8.2.07

PROCES DES CARICATURES : SOUTIEN DE SARKOZY ET HOLLANDE A PHILIPPE VAL


Procès des caricatures: soutien de Sarkozy et de Hollande à Philippe Val (Charlie Hebdo)


07/02/07



Texte repris du site Web.ifrance http://web.ifrance.com/actu/france/73626#





AFP/JACK GUEZ

L'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo publie une édition spéciale à l'occasion

de l'ouverture de son procès devant le tribunal correctionnel de Paris, le 7 février.





Deux poids lourds du monde politique français, le ministre de l'Intérieur et des Cultes, Nicolas Sarkozy, et François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste, ont apporté leur soutien, mercredi, à "Charlie Hebdo", poursuivi devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir publié des caricatures de Mahomet. Ils seront imités, jeudi, par François Bayrou.



Dans un courrier à en-tête du slogan de campagne de l'UMP, adressé à l'hebdomadaire satirique, lu à l'audience par Me Georges Kiejman, Nicolas Sarkozy s'est fait "l'interprète de ceux que l'on croque de façon irrévérencieuse mais qui l'acceptent au nom de la liberté de sourire de tout".



"Je préfère un excès de caricature à une absence de caricature", écrit M. Sarkozy, dans ce courrier qui ne sera pas pris en compte par le tribunal, parce que n'ayant pas été communiqué à toutes les parties avant d'être lu au procès.



"Charlie Hebdo" est poursuivi pour "injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion", par la Grande mosquée de Paris et l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), deux composantes du Conseil français du culte musulman (CFCM).



"Ce procès n'aurait jamais du avoir lieu", a estimé François Hollande, cité comme témoin par la défense du journal. "Il valait mieux un bon débat qu'un mauvais procès", a-t-il assuré à la barre mercredi après-midi.



Trois dessins sont en cause. La couverture du numéro du 8 février 2006, réalisée par Cabu pour "Charlie Hebdo", représentant, sous le titre "Mahomet débordé par les intégristes", un prophète soupirant: "C'est dur d'être aimé par des cons". Le deuxième représente le prophète coiffé d'un turban d'où sort la mèche d'une bombe et le troisième, Mahomet sur un nuage accueillant des terroristes leur disant: "Arrêtez, arrêtez, nous n'avons plus de vierges !".



Les deux associations reprochent au journal d'avoir pratiqué l'amalgame entre musulman et terroriste en publiant les caricatures, commandées initialement par le quotidien danois "Jyllands Posten".



Un amalgame dont s'est défendu avec vigueur Philippe Val, le directeur de la publication du journal. "Si l'on n'a plus le droit de rire des terroristes, que reste-t-il comme arme au citoyen?", s'est-il interrogé.



Selon lui, les caricatures publiées ne portent pas en elles le moindre racisme. Si tel avait été le cas, son journal, qui lutte contre toutes les formes de racisme, ne les aurait jamais publiées, a-t-il assuré.



"Lorsque la religion prétend organiser le collectif et la vie des autres, elle doit faire l'objet de critiques. Cela fait partie du jeu démocratique", a martelé Philippe Val dans une salle bondée, où le public était acquis à sa cause. "Ces dessins s'adressent à des idées, pas à des hommes, à des idées défendues par des hommes qui commettent des actes violents", a-t-il rappelé pour justifier la publication de ces dessins.



Publication dont l'élément déclencheur a été le limogeage du directeur de "France Soir" par son actionnaire principal pour avoir publié ces dessins.



Aux avocats des associations qui lui ont reproché de mettre de l'huile sur le feu en publiant les caricatures au mois de février 2006, Philippe Val a répondu que les démocraties risquaient plus en cédant au chantage des intégristes. "C'est alimenter le mépris des extrémistes que d'obéir à leurs pressions", a-t-il dit.



En février 2006, Jacques Chirac avait condamné "les provocations manifestes" pouvant blesser "les convictions religieuses".



Flemming Rose, rédacteur en chef des pages culturelles du "Jyllands Posten", a déclaré à la barre que "le droit de critiquer n'importe quelle idéologie, qu'elle soit religieuse ou culturelle, est la clé de la liberté d'expression". Ces dessins avaient pour but de montrer qu'une "fraction a pris l’islam en otage pour commettre des actes terroristes". Et de reconnaître que les excuses prononcées par le journal l'ont été "avec un revolver sur la tempe", en raison des attaques des intérêts danois dans le monde musulman.



Antoine Sfeir, spécialiste du Proche-Orient cité par "Charlie Hebdo", a déclaré que le recteur de la Grande mosquée de Paris, dont il est proche, avait eu recours à la justice "pour ne pas se faire déborder par les intégristes".



Le soutien de M. Sarkozy a déclenché la colère de certains membres du CFCM, dont le bureau s'est réuni en urgence dans la soirée.



François Bayrou, président de l'UDF et candidat à l'élection présidentielle, sera entendu jeudi après-midi. Treize témoins sont cités par "Charlie Hebdo".



La Grande mosquée de Paris et l'UOIF, auxquelles s'est jointe la Ligue islamique mondiale, demandent chacune 30.000 euros de dommages et intérêts.




Web.ifrance



Mis en ligne le 07 février 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org