombré dans l’anarchie. Les institutions de gouvernement autonome ont été affaiblies, au même titre que les forces de modération de la société palestinienne ; les dirigeants de l’Autorité ont été dominés par le Hamas, et les groupes terroristes de Gaza se sont renforcés (7).

L’ancien Premier ministre, Ariel Sharon, avait donné à son plan de retrait de Gaza et du nord de la Samarie le nom de "désengagement". Son idée était qu’en se retirant de Gaza et du nord de la Samarie, Israël serait capable de se désengager des Palestiniens vivant à l’intérieur de Gaza. Le résultat escompté était que les Palestiniens ne seraient plus capables d’engranger du soutien pour leurs tentatives de rendre Israël responsable de leur bien-être, ou de prétendre que la présence d’Israël à Gaza justifiait leurs attentats terroristes contre des citoyens israéliens. Sharon et ses conseillers arguaient qu’à la suite du retrait, la communauté internationale, Etats-Unis en tête, tiendrait les Palestiniens pour seuls responsables de leur comportement. Tablant en partie sur le fait qu'ils devraient rendre des comptes, et en partie sur leur désir présumé de constituer un Etat, Sharon et ses conseillers prétendaient que le retrait israélien de Gaza amènerait les Palestiniens à modérer leur comportement et à saisir l’opportunité, à eux fournie par Israël, pour faire de Gaza un territoire moderne, où régnerait l’ordre et qui formerait la base du futur Etat palestinien (8).

Malheureusement, les suppositions de Sharon concernant Gaza étaient entièrement fausses. Israël n’est pas parvenu à se désengager de Gaza. L’économie de la région reste dépendante d’Israël, et la communauté internationale, Etats-Unis en tête, a contraint Israël à assumer la responsabilité des conditions de la vie économique de Gaza. Elle l’a fait en contraignant Israël à ouvrir les frontières territoriales entre Gaza et Israël au commerce gazan avec Israël, la Cisjordanie et, par l’intermédiaire des ports israéliens, avec le monde entier. De plus, les Etats-Unis ont fait pression sur Israël pour qu’il permette aux Gazans de travailler en Israël (9). Ils ont aussi obligé Israël à renoncer à tout contrôle sécuritaire sur le terminal international de Rafah, la frontière officielle entre Gaza et l’Egypte.

Israël est gêné dans ses opérations militaires contre les forces terroristes, en raison de la pression internationale qui s’exerce sur lui pour qu’il protège la vie des Gazans, exactement comme c’était le cas lorsqu'Israël exerçait son contrôle militaire à Gaza. Et parce qu’Israël reste la partie que l’Autorité Palestinienne et la communauté internationale, Etats-Unis en tête, considèrent comme responsable du bien-être de la population de Gaza, il n’a pas réussi à se désengager (10).

Le retrait israélien de Gaza n’a pas renforcé les tendances modérées au sein de la société palestinienne. Au contraire, il a radicalisé et a renforcé les segments les plus fanatiques de cette société. Le Hamas, l’organisation des Frères musulmans à Gaza et en Cisjordanie a été porté au pouvoir, lors des élections palestiniennes du 25 janvier 2006. Sa victoire est due, pour une large part, à la perception dominante du Hamas comme étant une organisation animée d’une idéologie, compétente et professionnelle qui, comme le Hezbollah avant elle, utilise efficacement le terrorisme contre Israël pour l’expulser d’un territoire "occupé" (11). Il ressort des sondages d’opinion réalisés depuis la première annonce, par Sharon, de son plan de retrait, en décembre 2003, que quelque 80% de la population palestinienne ont unanimement affirmé que le retrait de Gaza était dû au terrorisme palestinien, et que le seul moyen d’amener Israël à abandonner davantage de territoires était de continuer à attaquer cet Etat et ses citoyens (12).



Le retrait de Gaza : Conséquences pour la sécurité d’Israël

Sharon et ses collaborateurs ont vanté le redéploiement des Forces de Défense d’Israël hors de Gaza, comme constituant un gain tactique pour Israël. Ils ont affirmé que le retrait abaisserait le niveau de la menace contre Israël et que les lignes de défense d’Israël seraient réduites. Et pourtant, c’est le contraire qui s’est produit.

Le retrait d’Israël de la frontière internationale entre Gaza et la péninsule du Sinaï a permis la jonction des forces terroristes de Gaza avec les forces terroristes égyptiennes et mondiales présentes dans le Sinaï. Le résultat immédiat, de cette union a été d’inonder Gaza d’armes modernes et d’y introduire des forces terroristes de portée mondiale, tels al-Qaïda, des unités des Gardes Révolutionnaires iraniens et le Hezbollah.

Le retrait israélien du nord de Gaza a mis la ville d’Ashqelon à la portée des roquettes et mortiers palestiniens. Il a exposé à des attaques incessantes quelques-unes des infrastructures nationales les plus sensibles, dont l’oléoduc Ashkalon-Eilat et le réseau électrique qui dessert tout le sud d’Israël.

Le retrait a forcé Tsahal à défendre les communautés limitrophes de Gaza de l’intérieur même de ces communautés. Cette posture défensive imposée a donné aux terroristes la possibilité de lancer et de gérer leurs accrochages avec les forces israéliennes.

Quand Israël avait le contrôle militaire de Gaza, sa frontière de 240 km avec l’Egypte n’avait pratiquement pas de personnel militaire. Par contre, depuis son retrait, Tsahal a été contraint d’envoyer des forces militaires à la frontière. Le calme qui caractérisait la frontière israélo-égyptienne avant le retrait israélien de la bande de Gaza a été assuré par le contrôle exercé par Israël le long des dix kilomètres de la frontière entre Gaza et le Sinaï. Ce contrôle a efficacement séparé les forces terroristes palestiniennes de Gaza des forces terroristes panarabes et panislamiques de la Péninsule du Sinaï.

Quand Israël s’est retiré de cette étroite frontière, son absence a été immédiatement exploitée par des forces terroristes des deux côtés. Gaza a été inondée de forces terroristes étrangères. Al-Qaïda, le Hezbollah et les Gardes révolutionnaires iraniens ont constitué des bases opérationnelles à Gaza (13).

Un armement moderne a été introduit à Gaza. Il comprend des fusées Katioucha, des lance-missiles anti-aériens portables, et des fusées antichars modernes. Des munitions et des hommes ont continué à circuler sans entraves entre Gaza et le Sinaï (14).

Une fois réunies, les forces terroristes de Gaza et d’Egypte ont immédiatement exploité la frontière ouverte avec l’Egypte, faiblement défendue par Israël. Ils ont établi des liens opérationnels avec des familles criminelles de Bédouins israéliens qui ont utilisé cette frontière au cours des dernières années pour faire passer en fraude des prostituées et de la drogue (et, occasionnellement, des armes et des hommes) d’Egypte en Israël. Depuis le retrait israélien de Gaza, ces familles criminelles ont intensifié leur association, occasionnelle jusqu’alors, avec ces éléments terroristes. Ils aident les deux groupes à faire passer la frontière israélienne à des terroristes et à des munitions. Parvenus en Israël, ces terroristes et les armes de terreur sont acheminés vers des villes d’Israël ou de Jordanie (15).

Avant le retrait israélien de Gaza, les trois communautés israéliennes du nord de Gaza constituaient une zone-tampon qui protégeait des roquettes palestiniennes la ville voisine d’Ashqelon, en la maintenant hors de portée de ces munitions. De plus, les forces de Tsahal qui opéraient à Gaza utilisaient leurs bases voisines de ces communautés pour lancer des opérations dans des zones de population palestinienne proches d’elles, comme Beit Hanoun, pour empêcher les forces terroristes de constituer d’importants arsenaux de ce type d’armes et d’améliorer leur portée.

De même, les forces de Tsahal opéraient à l’intérieur de Gaza pour limiter la possibilité, pour les forces terroristes, d’attaquer librement d’autres communautés limitrophes de Gaza.

Aujourd’hui, les forces de Gaza sont déployées à l’intérieur des communautés israéliennes du Néguev occidental, au voisinage de Gaza, où elles travaillent à protéger ces communautés des salves incessantes de roquettes et d’obus de mortier, que les terroristes tirent sur eux, chaque jour, de Gaza. Les forces terroristes – tant palestiniennes qu’étrangères – ont profité de l’absence de forces terrestres à Gaza pour constituer des arsenaux dont la sophistication et le nombre eussent été inimaginables avant le retrait israélien de la région. Ils sont également parvenus à étendre la portée de leurs roquettes.

Les tentatives postérieures au retrait, faites par Tsahal d’empêcher ces attaques par des tirs d’artillerie et des attaques aériennes se sont soldées par un échec. La tentative faite par Tsahal d’atténuer les dommages causés par ces attaques à la roquette et au mortier, en installant des systèmes d’alerte préventive dans les communautés et les villes avoisinant Gaza s’est également révélée inefficace. En fait, Tsahal n’a aucun moyen de neutraliser la menace des projectiles contre le sud d’Israël, si ce n’est par une invasion terrestre de Gaza (16).

Les retraits d’Israël ont également un impact défavorable sur la continuité de son traité de paix avec Israël. Les commandants militaires israéliens et les responsables de la défense croient que l’Egypte espère prendre prétexte de l’instabilité du Sinaï et de la frontière entre le Sinaï et Gaza pour amener Israël à abroger les clauses de démilitarisation du traité de paix de 1979 entre Israël et l’Egypte. Cela autoriserait un déploiement illimité de l’armée égyptienne dans le Sinaï. Une telle remilitarisation du Sinaï entraînerait immédiatement une déstabilisation de la région en rendant plus tangible le spectre d’une guerre régionale avec Israël (18).

De plus, le retrait israélien de Gaza a renforcé les courants islamiques en Egypte. Le score électoral victorieux des Frères Musulmans en Egypte, en décembre 2005, était dû, dans une large part, à la perception que le Hamas avait contraint Israël à quitter Gaza. Moubarak est un dictateur vieillissant, la survie de son régime après sa mort est une question ouverte. Si Israël autorise une remilitarisation du Sinaï aujourd’hui, il pourrait être confronté à la perspective d’une montée au pouvoir d’un régime islamiste radical au Caire, avec des forces armées égyptiennes – qui s’entraînent, depuis dix ans, en vue d’une guerre contre Israël (19) – déployées le long de la frontière d’Israël, avec une base de terreur globale à Gaza (20).

Autre cause d’inquiétude : des récents rapports signalent que des forces d’al-Qaïda à Gaza et dans le Sinaï, en collaboration avec des forces terroristes de ces régions, sont intéressées à prendre pour cibles un bataillon d’une force multiple d’observation américaine stationnée dans le Sinaï et les pipe-lines entre l’Egypte et Israël. Il y a aussi des signes indiquant que le régime iranien profite de sa présence récente à Gaza pour fomenter la déstabilisation du régime égyptien par des actions terroristes perpétrées dans le Sinaï par des forces palestiniennes de Gaza (21).

En fin de compte, le retrait israélien de Gaza a été décrit au monde islamique et arabe comme une grande victoire de djihad. Il a fait naître dans le cœur de nombreux adhérents à l’islam radical l’espoir d’un retrait américain définitif d’Irak et d’autres théâtres d’opérations. Du fait qu’Israël est perçu comme un agent américain, un retrait israélien est perçu comme un retrait américain (22).

Au cours des 38 ans durant lesquels Israël a exercé son contrôle sur Gaza, même quand les niveaux d’hostilité étaient à leur apogée, Gaza n’a jamais constitué un problème sécuritaire pour l’Etat juif.

Pourtant, dans les mois qui ont suivi le retrait de Gaza, la région est devenue une sérieuse menace sécuritaire pour Israël, et les dirigeants politiques et militaires n’y ont toujours pas trouvé de remède (23).


Inconvénients conceptuels du Plan de regroupement : démocratie et démographie

M. Olmert s’est engagé à superviser, vers la fin de 2007, l’achèvement de la barrière de sécurité et l’expulsion de 50 à 100.000 civils israéliens de leurs maisons et à la destruction de 50 à 100 communautés israéliennes de Cisjordanie. Il affirme que la réalisation de son plan garantira l’avenir d’Israël en tant qu’Etat juif pour les années à venir. En débattant des mérites de son plan, Olmert consacre l’essentiel de son attention à affirmer qu’il diminuera les dangers démographiques que court l’identité d’Israël comme Etat juif, et qu’il sauvegardera la position d’Israël au sein de la communauté internationale. Du fait de l’insistance d’Olmert sur ces deux points, ils méritent un examen spécifique.

Olmert affirme qu’il y a aujourd’hui quelque 3.800.000 Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Selon ces chiffres, s’ajoutant au 1.300.000 Arabes citoyens d’Israël, la population arabe de la rive occidentale du Jourdain sera de 5.100.000 habitants, égalant presque la population juive, qui est de 5.400.000 dans la même région. Les projections d’Olmert qui sont largement acceptées en Israël, indiquent que, vers 2015, Les Arabes constitueront la majorité de la totalité de la population de la rive occidentale du Jourdain.

Olmert et ses collaborateurs affirment que ces projections démographiques font du retrait de Cisjordanie une nécessité politique. Plus le mélange des populations arabes et juives de Cisjordanie durera, plus le danger que court l’identité juive en tant qu’Etat démocratique s’aggravera.

Pourtant, les arguments démocratiques/démographiques ne résistent pas à un examen plus attentif. Tout d’abord, même si les projections démographiques sont correctes – et nous allons voir qu’elles ne le sont pas – la population palestino-arabe croissante rendra impossible à Israël de rester un Etat juif tout en incorporant pleinement la Cisjordanie et Gaza dans le régime démocratique israélien.

Cependant, rien n’empêche Israël de partager le pouvoir sur la Cisjordanie et Gaza avec une autorité palestino-arabe autonome, ou toute autre entité. De la sorte, la taille de la population, tant dans la bande de Gaza qu’en Cisjordanie, ne devrait pas être un sujet de préoccupation pour ceux qui veulent conserver la majorité juive d’Israël, pourvu qu’ils ne prétendent pas à une souveraineté exclusive d'Israël sur la région et renoncent à faire de tous les résidents palestiniens de ces régions des citoyens d’Israël.

Certes, un gouvernement militaire n’est pas pleinement démocratique par nature et, en l’absence d’une possibilité à court terme de décider du statut final de la Cisjordanie contestée, Israël peut améliorer ses propres institutions démocratiques en transmuant les institutions de Cisjordanie en un pouvoir plus démocratique.

Et, en effet, depuis la création de l’Autorité Palestinienne, en 1994, Israël a drastiquement restreint l’autorité militaire en Cisjordanie et abandonné presque toute la responsabilité civile et le contrôle de la population palestinienne à une Autorité Palestinienne élue.

L’absence, chez les Palestiniens, de liberté d’expression, de liberté religieuse, de liberté économique, du droit à un procès équitable, d’une justice et d’une police impartiales, et autres choses semblables ne provient pas d’Israël, mais du caractère antidémocratique des partis qui gouvernent l’Autorité Palestinienne (le Fatah, en premier lieu, et ensuite le Hamas) (24). Cet état de fait indique que l’amélioration de la démocratie en Cisjordanie, ne sera pas facilitée en donnant davantage de pouvoir à l’Autorité Palestinienne, mais plutôt en promouvant différents partenaires palestiniens à l’exercice d’un pouvoir autonome ou partagé avec Israël (25).

En outre, Olmert et ses collaborateurs ont fondé leur politique de séparation d’avec les Arabes de Cisjordanie et de la bande de Gaza sur des statistiques de population établies par le Bureau Central des Statistiques de l’Autorité Palestinienne, et publiées dans un recensement publié en 1997. Ces chiffres ont longtemps été acceptés, sans remise en cause, par des démographes israéliens et ont constitué la base des projections démographiques sur lesquelle Olmert et ses collaborateurs fondent leur insistance sur la nécessité pour Israël de se retirer de Cisjordanie (26).

Pourtant, en 2004, un groupe de chercheurs américains et israéliens ont examiné les statistiques palestiniennes (27). Les résultats de leur étude, rendus publics en janvier 2005 ont montré que les chiffres et les projections étaient basés sur des données fausses, des hypothèses incorrectes et des décomptes incorrects de la population palestinienne, qui en gonflaient les chiffres de quelque 50%. L’Autorité Palestinienne avait comptabilisé deux fois les 200.000 résidents arabes de Jérusalem. L’Autorité Palestinienne a inclus 400.000 Arabes vivant à l’étranger. Ils ont prévu une nette immigration chaque année pour l’Autorité Palestinienne, alors que depuis 1995, elle a connu une nette émigration chaque année. Les taux de natalité ont été majorés et ceux des décès minorés.

L’équipe de recherche a établi qu’il y avait aujourd’hui deux millions et demi de Palestiniens vivant en Jordanie et à Gaza. Aujourd’hui, les Juifs constituent 81% de la population israélienne et en constitueront, selon toute probabilité, 77% en 2025. Les Juifs constituent 67% de la population d’Israël et de Cisjordanie et en constitueront très vraisemblablement 63% en 2025 (28).

La population arabe d’Israël croît plus vite que la juive, tandis que la population juive de Cisjordanie croît plus vite que celle des Arabes. En conséquence, renoncer à des revendications potentielles sur la Cisjordanie, actuellement, hâte le jour où la composition ethnique d’Israël constituera une menace pour sa stabilité démocratique.

Bien qu’on ait fourni les nouvelles données à Olmert et à ses collaborateurs, ils n’ont jamais reconnu la nature problématique des données palestiniennes sur lesquelles ils ont fondé leur politique de séparation d’avec les Arabes de Cisjordanie (29). Les implications des nouvelles données sont, bien sûr, indubitables. Si Israël ne court pas le danger de perdre sa majorité juive même s’il garde le contrôle de la Cisjordanie, alors il peut garder toutes les options sur la table pour la solution finale du conflit, depuis la rétrocession du territoire à un voisin palestinien pacifique en partageant le pouvoir sur certaines régions, jusqu’à la totale inclusion des régions dans l’Etat d’Israël.

Mais en attendant, faire partir des civils israéliens de Cisjordanie et donner le pouvoir à l’Autorité Palestinienne ne contribue en rien à améliorer la démocratie dans la région. Les retraits israéliens n’ajouteront ni n’ôteront rien au nombre total d’Israéliens et de Palestiniens. Alors que le potentiel de démocratie palestinienne est théoriquement amélioré du fait des retraits israéliens, le dossier historique montre que la réalité sera entièrement différente : les Palestiniens de Cisjordanie perdront vraisemblablement leurs droits démocratiques, tandis que l’Autorité Palestinienne gagnera plus de pouvoir (30).


Inconvénients conceptuels du Plan de regroupement : Soutien international

L’argument d’Olmert selon lequel les retraits israéliens renforceront la position d’Israël au sein de la communauté internationale, et donc, d’un point de vue américain, réduiront la critique des Etats-Unis dans le monde arabe et en Europe pour son soutien d’Israël, ne résiste pas non plus à l’examen.

Bien que Sharon ait eu d’éphémères accolades lors de la session d’ouverture de l’Assemblée Générale des Nations Unies, en septembre dernier, la position d’Israël dans les sphères internationales ne s’est pas améliorée pour autant (31) Les opérations défensives contre les attaques à la roquette et au mortier dans le sud d’Israël à partir de Gaza lui ont valu une condamnation internationale. L’ambassadeur américain à l’ONU, John Bolton a été contraint de menacer d’opposer son veto aux projets de condamnation d’Israël devant le Conseil de Sécurité (32).

Le gouvernement Hamas de l’Autorité Palestinienne n’a pas été isolé par la communauté internationale. La Russie, la Turquie et la Chine ont rencontré des dirigeants du Hamas depuis leur élection et ont reconnu le gouvernement. L’Egypte, la Russie, l’Arabie Saoudite et le Qatar ont tous annoncé leur intention de financer l’Autorité Palestinienne dirigée par le Hamas, de même, bien sûr, que l’Iran. La France, l’Italie et la Norvège ont exprimé leur accord et leur désir de rencontrer des dirigeants du Hamas.

Sur d’autres sujets d’importance vitale pour Israël, l’opinion internationale n’a pas évolué en sa faveur depuis le retrait de Gaza. On en a la preuve la plus évidente dans la réticence prolongée opposée par l’Union Européenne, la Russie et la Chine, à prendre des mesures concrètes contre le programme nucléaire iranien.

Somme toute, le retrait israélien de Gaza n’a mené ni à une amélioration du soutien international d’Israël, ni à une isolation internationale de l’Autorité Palestinienne. De plus, Israël et les Etats-Unis sont eux-mêmes isolés pour avoir appelé la communauté internationale à isoler l’Autorité Palestinienne gouvernée par le Hamas.


Implications sécuritaires, pour Israël, de son retrait de Cisjordanie

Si les principaux motifs allégués par Olmert pour mettre en œuvre le plan de regroupement ne résistent pas à l’examen, les points qu’il refuse d’aborder – à savoir, l’impact prévisible du retrait sur la sécurité nationale d’Israël, la stabilité régionale, la lutte contre l’islamofascisme et la promotion des intérêts de la sécurité nationale des Etats-Unis seront probablement tous matériellement et diversement affectés si son plan se réalise.

Si Israël retire ses forces civiles et militaires de 90% de la Cisjordanie, la sécurité nationale israélienne subira immédiatement trois coups :
Premièrement, le Hamas et ses partenaires djihadistes, le Hezbollah, l’Iran et al-Qaïda, rempliront le vide laissé par Israël et profiteront de leur contrôle sur la région pour placer les concentrations de population d’Israël et ses infrastructures nationales sous la menace des missiles et des mortiers, et accroîtront le nombre de leurs explosions-suicide à l’intérieur d’Israël (33). Ces forces terroristes, équipées de munitions passées en fraude de Jordanie (34), d’Egypte et de Gaza, seront en mesure de lancer des attaques de missiles contre les centres de population d’Israël dans la région de Dan, Tel Aviv, Netanya, Hadéra et Afoula inclus. Jérusalem sera aussi à portée de missiles, roquettes et mortiers. Les villes israéliennes seront de plus en plus la cible de terroristes-suicide (35).
L’aéroport international Ben-Gourion sera à portée de roquettes et de missiles palestiniens, et par le fait même, tout le trafic civil à destination et en provenance d’Israël sera exposé à la menace de projectiles.

Les grandes voies de communication israéliennes – dont la voie Tel-Aviv-Jérusalem, l’axe trans-Israël et la grand-route qui relie Tibériade et Tel Aviv, par le Wadi Ara – seront à portée de missiles, de roquettes et de mortiers (36). La barrière de sécurité, qu’Olmert a l’intention d’achever avant la mise en œuvre de son plan de retrait, ne fournit aucune protection contre le feu des fusées.

Bien qu’on ait imputé à la barrière de sécurité partiellement construite le fait qu’Israël ait réussi, au cours de ces dernières années, à limiter le nombre des attentats-suicide dans les villes israéliennes, à en croire les commandants de Tsahal, le rôle de le barrière dans la diminution de ces attentats a été limité. De haut gradés affirment que si la barrière a contribué à faire baisser les attentats-suicide, c’est la réinsertion du contrôle militaire des agglomérations palestiniennes et les villes de la Cisjordanie, depuis la moitié de l’année 2002, et non la barrière de sécurité, qui a empêché la majorité des attentats projetés d’être exécutés (37). Ces officiers avertissent que le retrait de ces forces des zones concernées, proposé par Olmert, et l’abandon du contrôle militaire israélien et des opérations anti-terroristes, donneront aux groupes terroristes la possibilité de reprendre leur offensive d’explosions-suicide dans les villes d’Israël.
Deuxièmement, la prise de contrôle islamique de la Cisjordanie entraînera une radicalisation des Arabes palestiniens. Des sondages ont montré que, depuis 2000, ces citoyens d’Israël ont cessé de se définir comme Israéliens, au profit d’une identité palestinienne. La pénétration djihadiste de la minorité arabe israélienne mettra en danger la permanence de la souveraineté israélienne sur la Galilée et le Néguev (38).
Et finalement l’expulsion forcée de dizaines de milliers d’Israéliens hors de leurs foyers et de leurs communautés en Cisjordanie causera un éclatement et une déstabilisation de la société israélienne. Outre que cette dislocation du corps politique israélien aura de nombreuses conséquences désastreuses, son impact direct sur Tsahal mérite une remarque spécifique. Aujourd’hui, la population établie en Cisjordanie constitue quelque 50% des élèves officiers dans les cours d’entraînement au combat de Tsahal. L’expulsion de la population des résidents israéliens de Gaza, en août 2005, a entraîné une grave désaffection de ce groupe de population envers l’Etat. Cette désaffection a été illustrée par une baisse significative des engagements de sa jeunesse dans les unités combattantes et dans les cours d’officiers. Une expulsion massive de populations civiles israéliennes risque de briser le moral du corps des officiers de Tsahal, particulièrement aux niveaux de commandement débutant et moyen, et jusqu’à ceux des unités d’élite (39).

Implications sécuritaires, pour la Jordanie, d’un retrait de Cisjordanie

Le 17 août 2005, alors que Tsahal achevait l’expulsion des 8.000 civils israéliens de la bande de Gaza, al-Qaïda lançait une fusée Katioucha sur l’aéroport international d’Eilat à partir de sa ville-jumelle d’Aqaba en Jordanie. Suite à cette attaque, la Direction de l’aéroport d’Israël commença à évoquer la possibilité de fermer l’aéroport d’Eilat (40). La frappe d’Al-Qaïda contre Israël à partir de la Jordanie était le résultat d’une forte et croissante présence d’Al-Qaïda dans le royaume hachémite. Abu Musb Zarqawi, le chef d’Al-Qaïda en Iraq, est citoyen jordanien et il s’est engagé à renverser le régime hachémite. En novembre 2005, des cellules d’Al-Qaïda en Jordanie ont perpétré des explosions simultanées dans deux hôtels d’Amman. L’activité croissante d’Al-Qaïda en Jordanie, couplée avec la création de bases à Gaza et en Cisjordanie, à la suite du retrait israélien de Gaza, et sa présence importante et grandissante dans la Péninsule du Sinaï ont amené des officiels jordaniens à éprouver une profonde préoccupation à propos des conséquences d’un retrait israélien de Cisjordanie sur la survie du régime de Jordanie (41).

Les Hachémites représentent aujourd’hui entre 20 et 30% de la population de Jordanie, les Palestiniens constituant le reste des citoyens du royaume. Dans une vidéo diffusée le 25 avril 2006, Abu Musab Zarqawi a réitéré ses menaces et déclaré qu’il s’engageait à détruire Israël. Les menaces de Zarqawi font écho à celles proférées par Ousama bin Laden dans une bande enregistrée diffusée le 23 avril 2006. Il y liait directement al-Qaïda au Hamas en affirmant que la suspension, par les Etats-Unis et l’Union Européenne, de l’aide directe à l’Autorité Palestinienne dirigée par le Hamas, constituait un acte de guerre contre l’islam (42). Pour le moment, le contrôle militaire israélien de la Cisjordanie a atténué les menaces en provenance de cette zone pour la stabilité du régime hachémite. Un retrait israélien de Cisjordanie menacera directement la survie des Hachémites en Jordanie (43).


Implications sécuritaires, pour les Etats-Unis, d’un retrait de Cisjordanie

Traditionnellement, on a argué que le conflit arabe et islamique avec l’Etat juif n’a aucun lien avec leur conflit avec les Etats-Unis et le reste du monde occidental. En fait, pourtant, le sort d’Israël est directement lié à celui de l’Amérique dans sa volonté de combattre les forces du djihad mondial et l’hostilité anti-occidentale dans les mondes arabe et musulman. C’est le cas à la fois en raison des liens stratégiques tangibles d’Israël avec les Etats-Unis et en raison du lien fortement perçu entre les Etats-Unis et Israël dans les esprits et les cœurs du monde arabe et musulman.

Comme noté plus haut, la mise en œuvre d’un retrait de Cisjordanie est susceptible de déstabiliser et Israël et la Jordanie. La déstabilisation éventuelle de ces deux alliés des Etats-Unis aura un impact direct sur la sécurité nationale américaine, de plusieurs manières :
Premièrement, elle mettra en danger les matériels militaires entreposés dans l’un et l’autre pays. Elle mettra en danger les approvisionnements militaires par voie routière, destinés à l’armée américaine en Iraq. L’un des itinéraires d’approvisionnement, qui desservent actuellement les forces armées américaines en Iraq, est la voie routière qui part d’Israël et traverse la Jordanie. Matériel et pétrole sont acheminés de cette manière. De plus les forces iraqiennes sont entraînées en Jordanie. La déstabilisation de la Jordanie et le fait que des routes et des ports israéliens soient exposés à une menace terroriste croissante mettront en danger ces activités.
Depuis l’invasion de l’Iraq, dirigée par les Etats-Unis, des forces terroristes se sont infiltrées en Iraq, principalement en provenance de Syrie, d’Iran et d’Arabie Saoudite, où elles ont aussi été entraînées à leurs missions. Leur relation avec les forces terroristes palestiniennes a été largement coordonné par Damas et Téhéran et par les dirigeants du Hezbollah du sud-Liban. Quoique les terroristes palestiniens aient pris part aux hostilités contre les forces américaines en Iraq, ces éléments terroristes palestiniens ont été principalement basés au Liban, en Syrie, et en Iraq même.
Un retrait israélien de Cisjordanie permettrait aux forces terroristes qui combattent les Etats-Unis en Iraq de créer des bases d’entraînement et des centres d’endoctrinement en Cisjordanie. De telles bases lieraient de manière opérationnelle la campagne palestinienne contre Israël à la guerre terroriste contre la coalition dirigée par les Etats-Unis en Iraq et ses alliés iraqiens.
Sur le plan politique, un retrait israélien de Cisjordanie rehausserait le prestige des Etats et des factions politico-terroristes ainsi que celui des mouvements qui patronnent les groupes terroristes palestiniens. Précisément, l’Iran, la Syrie, leur client Hezbollah, ainsi que les sunnites radicaux d’Arabie Saoudite, du Yémen, de Turquie, d’Egypte et jusqu’au Golfe Persique et à l’Asie centrale, seraient politiquement renforcés par le retrait israélien. Toutes ces forces constituent l’épine dorsale des forces islamofascistes internationales actuellement en guerre contre les Etats-Unis et ses autres alliés partout dans le monde (44).
On a suggéré récemment que le rehaussement du prestige international de l’Iran, conjugué avec la création d’une base opérationnelle iranienne en Cisjordanie pourrait inciter Téhéran à prendre des mesures de blocage du trafic maritime américain qui passe par le Détroit d’Hormuz. Cette menace sur le contrôle naval américain du Golfe Persique, s’ajoutant à la déstabilisation des voies d’approvisionnement qui traversent Israël et la Jordanie, pourrait avoir de graves répercussions sur les intérêts nationaux en matière de sécurité et d’économie (45). Manifestement, si on conjugue tout cela avec la dangereuse politique nucléaire actuelle de l’Iran et ses efforts intensifs pour déstabiliser l’Iraq et diaboliser les éléments pro-occidentaux de la société iraqienne, le renforcement de l’Iran par un abandon israélien de la Cisjordanie constitue une atteinte directe aux intérêts de la sécurité nationale des Etats-Unis.
Au niveau opérationnel, un retrait israélien de Cisjordanie renforcera l’Etat de facto de Palestine, limitrophe d’Israël, de la Jordanie et de l’Egypte, et partisan du terrorisme. Cet Etat de facto, ainsi que ses alliés, la Syrie, l’Iran et le Hezbollah, assureront l’entraînement, la logistique et une base de renseignements militaires à des groupes terroristes actuellement en guerre avec les Etats-Unis. Bref, un retrait israélien de Cisjordanie permettrait la création d’une nouvelle base opérationnelle du terrorisme mondial, au modèle du Liban des années 1970, dans le meilleur des cas, ou du type de l’Afghanistan des Taliban, dans le pire.
Puisque l’un des buts déclarés de la Guerre contre le Terrorisme Mondial est de refuser aux terroristes d’avoir des bases d’opérations, la création d’une telle base, précisément, constituerait une défaite majeure pour les Etats-Unis. Le fait que cette base soit créée dans une région d’importance stratégique pour l’Amérique se traduira par une menace importante pour les forces et les intérêts des Etats-Unis dans la région.
Non moins importante pour le sort de la guerre menée par les Etats-Unis contre le terrorisme mondial, que le renforcement actuel des régimes qui favorisent le terrorisme et les organisations terroristes, est la perception de leur force et de la faiblesse américaine qui sera engendrée par un retrait israélien de Cisjordanie. Aujourd’hui, en l’absence d’une presse libre et d’un processus de débat politique ouvert dans les mondes arabe et islamique, l’opinion publique est façonnée par des organes de propagande de médias panarabes, telle la station de télévision Al Jezirah, des médias terroristes, telle la chaîne de télévision du Hezbollah, Al Manar et les organes de presse contrôlés par l’Etat. Elle est également façonnée par voie d’endoctrinement qui se donne libre cours dans des mosquées radicales dans toute la région et dans le monde (46).
Ces organes de propagande inculquent l’idée que les Etats-Unis, Israël et l’Occident sont corrompus. Leur but est de cultiver et de mobiliser le soutien du public à la guerre islamique contre les Etats-Unis, Israël et le reste du monde non musulman. Le succès de cette propagande, qui parvient à gagner des appuis et à mobiliser des ressources et des recrues pour le djihad global, est directement influencé par la perception de la force américaine israélienne et non musulmane en général (47).

Le gouvernement américain a reconnu, à plusieurs reprises, que la campagne internationale contre les forces du djihad mondial est tout autant un combat pour gagner les esprits et les cœurs, qu’un combat sur les champs de bataille. De Paris et de Londres à Karachi, et de Ramallah à Téhéran, les officiels américains cherchent, par tous les moyens, à encourager ceux qui respectent les valeurs libérales et la force de la loi, l’émancipation des femmes, la liberté de religion et d’expression d’un désaccord religieux, à dénoncer ouvertement les forces du djihad mondial.

L’impact psychologique et idéologique d’un retrait israélien de Cisjordanie - berceau de la civilisation juive – sur les forces du djihad mondial, d’une part, et sur les voix modérées et libérales des mondes arabe et islamique, d’autre part, risque d’être dramatique et contreproductif. Comme ce fut le cas lors du retrait de Gaza, à l’été 2005, le retrait israélien de Cisjordanie sera perçu, non ainsi que l’a affirmé Olmert, comme une invitation à la modération, mais comme une victoire du terrorisme mondial. La conséquence de cette perception pour les Etats-Unis sera tout aussi profonde.

Nourris de théories conspirationnistes et de mythes antisémites et anti-américains, depuis plus d’une génération, le monde arabe et musulman croit qu’Israël est le satellite des Etats-Unis. Qu’ils croient qu’Israël dirige les Etats-Unis ou que les Etats-Unis dirigent Israël, les marchands de conspiration qui contrôlent les perceptions politiques arabes et islamiques sont persuadés qu’une défaite israélienne est une défaite américaine. Ils présenteront sûrement le retrait israélien de Cisjordanie comme une défaite israélienne majeure. Cela affectera directement les efforts américains en vue de mobiliser les gouvernements, les individus et les groupes dans tout le monde arabe et islamique à combattre les forces du djihad mondial en leur sein (48).

Les gouvernements qui hésitent actuellement entre le soutien aux Etats-Unis et le soutien aux djihadistes, de Paris à Jakarta jusqu’au Caire et à Islamabad, seront contraints de réévaluer leurs options à la lumière de ce qu’ils percevront comme une victoire du djihad mondial contre Israël et les Hachémites.

Pour aller de l'avant

Traditionnellement, le gouvernement américain a soutenu les propositions israéliennes en vue de parvenir à la paix avec les Palestiniens, sur la base du paradigme: des territoires en échange de la paix. La conception directrice de ce paradigme – qui a constitué le but éminent de la politique américaine au Moyen-Orient, depuis les années 1970 est qu’il est possible de mettre un terme au conflit palestino-israélien et de neutraliser le conflit arabo-israélien dans son ensemble par un effort israélien de conciliation avec les Palestiniens. Malheureusement, il est clair aujourd’hui, à la lumière de la radicalisation de la société palestinienne, qu’il est impossible aux Israéliens de se concilier les Palestiniens au point qu’ils deviennent de véritables "partenaires pour la paix", et qu’il est impossible de réactiver les négociations entre Israël et la direction palestinienne.

Le gouvernement américain s’est également toujours opposé au contrôle de la Cisjordanie par Israël et à la création d’implantations dans cette région. La présence de l’ambassade américaine à Tel Aviv, conjuguée à l'action de groupes politiques israéliens radicaux comme La Paix maintenant, veulent empêcher toute construction à l’intérieur de ces communautés israéliennes et geler toute extension de la présence juive en Cisjordanie, que ce soit par l’extension des communautés ou par la construction de routes pour les résidents (49).

Et cependant, à la lumière de la radicalisation de la société palestinienne, de son intention d’annihiler Israël (50) et de son extrême anti-américanisme (51), on ne voit pas le bénéfice qu’il y a, pour l’intérêt de la sécurité nationale américaine, à favoriser les revendications de souveraineté palestinienne sur la Cisjordanie de préférence à celles d’Israël. On ne voit pas du tout non plus le bénéfice qu’il y a, pour l’intérêt de la sécurité nationale américaine, à soutenir une politique d’expulsions massives de citoyens israéliens de leurs foyers, étant donné l’impact pervers qu’aura une telle politique sur la stabilité de la société israélienne, sur la capacité de Tsahal à mener une guerre incessante, et sur la politique américaine consistant à aider un Etat palestinien qui acceptera le droit d’Israël à l’existence en tant qu’Etat juif et qui garantira les droits humains de ses citoyens et résidents.

A première vue, le plan de regroupement d’Olmert donne l’apparence de s’aligner sur les intérêts de la sécurité nationale américaine, en semblant mettre en valeur le soutien américain traditionnel à une formule de paix en échange de territoires qui aboutisse à la création d’un Etat palestinien pacifique, et la traditionnelle opposition américaine au peuplement israélien de la Cisjordanie. Pourtant, quand on examine de manière critique le plan de regroupement, il apparaît clairement que si le gouvernement américain accorde son soutien à la mise en œuvre de ce plan, il ébranlera ses intérêts les plus importants au Moyen-Orient, à savoir, la défaite des forces djihadistes et le développement de la sécurité, de la liberté, de la démocratie et des valeurs libérales dans tout le monde arabe et islamique.

Il existe nombre de politiques alternatives qu’Israël pourrait faire progresser, et qui auraient une plus grande possibilité de réaliser une paix juste et durable entre Israël et ses voisins, d’accroître la stabilité de la société israélienne, de renforcer le régime hachémite et d’affaiblir les régimes qui favorisent le terrorisme, comme l’Iran et la Syrie, tout en infligeant une défaite à leurs clients terroristes en Cisjordanie et à Gaza. Ces politiques alternatives rehausseraient l’influence politique des éléments modérés de la société palestinienne aux dépens de forces comme celles du Hamas et du Fatah.

Toutes ces politiques, cependant, exigent la reconnaissance par Israël qu’il n’est pas la seule force dynamique de la région, et une reconnaissance, tant par Israël que par les Etats-Unis, que leurs réussites, dans la Guerre Mondiale contre la Terreur, sont directement liées. Quelques-unes de ces options politiques ont été exposées publiquement (52) ; d’autres ne l’ont pas encore été. Un prochain rapport du Centre pour une Politique de Sécurité analysera quelques-unes des approches les plus prometteuses dans un proche avenir.

Cependant, conformément à l’esprit de la première règle de la médecine : "Avant tout, ne fais pas de mal", il faut reconnaître, dans l’immédiat, que les mesures telles que celles du plan de regroupement d’Olmert contribuent davantage à aggraver les faiblesses américaines et israéliennes face aux forces de l’islamofascisme, qu’à accroître leurs forces respectives et communes. Il faudrait dire cela clairement à Olmert quand il exposera sa politique à Washington, DC.


Caroline Glick *

© The Center for Security Policy

* Rédactrice en chef adjointe du Jerusalem Post, Caroline Glick est née aux Etats-Unis. Elle a fait son aliya en Israël immédiatement après l’obtention de son diplôme de l'Université de Colombia. Dès la fin de son service militaire dans Tsahal, C. Glick a gravi les échelons jusqu'à accéder à une fonction importante dans les négociations d'Oslo, au sein du cabinet de l'ancien Premier ministre Rabin. Après son retrait du monde politique, C. Glick est devenue journaliste et a maintenant une chronique hebdomadaire en première page du Jerusalem Post. Pendant la récente guerre en Irak, C. Glick a été correspondante de guerre, intégrée dans l'armée américaine, et elle a fait partie de l'unité d'infanterie qui fut la première à atteindre Bagdad. Elle est membre de l'association israélienne des porte-parole pour la Hasbara. E-Mail: director@israelactivism.com.


Notes

[Un bon nombre des liens indiqués par C. Glick n'aboutissaient pas, ou renvoyaient à des pages en accès réservé ou payant. Je les ai donc tous contrôlés et, sauf impossibilité, j'ai renvoyé aux sites où il était possible de les lire. En ce qui concerne les références bibliographiques, en règle générale, j'en ai respecté la formulation anglo saxonne (Menahem Macina).]

(1) Karby Leggett, "Olmert to Call for Global Support Of Israel's West Bank Pullout Plan", The Wall Street Journal,April 12, 2006; Page A6.
(2) Sever Plocker, "Flawed pullout predictions should make Olmert rethink his plan", Ynet, April 16, 2006.
(3) Lally Weymouth, "'We Are Ready to Change,' Israel's Ehud Olmert on his bold plan for a new border", April 17, 2006, Newsweek ; et Romesh Ratnesar, "Is Ehud Olmert feeling lucky ?", April 9, 2006; Time.
(4) Hannan Greenberg, "Mofaz: Iran gave millions to terrorism", Ynet; March 21, 2006.
(5) Les soldats de Tsahal, Avi Avitan, Omar Suwaid et Benny Avraham tombèrent dans une embuscade tendue par des combattants du Hezbollah, alors qu'ils patrouillaient du côté israélien de la frontière entre Israël et le Liban, le 7 octobre 2000. Enlevés au sud-Liban, ils y moururent de leurs blessures. Leurs corps furent rapatriés en Israël en échange de la libération, par Israël, de plus de 400 terroristes, en janvier 2004. Israel Ministry of Foreign Affairs, "Israelis abducted and held in Lebanon, 2000-2004".
(6) Leggett, Weymouth and Ratnesar, op. cit. at 1 and 3.
(7) Plocker, op. cit. at 2.
(8) Ari Shavit, "The Big Freeze", Interview de Dov Weisglass; Haaretz Friday magazine; October 8, 2004.
(9) Amos Harel, "Haaretz probe: Israel has little say at Rafah crossing", Haaretz, February 8, 2006.
(10) Lt-Géneral Moshe Ya’alon, "The truth and reality of disengagement", Ma’ariv online (Hebrew), February 24, 2006.
(11) Lt. General Moshe Ya’alon, "The Security Implications of a Hamas-Led Palestinian Authority", The Washington Institute for Near East Policy, Policy Watch 1080, February 16, 2006.
(12) Palestinian Public Opinion Poll No. (19), sondage réalisé par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, 19 avril 2006; voir aussi, sur son site Web, les sondages réalisés par le PCPSR auprès des résidents palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, durant la même période.
(13) "IDF Intelligence: Al-Qaeda Already Operating in Gaza," Maariv (Hebrew), October 17, 2005; et Maj. General (res.) Yaacov Amidror, "The fruits of disengagement", Ynet, January 26, ,2006.
(14) "Mofaz blames Egypt and PA for increased smuggling", The Jerusalem Post, January 11, 2006,
(15) Reuven Paz, "Al-Qaeda's Search for new Fronts: Instructions for Jihadi Activity in Egypt and Sinai", Global Research in International Affairs (GLORIA) Center, THE PROJECT FOR THE RESEARCH OF ISLAMIST MOVEMENTS, (PRISM), OCCASIONAL PAPERS, Volume 3 (2005), Number 7 (October 2005), et Caroline B. Glick, "The Cost of Incompetence", The Jerusalem Post, December 1, 2005.
(16) Alex Fishman, "Mofaz expects terror wave", Ynet, December 21, 2005; Yuval Azoulay, "Ashkelon gets rocket warning system", Haaretz, December 20, 2005; Hillel Fendel, "Former Defense Minister Moshe Arens: 'Northern Gaza must be recaptured'", Israel National News, April 25, 2006.
(17) Op. cit. at 13.
(18) Caroline B. Glick, "Arik and the tooth fairy", The Jerusalem Post, May 26, 2005 ; Glick, "Irrelevant visions", The Jerusalem Post, June 24, 2005.
(19) Depuis 1995, les exercices annuels de simulation de combats des troupes égyptiennes et de leurs alliés, "The Bader Exercise", ont été consacrés à une guerre éventuelle contre Israël. Shawn Pine, "The Egyptian Threat and Prospects for War in the Middle East", Ariel Center for Policy Research, Policy Paper No. 110, 2000.
(20) Ya’alon, op. cit. at 10.
(21) Paz, op. cit. at 15, and "Islamic Republic of Iran’s plans for creating chaos in Jordan", Iran Press News, April 24, 2006, les attentats du 26 avril contre les soldats du MFO – la deuxième attaque de ce genre, ces derniers mois -, sont une claire indication que ces troupes, dirigées par une unité américaine, sont bien considérées comme des objectifs importants.
(22) Ya’alon, op. cit. at 9.
(23) Ari Shavit, "Olmert’s arrogance", Haaretz, March 14, 2006.
(24) "President Bush calls for new Palestinian Leadership", June 24, 2002.
(25) Dan Diker et Pinchas Inbari, "Re-energizing a West Bank-Jordanian Alliance", The Middle East Quarterly, Spring 2006, pp. 29-36.
(26) Lilly Galili, "A Jewish demographic state", Haaretz, June 26, 2002.
(27) Bennett Zimmerman, Roberta Seid et Michael Wise, "‘Doomsday’ falsehoods", The Washington Times, April 25, 2006 ; Caroline B. Glick, "The demographic bomb is a dud", The Jerusalem Post, January 14, 2005.
(28) Voir l'étude de ce groupe de recherche. Elle a été confirmée par l'éminent démographe américain, Nicholas Eberstadt, et ses résultats ont été communiqués au Congrès.
(29) L'équipe a présenté les résultats de ses travaux à la Knesset et au gouvernement israélien à plusieurs reprises depuis janvier 2005. Depuis la publication initiale de la nouvelle étude, Arnon Sofer, démographe israélien de premier plan, qui a dirigé la campagne démographique pour les retraits de Cisjordanie, de Jérusalem et de la bande de Gaza, a réduit ses chiffres de population palestinienne d'environ un million de personnes.
(30) Haetzni, "In Arafat's Kingdom", Commentary, October 1996, pp. 42-48.
(31) Shavit, op. cit. at 20.
(32) "U.S. stops UN criticism of Israel", UPI, April 13, 2006.
(33) Dore Gold and Jonathan D. Halevi, "Al-Qaeda, Zarqawi, and Israel: Is There a New Jihadi Threat Destabilizing the Eastern Front?", Jerusalem Viewpoints No. 538, January 1, 2006.
(34) "Jordan Accused Hamas of gun-running", AP, April 19, 2006. Ariel Cohen, "Israel is weaker now", TCS Daily, April 4, 2006.
(36) Gideon Alon et Reuters, "Security sources fear anti-aircraft missile attacks", Haaretz, March 29, 2005.
(37) Maj. General (res.) Yaakov Amidror, "The Unilateral Withdrawal: A Security Error of Historical Magnitude", Jaffee Center for Strategic Studies, Tel Aviv University, Strategic Assessment, Vol. 7., No. 3, December 2004.
(38) Dan Diker, "Lessons from the Or Commitssion: Rethinking the ideological and religious dimensions of the Israeli Arab riots of October 2000", Jerusalem Viewpoints, No. 512, February 1, 2004 ; le 19 avril 2006, deux jours après qu'un terroriste-suicide ait tué 9 Israéliens à Tel Aviv, une délégation de membres arabes de la Knesset rencontrait des dirigeants du Hamas, membres du Conseil législatif palestinien, en une démonstration publique de solidarité avec le Hamas. Roi Nachmias, "MK Talab a-Sanna, ‘Israel’s policies towards Hamas are unbalanced’", Ynet, (Hebrew), April 19, 2006.
(39) Rabbi Zalman Melamed, "After the expulsion we must review our relationship with the army", Besheva (en hébreu), September 22, 2005.
(40) "Media report: Palestinian planned suicide bombing at Israeli nuclear reactor", Israel Insider.
(41) Gold and Halevi, op. cit. at 33, Diker and Inbari, op. cit. at 25.
(42) Salah Narawi, "Al-Zarqawi video mocks U.S.", Associated Press, April 25, 2006 ; et Michael Slackman, "Bin Laden says West is waging war against Islam", The New York Times, April 24, 2006.
(43) Gold and Halevi, op. cit. at 33; Diker and Inbari, op. cit. at 25.
(44) Caroline B. Glick, "The rise of the Islamist axis", The Jerusalem Post, April 6, 2006.
(45) Mark Helprin, "After Diplomacy Fails", The Washington Post, April 13, 2006.
(46) Barry Rubin, "What’s wrong? The Arab liberal critique of Arab society", The Middle East Review of International Affairs, Vol. 9., no. 4, December 2005.
(47) Andrew Harvey, Iran Sullivan and Ralph Groves, "A Clash of Systems: An Analytical Framework to Demystify the Radical Islamist Threat", Parameters, Autumn 2005, pp. 72-86.
(48) Caroline B. Glick, "For a new international community", The Jerusalem Post, April 21, 2006.
(49) "U.S. may rebuke Sharon over failure to evacuate outposts", Haaretz, August, 8, 2004.
(50) Nazila Fathi, "Iran’s leader calls Israel a ‘constant threat’", The New York Times, April 14, 2006.
(51) Voir, par exemple une anthologie de l'anti-américanisme, réalisée par le Palestinian Media Watch.
(52) Yuval Steinitz, Dore Gold, Yaakov Amidror et Meir Rosenne, "Defensible borders for a lasting peace", The Jerusalem Center for Public Affairs, June 27, 2005 ; Binyamin Elon, "The right road to peace" ; et voir Diker and Inbari, op. cit. at 25.


Mis en ligne le 23 mai 2006, par M. Macina, sur le site upjf.org