7.2.07

PREMIERE DEFAITE POUR LES ULTRACONSERVATEURS EN IRAN

« En Iran, le peuple a toujours voté pour la mouvance au pouvoir. L'échec électoral du président Ahmadinejad et de son gouvernement est une véritable surprise, affirme le quotidien de Téhéran. »
(Courrier International).


18/01/07



Etemad e-melli http://www.roozna.com/



Traduction française : Courrier International N° 846 -17/1/07





Les réactions du gouvernement aux résultats des élections du vendredi 15 décembre montrent qu'il est dépassé par les événements. [Les Iraniens ont voté pour désigner leurs conseillers municipaux et les 86 membres de l'Assemblée des experts.] En effet, contrairement aux prévisions, c'est l'ancien président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani [président du Conseil de discernement de l'intérêt supérieur de l'Etat et vice-président du Conseil des gardiens de la Constitution] qui semble sortir grand vainqueur de l'élection à l'Assemblée des experts [instance majeure du système politique iranien, elle élit le guide suprême de la révolution]. Rafsandjani arrive premier de l'élection à Téhéran, alors que l'ayatollah Mesbah-Yazdi, proche du président Ahmadinejad, n'arrive qu'en sixième position.



Les organisateurs de l'élection pensaient que la participation serait faible et qu'ils pourraient ainsi facilement manipuler les résultats pour placer leurs pions. Malheureusement pour eux, la participation a presque atteint les 60 %. Ils étaient tellement convaincus que la fraude serait facile qu'ils n'ont même pas jugé utile de s'allier aux autres conservateurs, surtout pour gagner la mairie de Téhéran, un projet dans lequel le président iranien [maire de Téhéran de 2003 à 2005] s'est beaucoup investi. Le gouvernement a même payé les frais de campagne de la liste menée par la soeur d'Ahmadinejad. Beaucoup ont d'ailleurs critiqué cette participation d'un proche du président à l'élection.



Ces élections représentent un échec très important pour le gouvernement. L'erreur des conservateurs a été de penser que les réformateurs ne seraient pas capables de s'unir. Mais, grâce à l'intelligence de Mohammad Khatami [président de 1997 à 2005, réformateur], à la bonne volonté d'Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, et surtout à la diplomatie de Mehdi Karroubi [candidat réformateur arrivé troisième à l'élection présidentielle de 2005], la page des divisions internes a été tournée. Tout pousse à croire que le gouvernement a été très choqué par la décision du peuple, car c'est une situation inédite. Que ce soit sous la présidence d'Ali Khamenei [1981-1989], de Rafsandjani [1989-1997], le peuple vote toujours pour la mouvance au pouvoir lors des élections municipales.



Aujourd'hui, le gouvernement d'Ahmadinejad se trouve face à un examen historique fondamental. Les autorités tentent de retarder la publication des résultats des élections municipales, mais ce n'est pas la bonne solution. Rien n'est plus important pour un gouvernement que de garder la confiance du peuple. On ne peut tirer aucun profit national en allant à l'encontre de la volonté du peuple. Ceux qui ont été battus doivent être capables d'accepter cette défaite. Tout le monde se souvient que, lorsqu'ils ont été battus, les réformateurs ont accepté leur défaite et l'ont révélée très vite lorsqu'ils étaient les organisateurs des élections. Le gouvernement réformateur a honorablement accepté les résultats et a abandonné le pouvoir, montrant ainsi qu'il considérait la voix du peuple comme la plus importante. C'est une leçon que le gouvernement actuel doit apprendre.



© Etemad e-melli *





* Etemad e-melli : Lancé en janvier 2006, ce journal est devenu, après la fermeture de Shargh, l'un des seuls quotidiens réformateurs du pays. Il appartient à Mehdi Karoubi, ancien président du Parlement et candidat réformateur malheureux à l’élection présidentielle de 2005. Le journal tire son nom du parti fondé en juillet 2005 par Mehdi Karoubi, Hez’be Etemad e-melli (Parti de la confiance nationale). Le quotidien, qui n’hésite pas à publier des caricatures du président iranien, revendique sa liberté de ton. Le siège du journal a été la cible, en septembre 2006, d’une attaque au cocktail Molotov. (Source : Courrier International).

http://www.courrierinternational.com/planetepresse/planeteP_notule.asp?not_id=6933



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[Texte aimablement signalé par Albert Soued, relayé par G. Brandstatter.]



Mis en ligne le 07 février 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org