23.2.07

IRAN : L'IMPORTANCE DU RAPPORT D'EL BARADEI

23.02.2007

Le régime des mollahs n’a pas gelé ses activités nucléaires conformément aux exigences de la Résolution 1737 du Conseil de Sécurité. La résolution chargeait également El Baradei de présenter 60 jours après son adoption un rapport établissant si les mollahs s’étaient conformés aux exigences de l’ONU. Le rapport devait être rendu public le jeudi 22 février 2007.

Selon le rapport de l’AIEA, la république islamique d’Iran a poursuivi l’installation de centaines de centrifugeuses dans une installation souterraine à Natanz [1]. Il faut préciser que les rapports fournis par El Baradei ont la particularité d’aller toujours dans le sens des attentes de Téhéran. Pendant plusieurs années, El Baradei soutenait qu’il n’y avait aucune preuve sur l’existence d’un programme nucléaire militaire en Iran, quand au même moment les mollahs disaient la même chose.

Le site IRAN-RESIST soutient que le programme militaire nucléaire des mollahs est une couverture pour un programme militaire nucléaire défectueux et raté. Téhéran possède probablement quelques bombes nucléaires achetées en contrebande, mais continue ses provocations nucléaires car son objectif immédiat n’est pas « la bombe », mais l’obtention de Garanties Régionales de Sécurité ou en langage décodé : la Reconnaissance du rôle régional de ce régime par l’intermédiaire des ses milices chiites (Hezbollah, Badr et Sadr).

Afin d’y parvenir et faire capituler les Etats-Unis, les mollahs utilisent la crise nucléaire et le soutien au terrorisme en Irak. Ils ont même montré leur capacité à part entière de nuisance durant la guerre de l’été 2006 contre Israël via le Hezbollah sur le territoire d’un Etat tiers : le Liban.

Selon leurs besoins actuels, aujourd’hui le régime des mollahs a besoin de se montrer menaçant et proche de l’obtention d’un savoir faire nucléaire, et même capable d’une production d’Uranium enrichi en quantité suffisante pour fabriquer des bombes ! Du jour au lendemain, les rapports fournis par El Baradei ont changé et ce dernier parle de l’installation d’un grand nombre de centrifugeuses à Natanz alors que personne n’a eu le droit de visiter les fameux souterrains de Natanz.

El Baradei continue de dire ce que les mollahs lui demandent. Et actuellement, les mollahs veulent pousser le monde à la panique. Cette panique, estiment-ils, aura deux conséquences : par peur d’escalade, les Européens pourront soit organiser une conférence sur l’Iran et avec ses dirigeants (pour une Pax Iranica), soit lancer une attaque contre l’Iran. Alors les mollahs pourront prétendre que des cibles civiles ont été touchées et exigeront une conférence internationale pour obtenir les Garanties précitées : les souterrains à Natanz étant une fiction, les mollahs n’auront aucune peine à prouver l’inexistence d’un programme nucléaire militaire.

L’affaire nucléaire iranienne est un grand théâtre d’ombres et de lumières où des vraies preuves vestiges du programme défectueux se mêlent aux fausses preuves et rumeurs délibérément disséminée par le régime et ses sympathisants. Cette confusion délibérée permet toutes les suppositions et permet au régime des mollahs de manipuler à sa guise dans un sens ou dans l’autre ses relations ou négociations diplomatico-nucléaires.

A ceci s’ajoute le refus des Européens à appliquer des sanctions contre ce très grand partenaire commercial. Les mollahs ont pratiquement toutes les cartes en main pour amplifier la crise, et également aucune envie d’y mettre un terme. A cette confusion délibérée de l’état des avancements nucléaires, ils ajoutent un autre jeu qui est celui des courants ultras ou modérés du régime afin de laisser entendre que plus de délai est nécessaire. Plus de délai sera synonyme de plus de crise car plus de délai équivaut à la ridiculisation des ultimatums fixés par le Conseil de Sécurité.

En bref voici les atouts des mollahs : un théâtre d’ombres et de lumières de vraies preuves et de fausses rumeurs, un jeu de rôle des ultras et des modérés, la complaisance des Européens et des Russes (dont l’intérêt pour l’Iran est quasi vital) et les rapports de El Baradei... mais aussi sa puissance terroriste (via le Hezbollah) notamment !

Les Russes et les Européens ont des intérêts en Iran et ces intérêts sont garantis par leur attitude à l’égard des intérêts vitaux des mollahs au Liban. Par conséquent, Russes et Européens laissent faire le Hezbollah et refusent de le placer dans la liste des mouvements terroristes ou hors la loi nocifs à la stabilisation régionale. La conjugaison des intérêts Russes et Européens autour de l’Iran n’a donc pas uniquement des effets négatifs sur la crise nucléaire iranienne. Ces intérêts particuliers ont des effets déstabilisateurs sur la région. Les mollahs eux-mêmes utilisent la crise pour faire capituler les Etats-Unis et leur faire admettre un rôle régional via le Hezbollah.

Le seul atout contre les mollahs (et leur politique de chaos) est de continuer le processus engagé au Conseil de Sécurité sans se laisser perturber par les intérêts commerciaux et les calculs stratégiques des Russes et des Européens : il faut mettre ces partenaires de l’Iran devant le choix de continuer ou de cesser leurs relations avec Téhéran... Et si l’on voulait mettre hors d’état de nuire les mollahs, il faudrait aller au-delà de l’actuel processus au Conseil de Sécurité et s’intéresser au Hezbollah qui est l’enjeu central pour les mollahs. Sans cela, cette mascarade continuera et qui sait si dans le délai accordé, les mollahs parviendront même à relancer leur programme nucléaire militaire défectueux pour produire quelques bombes sales bien plus utiles à leurs guerres asymétriques qu’un engin au bout d’un missile.

Malheureusement nous n’en sommes pas là, et le seul atout contre les mollahs, qui est de continuer le processus engagé au Conseil de Sécurité, pourrait être abandonné sous la pression conjuguée des Russes, des Européens, des Chinois ou encore de El Baradei. De leur côté, les mollahs tentent tout pour stopper le processus par des mesures provisoires de modération comme la proposition de faire tourner les centrifugeuses sans y introduire l’hexafluorure d’uranium !

Les mollahs proposent en échange une levée des sanctions (américaines) qui pèsent sur l’Iran. Une fois le processus onusien stoppé, tout sera à reprendre à zéro. L’arrêt du processus sera synonyme de l’abandon de l’exigence d’une suspension vérifiable de toutes les activités nucléaires en Iran. Cette vérification terrifie les mollahs, car en cas de vérification, le grand théâtre d’ombres et de lumières où se mêlent des vraies preuves et de fausses rumeurs devrait mettre un terme à ces représentations sensationnelles.

WWW.IRAN-RESIST.ORG



[1] Selon El Baradei | « L’Iran a poursuivi les activités dans son usine (pilote d’enrichissement de l’uranium). Il a également poursuivi la construction de l’usine (souterraine) d’enrichissement de combustible, en y installant notamment des cascades (de centrifugeuses), et a transféré de l’UF-6 sur le site. »|