14.5.06

TARIQ LE MYTHO

Tariq Ramadan fait son show

Tariq Ramadan aime à se targuer de ses titres universitaires. Ce laissez-passer, dont il use et abuse avec constance, lui ouvre des portes dans le monde entier, et surtout en Europe, sa cible privilégiée.

L’université néerlandaise de Gand (Belgique) oublie un instant son particularisme linguistique et publie un long article en français du théologien musulman. Cet article est, bien entendu, consacré aux Palestiniens, comme l'ensemble du dossier "Palestina" sur ce site universitaire.

La cause, LA grande cause qui seule mérite l’attention.

Les atteintes à la démocratie, aux droits fondamentaux des humains dans les théocraties arabes, Ramadan ne s’en préoccupe pas. Il ne souffle mot du Darfour, génocide oublié au nom de la realpolitik. Il n’a pas un mot de compassion pour les victimes irakiennes des totalitaristes islamiques.

A l’impossible nul n’étant tenu, on ne lui demandait pas non plus un mot fraternel pour toutes les victimes civiles du Hamas et du Djihad en Israël.

Ramadan prend fait et cause contre la démocratie israélienne pour la théocratie que veut installer le Hamas. Il a choisi son camp. Curieusement, il n’a aucun moratoire à offrir cette fois-ci.

Lui qui proposa aux hommes musulmans, avec le succès que l’on sait, une pause temporaire, une trêve, en quelque sorte, dans le traitement qu’il est coutumier de réserver à sa femme, se trouve ici bien en peine pour élaborer une solution viable.

Il racole, en une dialectique soigneusement rodée, les esprits les plus faibles, les plus « non-comprenants » (1) de ce qui se peut trouver au sein de nos plus mornes associations France-Palestine.

La filiation de Tariq Ramadan avec le fondateur des Frères Musulmans n’étant un secret pour personne, on ne s’étonnera donc pas de le voir prendre la défense d’un mouvement issu de ce fondamentalisme.

La levée internationale, fort timide au demeurant, de boucliers contre le Hamas chiffonne Tariq Ramadan.

Il le dit et feint de croire ce qu’il dit

Cette longue diatribe, parsemée d’erreurs historiques et factuelles, ressemble à s’y méprendre à tout ce que les prêcheurs islamistes peuvent véhiculer de lieux communs dans nos banlieues les plus profondes.

A croire qu’ils s’approvisionnent aux mêmes sources. Il nous faut donc, avec les pincettes indispensables, analyser quelques fragments de l’épître de Ramadan à la diaspora fondamentaliste islamique en terre européenne.

L’Europe, dit-il continue de plier devant les injonctions américaines et sa politique proche orientale reste caractérisée par la peur, la frilosité et l’hypocrisie.

Rien n’est plus faux. L’Europe s’est déconsidérée depuis des décennies par sa politique de soutien presque inconditionnel aux pays arabes les plus rétrogrades et de support à l’autorité palestinienne.

Condamnant Israël un nombre incalculable de fois à l’ONU, ou au mieux s’abstenant face aux résolutions anti-israéliennes présentées par l’OCI, l’Europe, depuis l’élection à une écrasante majorité de l’organisation terroriste Hamas, tend toutes les perches possibles à ce mouvement.

Jacques Chirac, dont la fin de quinquennat ressemble de plus en plus à la Retraite de Russie, frimas en moins, ne proposait-il pas il y a peu, de reprendre les aides sous conditions ?

Depuis plus de soixante ans, on manipule, on ment et l’on trompe. On impose aujourd’hui à l’Autorité palestinienne trois conditions au nom de résolutions des Nations Unies ou du droit international que les gouvernements israéliens successifs n’ont eut de cesse de moquer, de négliger et de transgresser. Dans les couloirs des cabinets de Washington ou de Bruxelles, tout le monde le sait, tout le monde se tait.

Plus le mensonge est gros, mieux il a des chances de passer. Il est étonnant de voir une université européenne apporter son crédit à un papier aussi visiblement tendancieux.

Depuis plus de soixante ans, malgré les résolutions de l’ONU, le terrorisme palestinien n’a jamais cessé une seule minute, bafouant le droit international. Il a rejeté toutes les propositions de paix faites par les différents gouvernements.

Des déclarations de Ben Gourion au moment de la décision de partage tendant la main aux Arabes, en passant par celles de Levy Eshkol lorsque Nasser bloqua le détroit de Tiran, à celles de Dayan après la guerre des six jours qui proposait d’échanger les territoires contre la reconnaissance d’Israël et la paix, les pays arabes ont répondu par les trois NON de Khartoum.

Plus récemment, on est allé jusqu’à faire semblant de croire aux bonnes intentions du gouvernement de Ariel Sharon qui « oeuvrerait pour la paix ». On a admis les grands mensonges qui ont suivi les « accords » de Sharm al-Cheikh avec le « retrait historique » de Gaza et l’engagement unilatéral « pour la paix. »

Ramadan fait preuve d’une mauvaise foi évidente. En 1993, naïvement Israël avait cru ou fait semblant de croire que les accords d’Oslo allaient apporter la paix. Ils n’ont fait que renforcer la terreur en Israël.

Shimon Pères et Itzhak Rabin ont accepté toutes les entorses palestiniennes aux accords, fermé les yeux sur les actes de terrorisme, affectant de les attribuer à d’autres qu’aux dirigeants palestiniens d’alors, pour un résultat nul. Il fallait poursuivre le dialogue comme s’il n’y avait pas de terrorisme et lutter contre le terrorisme comme s’il n’y avait pas de négociations.

Rabin en est mort. Barak qui lui, avait proposé une restitution de 97% des territoires « occupés » s’est fait ridiculiser par un Arafat exigeant toujours plus pour ne pas avoir à se préoccuper de la paix.

Ce peuple qui a fait son choix ne doit pas être surpris de ses conséquences. Ramadan sait que l’Autriche a longtemps été mise sur la sellette pour ses choix politiques, comme cela fût le cas de l’Espagne de Franco, du Portugal de Salazar, de l’Afrique du sud, de la Libye, de l’ex-URSS…

Il faut savoir ce que l’on souhaite

Les partis politiques palestiniens n’ont de ciment qui les lie et leur donne le sentiment d’appartenir à un peuple que leur hostilité meurtrière contre l’Etat d’Israël.

Un certain nombre d’entre eux a commis, sans répit, des attentats d’une violence et d’une cruauté inégalée. Les Palestiniens sont sans pays et sans patrie puisque cette patrie n’existe pas encore.

Elle est née de l’imagination de quelques rusés qui s’en firent une rente de situation. Elle est aussi née de la volonté des régimes autoritaires arabes de maintenir un chaudron explosif en plein Moyen-Orient, histoire de canaliser la colère de leurs opinions publiques respectives.

C’est cette [démocratie israélienne] qui impose ses conditions aux États-Unis comme à l’Europe.

Ramadan ne peut résister, tout intelligent qu’il soit, à la montée de ses vieux démons. Le voilà à nous refaire le coup du lobby juif, de la juiverie mondiale qui détient tous les pouvoirs. Le revoilà, cet antisémitisme qui l’a conduit il y a quelques mois à dénoncer certains intellectuels comme étant juifs.

Qui fera mine de croire à l’existence d’un soupçon d’éthique politique ? s’interroge Ramadan.

Il est particulièrement mal placé, le roi du moratoire sur la lapidation des femmes adultères, pour dénoncer le cynisme.

La dignité des Palestiniens, à laquelle Ramadan fait mine de s’intéresser, serait enfin de se montrer capables de construire un pays, acceptant son voisin israélien et en renonçant au terrorisme.

Utiliser la victimologie à l’honneur dans nos sociétés occidentales et rester tributaire de la charité des autres nations ne peut pas être une fin en soi.

Tariq Ramadan est nébuleux, comme à son habitude. Il est aussi inconsistant dans son argumentaire.

Certes, il faut aider les habitants de Palestine à sortir de ce cauchemar dans lequel ils sont plongés depuis des années par la bonne grâce des dictatures successives. Mais pas au prix de la vérité !

Le 23 Janvier 2006, avant les élections palestiniennes, sous la signature de Antoine AJOURY, L'Orient-Le Jour, quotidien libanais d'expression française écrivait « Les élections législatives qui se dérouleront dans quelques jours seront donc pour les Palestiniens une occasion pour opter entre la paix civile ou la violence… Or, les résultats des élections municipales qui ont eu lieu récemment dans les territoires et les derniers sondages confirment une poussée notable des intégristes face au parti au pouvoir usé par la corruption. Qu'il s'agisse donc de l'option des armes ou des urnes, les Palestiniens risquent, encore une fois, de faire un mauvais choix ».

Tariq Ramadan n’a pas le temps de lire les journaux libanais. Il a trop peur d’être tenté de prendre la défense du Hezbollah.

Pitre pathétique, Ramadan enfourche une fois encore un vieux cheval sur le retour. Il a raison. Cela est beaucoup plus gratifiant que d’être un "cavalier sans monture" (2).

Fabien Ghez & Pierre Lefebvre © Primo Europe, Mai 2006

1 - néologisme emprunté à Pierre Desproges permettant d’éviter l’utilisation du mot « con ».

2 - «Un cavalier sans monture», feuilleton TV égyptien en trente épisodes diffusé par plusieurs chaînes de télévision arabes, s’inspirant largement des Protocoles des sages de Sion. "Un tel feuilleton, qui distille la haine au mépris de toute compréhension politique du conflit proche-oriental, doit être retiré de l’antenne" (Qais S. Saleh, consultant Palestinien, Ramallah) source Ligue des Droits de l'Homme



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Auteur : Fabien Ghez & Pierre Lefebvre
Date d'enregistrement : 10-05-2006