7.3.07

LE MONDE DIPLO NE VOIT QUE CE QU'IL CROIT



A. Rubin et L. Messika
Il faut être reconnaissant à Alain Rubin et à Liliane Messika d'avoir magistralement su dévoiler les ressorts de la lecture 'particulière', que fait le "Monde diplomatique", d'un fait de politique intérieure israélienne, et les 'leçons' qu'il en tire pour instruire - à charge, bien entendu - l'interminable procès kafkaïen fait à Israël par ses ennemis idéologiques irrédentistes. Voici un article qui mériterait de figurer dans toutes les revues de presse, tant il unit aux qualités de rédaction la connaissance intime de la genèse du retour d'une importante partie du peuple juif sur une portion de son antique patrie, et le rejet pathologique dont il est l'objet de la part du monde arabe, en général, et de celle des Arabes de Palestine, en particulier. A lire et relire attentivement, et à diffuser largement.
(Menahem Macina)


2 mars 2007


A Jérusalem, le Monde Diplo souffre de cécité partielle et partiale.

Le parti Meretz a obtenu d’un tribunal israélien l’expulsion de familles juives habitant un immeuble construit dans la vieille ville de Jérusalem. Le tribunal a aussi décidé l’obstruction des accès de l’immeuble donnant sur le village arabe de Silwan.

Pourquoi avoir demandé l’expulsion de ces familles et quels arguments juridiques et/ou politiques ont convaincu le tribunal de la décider ?

Pratiquement au moment où le tribunal israélien rendait son jugement, le numéro de février du Monde diplomatique paraît qui, le fait est assez rare pour être souligné, a donné lieu à une large publicité dans le métro parisien.

Compte tenu des tarifs prohibitifs de la RATP en matière d’affichage, il y a peu de chances que le choix du numéro emblématique figurant sur les murs de Paris ait été effectué par hasard.

De fait, il reflète bien la ligne éditoriale du mensuel, une ligne qui a tout à voir avec l’idéologie et peu (voire rien) avec l’information. En l’espèce, on peut même parler de symbole puisque trois pages entières y sont consacrées à l’obsession quasi paranoïaque de son comité éditorial : « l’annexion israélienne » de Jérusalem Est. Une annexion qui, d’après la rédaction du mensuel, « exprime une politique globale de discrimination qui constitue le sixième et dernier instrument de l’hégémonie d’Israël ».

Ce sixième pilier étant bien sur précédé de cinq autres, le quatrième se caractériserait par « l’infiltration de la vieille ville et du ‘bassin sacré’ … récupération d’anciens biens juifs, confiscation en vertu de la loi des absents et achats via des collaborateurs se multiplient… »

Quel délit « d’hégémonie colonialiste » avaient commis les familles juives qui doivent être expulsées dans les deux mois par décision d’un autre pilier de l’hégémonie d’Israël, sur lequel le long article du mensuel reste muet : les tribunaux ?

Ont-elles récupéré d’anciens biens juifs abandonnés en 1948 à la suite de l’expulsion générale des Juifs de la vieille ville et de ses faubourgs orientaux par la légion arabe jordanienne commandée par l’Anglais Glubb Pacha ?

Ont-elles occupé des biens laissés vacants par des précédents habitants non juifs de Jérusalem ? Ont-elles réalisé une acquisition « via des collaborateurs » ?

« Via des collaborateurs »… Un journal de langue française ne peut ignorer la connotation de cette expression. Ainsi donc, pour le Monde Diplo, un non-Juif qui vend un bien à un Israélien juif ne mérite que les tribunaux d’épuration de la part de ses concitoyens non juifs ? La formule n’est-elle pas, en soi, un appel au meurtre, une justification, par avance, d’actions sanglantes contre ces Palestiniens indignes ?

On voit, avec ce tout récent jugement israélien, comment se déclinent dans les faits, au quotidien, les six piliers de « l’annexion juive » de la vieille ville et de la banlieue-est de la capitale d’Israël. Qui serait déjà également celle du futur Etat palestinien si Arafat avait accepté [cette proposition de Barak. NDLR d'upjf.org], en juillet 2000.

Qu’importe au mensuel parisien, adepte de la théorie de l’annexion, envers et contre tout, l’expulsion de familles juives par décision d’un tribunal israélien s’opposant à « l’infiltration » de la vieille ville par des Juifs !

Qu’importe aussi l’histoire, du moment qu’on peut accuser de colonialisme le bastion-de-l’impérialisme-américain-au-Proche-Orient ! Récupérer (en les rachetant ou en les louant) des biens juifs abandonnés, dans une ville où les Juifs étaient majoritaires (1) depuis 1840 (selon le recensement ottoman de l’époque) ? Colonialisme !

Surtout quand cela passe par l’utilisation (fourbe) d’inconscients Palestiniens, de « collaborateurs », voire d’intermédiaires étrangers (qui, s’ils avaient gardé ces biens pour leur usage personnel, ne seraient pas devenus pour autant d’odieux colonialistes).


Analyse de texte

Pour les étudiants du CFJ (centre de formation des journalistes) qui rêvent de signer un jour un papier dans un prestigieux quotidien de référence, voire dans son émanation mensuelle, nous suggérons un exercice à partir de l’article « Comment Israël confisque Jérusalem-est » du Monde Diplo, et notamment ces quelques lignes : « Le plan de partage onusien de 1947 avait doté la ville d’un « régime international particulier » qui demeure, en 2007, son statut mondialement reconnu. Mais la guerre déboucha sur sa division entre la Jordanie et Israël, lequel installa sa capitale dans la partie occidentale avant de s’emparer, en 1967, de la partie orientale et de l’annexer. »


Exercice


1. En quoi consiste la décision de partage de l’ONU sur la Palestine mandataire ?

Réponse (à vérifier dans les documents officiels de l’ONU et les journaux de l’époque) : La résolution 181 de l'Assemblée Générale des Nations Unies, votée lors de la 128ème session plénière, le 29 novembre 1947, décida du partage de la Palestine en deux Etats, l’un juif et l’autre arabe. L’Etat des Juifs comprenait la plupart des terres qu’ils avaient achetées à prix d’or aux Arabes et sur lesquelles ils représentaient la majorité des habitants, les Arabes recevant les autres et Jérusalem restant un « corpus separatum » bénéficiant d'un régime international particulier administré par les Nations Unies.

2. Recherchez par qui fut accepté et par qui fut refusé ce plan de partage.

Réponse (à vérifier dans les documents officiels de l’ONU et les journaux de l’époque) : Le Ichouv (peuplement juif qui allait devenir l’Etat d’Israël) accepta le partage, tout en soulignant que la part qui lui revenait était très insatisfaisante au regard de la surface originellement prévue, qui comprenait la Jordanie (76 000 km2, soit les trois-quarts des 98 000 km2 d’origine), soustraite au partage par la Grande-Bretagne.

La coalition des Etats arabes, parlant en lieu et place des « Arabes de Palestine » (leur nom officiel de l’époque), rejeta le plan de partage sans contre-proposition.

3. Qui déclencha la guerre dès que fut déclarée l’indépendance d’Israël ?

Réponse (à vérifier, etc.) : Le 12 décembre 1947, les Arabes réunis au Caire avaient refusé le plan de partage. Ils décidèrent d’équiper « une armée de 3.000 hommes pour prêter main-forte aux nationalistes. »

Le 14 mai 1948, le dernier commissaire britannique quittait la Palestine, mettant définitivement fin à trente années de présence britannique. Au même moment Ben-Gourion proclamait l’indépendance du nouvel Etat juif. Le lendemain, les armées de l’Egypte, de la Syrie, du Liban, de la Transjordanie, de l’Arabie Saoudite et de l’Irak attaquèrent Israël. Aussitôt, Azzam Pacha, secrétaire général de la Ligue Arabe, déclara à la BBC : « Ce sera une monumentale guerre d’extermination qui restera dans l’histoire comme les massacres des Mongols et les Croisades ».

Cette guerre, perdue par les coalisés, se solda, le 29 novembre 1947, par la signature d’une convention d’armistice (qui ne sera jamais signée par l’Irak) et non d’un traité de paix, statuant sur le tracé d’une ligne de démarcation d’armistice (et non d’une frontière) et par l'émergence du problème des réfugiés qui n'est toujours pas résolu (2).

4. Quelles furent les conséquences de cette guerre sur Jérusalem ?

Réponse (à vérifier, etc., etc.) : En 1948, avant l’indépendance d’Israël, les Juifs représentaient 61% de la population totale de la ville. Après la guerre, Jérusalem fut coupée en deux : une partie, peuplée de 70 000 habitants à 99% juifs, devint israélienne et l’autre partie, qui comprenait la vieille ville et tous les lieux saints juifs, fut annexée par les Jordaniens avec ses 46 000 habitants, tous arabes.

De 1948 jusqu’à la fin de la guerre des Six-jours (1967), il fut strictement interdit aux Juifs d’approcher leurs lieux saints, sauf une fois par an, le jour anniversaire de la destruction successive des deux Temples (9 Av du calendrier juif).

5. Israël est-il un fait colonial ?

« Le colonialisme est une doctrine qui vise à la légitimation de l’occupation d’un territoire ou d’un Etat, à sa domination politique et à son exploitation économique par un Etat étranger. » (Petit Larousse).

La seule occupation, domination politique, exploitation économique de la Palestine par un Etat étranger répondant ainsi à la définition du colonialisme est celle de l’Etat turc, de 1517 à 1917, jusqu’à l’octroi du mandat britannique.

L’arrivée des Juifs en Palestine n’est pas assimilable à l’occupation d’un territoire ou d’un Etat par un Etat étranger : des groupes d’individus isolés sont revenus sur une terre avec laquelle leur peuple avait entretenu un rapport permanent pendant 2000 ans d’exil.

La société des Nations, au moment de l’octroi du mandat britannique sur la Palestine, puis l’ONU quand a été approuvé le plan de partage, ont l’une et l’autre clairement reconnu le droit légitime du peuple Juif sur cette terre.

Dès lors, décréter que la création de l’Etat d’Israël procède du colonialisme est une absurdité sémantique contraire à l’histoire.

« Les Anglais ne sont pas originaires du Soudan, ni les Français de Tunisie. Mais les Juifs avaient leur histoire, leur langue, leurs aspirations enracinées en Terre Sainte… Leurs charrues, leurs pioches, leurs bulldozers mettaient à jour les vestiges de leur présence passée dans ce pays (… ) Les sionistes renouaient avec eux-mêmes. Ils ne venaient ni fonder des comptoirs, ni implanter des fortins en terre étrangère. (…) Ce n'est pas arbitrairement qu'ils appelaient leurs villages et leurs villes Tel-Aviv, Kiriat Arba, Beit Shean. Ces lieux avaient existé aux temps bibliques, certains comme Jérusalem, sans interruption. » (3)



Le Monde Diplo sélectionne les témoignages

Le Monde Diplomatique se fiche de l’histoire comme de la géographie : il fait figurer le village de Silwan sur la carte illustrant l’annexion israélienne, Le Bassin de Silwan (en hébreu, Shiloam, « envoyé », et en français Siloé) est mentionné dans la Bible et dans le Nouveau Testament : c'est le bassin d’Ezéchias et l'endroit où Jésus guérit un aveugle de naissance, selon l’Evangile de Jean.

Le bassin actuel est situé dans le district de Silwan à Jérusalem, juste au sud et en dehors des murs d'enceinte de la Vieille Ville, dans la portion inférieure de la cité de Jérusalem du temps du Royaume de Juda. En août 2005, des archéologues y découvrirent un bassin datant de la période du Second Temple.

Et alors ? De la même façon que le Monde Diplo n’évoque jamais le « Mont du Temple », premier lieu saint plurimillénaire des Juifs, mais « l’esplanade des mosquées », troisième lieu saint de l’islam, il classe Silwam (et non Shiloam, voire Siloé) dans les annexions israéliennes de terres palestiniennes.

Et s’il donne la parole à des Israéliens, il les sélectionne parmi les « alterjuifs », les suicidaires adeptes d’un Etat binational où les Juifs seraient en minorité parmi les Arabes. Comme dans les pays voisins ? Non : il n’y a plus de Juifs dans les pays arabo-musulmans, ils ont tous été tués ou expulsés.

Pas un mot non plus sur le procès expulsant de la Vieille Ville les habitants d’un immeuble de 7 étages : ce qui ne va pas dans le sens de la diabolisation d’Israël ne trouve pas de place dans les colonnes du Monde Diplo. Ou alors, c'est transformé de manière à s’inscrire dans le cadre étroit de son idéologie.

C’est ainsi que le « bloc de colonies du Goush Etzion » est mentionné dans la liste des turpitudes colonialistes israéliennes participant de l’annexion de Jérusalem-Est.

Les lecteurs du mensuel doivent donc ignorer que ce « bloc de colonies » est une renaissance des anciens kibboutzim de Kfar Etzion, dont les terrains avaient été achetés en bonne et due forme à leurs propriétaires légaux à l’époque du Yichouv, sans entraîner une seule expulsion de fellah.

Ces kibboutzim (exploitations agricoles communautaires qui, en tant que telles, devraient être chères au cœur profondément communiste du Monde diplo) (4) furent pris d’assaut et tous leurs habitants fusillés par les soldats de la force inter-arabe, au printemps 1948.

Il s’agissait de représailles, expliqua-t-on, pour la mort d’une partie des habitants du village de Deïr Yassin, tués au cours des combats par des hommes du groupe Stern.

Les fusillades et les exécutions sommaires de Deïr Yassin furent condamnées par la quasi-totalité des organisations sionistes et juives non sionistes. Par contre, le massacre des habitants (hommes et femmes) des kibboutzim de Kfar Etzion qui s’étaient rendus à la force inter-arabe supérieure en nombre et en armement [1], reste à ce jour un haut fait d’arme contre « l’entité sioniste ».

On ne peut s’étonner que soit célébrée abondamment une victoire « arabe » et « musulmane » contre les Juifs, car ceux-ci sont présentés dans les médias arabes comme « des fils de singes et des fils de porcs… qu’il convient de tuer… ».

C’est textuellement la déclaration qu’a fait réciter une télévision égyptienne à une fillette de trois ans et demi, présentée par la journaliste voilée, comme le modèle de ce que doivent être « tous les véritables musulmans, enfants et adultes » [2].

Il ne s’agirait pas non plus que les Diplo-lecteurs confrontent « Israël selon le Monde diplo » avec la décision des autorités hiérosolomytaines d’effectuer certains travaux de sécurité dans le secteur du Mur des Lamentations [3], où la construction d’une mosquée supplémentaire met en péril les vestiges de l’époque de Salomon [4].

Si cela montre Israël sous l’aspect d’un pays colonialiste et nazi, c’est dans le Monde Diplomatique. Sinon, ce n’est pas de l’info, car le Monde Diplomatique, c’est l’objectivité faite journal.

La preuve ? Une initiative organisée, de 2003 à 2006, conjointement par l'Association France-Palestine-Solidarité et les Amis du Monde Diplomatique, rassemblant « Leila Shahid, Déléguée Générale de Palestine en France, Dominique Vidal, rédacteur en chef adjoint du Monde Diplomatique et Michel Warschawski, militant pacifiste et anti-colonialiste israélien, pour une tournée des villes et des banlieues », où ils portent la bonne parole contre « l’occupant israélien ».

Une initiative soutenue notamment par le Collectif des Musulmans de France, les Verts Nord-Pas de Calais, le Parti Socialiste de Roubaix, le Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens, le Comité du nord des Indigènes de la République, Renaissance Communiste, le PCF, la LCR, la Coordination Communiste, etc.

Pour en revenir à la décision du tribunal israélien vis-à-vis des familles juives, elle montre qu’à Jérusalem, il existe une dualité de pouvoir entre un exécutif israélien élu et un organe religieux musulman, le Waqf, dont une majorité des membres a été nommée par Arafat lui-même.


Annexion de Jérusalem-est ? Vous avez dit annexion ?

Le Monde Diplo a dit annexion. Pour imaginer qu’il sort de son rôle d’organe d’information et prend parti, il faudrait être de mauvaise foi ! Un point de vue, fût-il engagé, n’est pas un crime, même pour un organe de presse, sauf à l’imposer coûte que coûte, en déformant la réalité et en masquant les aspects qui le dérangent ou le démentent.

Ardent combattant de l’information libre et de la cause des peuples, le Monde diplomatique consacrera-t-il trois pages d’un prochain numéro à la visite du candidat führer iranien au dictateur soudanais ?

Mais ne considère-t-il pas deux millions et demi de personnes chassées de chez elles et deux cent mille civils tués au Soudan comme le prix à payer pour un juste combat anti-impérialiste ?

Après tout, il faut bien que se mènent les opérations armées qui unissent, en un front unique contre les impies et les impérialistes, les sunnites d’Al Qaïda et les Chiites de l’école de Khomeiny !


Alain Rubin et Liliane Messika

Notes

(1) Jérusalem, au milieu du XIXe siècle, était un gros bourg endormi d’un peu plus de 20 000 habitants, en majorité des Juifs, toujours dhimmis et donc « protégés », au sens du pacte d’Omar, par les autorités ottomanes. En 1834, l’attaque de Safed, ville exclusivement juive de 4000 habitants près de la frontière avec l’actuel Liban, montre ce qu’il en était de la protection des dhimmis juifs. Une bande menée par un fanatique (ancêtre des réseaux islamistes actuels), détroussa l’ensemble des habitants de toutes leurs possessions en échange de leur vie. Beaucoup de ces Juifs descendaient des Séfarades contraints de quitter l’Espagne en 1492 et venus vivre dans cette partie d’Israël, où ils avaient ramené de séculaires rouleaux de la Tora qui furent détruits par les nervis du Mufti Husseiny lors du grand pogrome d’août 1929. Ces pogromes avaient pris la forme de massacres de civils désarmés qui n’étaient pas moins autochtones que leurs assassins. Dans son livre de reportage « le Juif errant est arrivé », publié peu après, Albert Londres relate ces événements : « C’est ce que l’on appelle un mouvement national !? » (Réédité en 1998 dans la collection Motifs par les éditions Alphée).

(2) L’article V précise : « 1. La ligne définie à l'article VI de la présente Convention sera appelée ligne de démarcation de l'armistice ; son tracé répond aux buts et aux intentions des résolutions du Conseil de Sécurité des 4 et 16 novembre 1948. 2. La ligne de démarcation ne doit nullement être considérée comme une frontière politique ou territoriale : elle est tracée sans préjudice des droits, revendications et positions des deux Parties au moment de l'armistice en ce qui concerne le règlement définitif de la question palestinienne. »

(3) Paul Giniewski, L’Antisionisme, Ed. Librairie encyclopédique, Bruxelles 1973.

(4) Les communes agraires juives formées par le Yichouv, vers la fin du XIXe siècle, ont été principalement inspirées par les idéaux du socialisme agraire russe des années 1880. Elles furent fondées et animées par des Juifs qui avaient été des sympathisants ou des membres de différents courants du populisme russe de Narodnaïa Volia (la « Volonté du peuple ») et du « Partage noir », puis, plus tard, par des Juifs ayant fréquenté les organisations marxistes de l’empire tsariste, le Bund, le POSDR, et les groupes du Poalé Tzion. Pour mémoire, le fondateur du marxisme en Russie, Georges Plekhanov, a commencé sa vie de militant socialiste au « Partage noir ».

© Primo-Europe

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Notes de la Rédaction d’upjf.org



[1] A ce sujet, voir l’article émouvant de Françoise Germain-Robin, paru dans L’Humanité (!) du 14 mai 1998, sous le titre "La prise de Gush Etzion". On y lit, entre autres, ce passage instructif qu’aurait dû méditer le rédacteur de l’article du Monde Diplomatique (les mises en grasses sont de la Rédaction d’upjf.org) :

« Depuis longtemps, le Fonds national juif achetait des terres aux Arabes et les redistribuait aux diverses tendances du mouvement sioniste. Normalement, Gush Etzion était destiné aux religieux, mais ils étaient trop peu nombreux et, compte tenu du partage qui s’annonçait, il fallait d’urgence coloniser les terres achetées. On a donc demandé au Hartzi, la tendance la plus à gauche du mouvement sioniste, d’envoyer d’urgence des colons. Le 11 février 1947, 55 jeunes du kibboutz Revadim sont donc venus coloniser Gush Etzion. "Au début, nous nous sommes installés sur des terres non discutées, qui devaient revenir à Israël. Dès le lendemain, les responsables de l’agence juive sont arrivés pour nous dire : 'Ça ne nous intéresse pas que vous vous installiez là. Il faut occuper les terres qui seront contestées'. On nous a demandé d’installer le kibboutz sur une colline pierreuse, qui ne nous intéressait pas du tout, car elle était aride et sans eau, alors que la nôtre était cultivable. Après discussion, on a accepté un compromis : on a construit un toit sur la colline contestée - ce qui suffisait, selon la loi turque, à marquer la propriété. Sur le moment, les Arabes n’ont fait aucune difficulté. Ils nous ont pris pour des idiots, se demandant ce qu’on voulait faire de ce tas de pierres. Puis, l’agence juive nous a ordonné de commencer les cultures : toujours selon la loi turque, cultiver une terre trois saisons de suite vous donnait droit de propriété. Les Arabes aussi connaissaient la loi. Quand ils nous ont vu arriver avec nos mulets et nos charrues, ils sont venus par milliers pour nous empêcher. On s’est battus, les Britanniques nous ont séparés, on a négocié et on a finalement payé pour garder la terre. Après cela, jusqu’au plan de partage, on a eu de bonnes relations avec les Arabes du village de Nalhin, à qui on avait acheté les terres."

[2] Voir : " « Les Juifs sont des singes et des porcs »: une musulmane de 3 ans à la TV ".

[3] Lire à ce sujet l’article séminal de Mark Ami-El, "La destruction des antiquités sur le Mont du temple". Extrait (les mises en grasses sont de la Rédaction d’upjf.org) :
« En 1996, les autorités palestiniennes ont changé le statu quo admis qui avait été préservé durant des générations, et ont transformé deux structures souterraines de la période du Second Temple en une nouvelle grande mosquée. Les deux structures, connues sous le nom d’"Ecuries de Salomon" et de "Corridor Oriental de la Porte de Hulda" n’avaient jamais été des mosquées auparavant. La nouvelle mosquée couvre une zone de 1,5 acres et est devenue la plus grande mosquée d’Israël, capable d’accueillir 10.000 personnes. En 1997, une autre structure souterraine de la période du Second Temple, connue sous le nom de Corridor Oriental de la Porte de Hulda, a été transformée en une nouvelle mosquée. En novembre 1999, les Autorités islamiques ont ouvert ce qu’ils ont appelé "une issue de secours" pour la nouvelle mosquée. Après trois jours et trois nuits, "l’issue" s’était transformée en une cavité béante d’une surface de 59 000 m2 et d’une profondeur de 118 m. Des milliers de tonnes du contenu antique du site, trouvées ensuite par des archéologues israéliens et contenant des objets remontant jusqu’à la période du 1er Temple, ont été déversées dans la Vallée du Cédron. En février et mars 2001, une ancienne structure en arc adossée au mur oriental de l’enceinte du Mont du Temple a été rasée par des bulldozers pour permettre d’élargir "l’issue de secours" de la nouvelle mosquée des Ecuries de Salomon. En outre, sans aucune supervision archéologique, environ 6000 m2 du niveau de surface du Mont du Temple ont été nivelés par des tracteurs, pavés et déclarés mosquées ouvertes. L’ancien responsable de la direction des Antiquités a qualifié cette action de "crime archéologique". Aucun officiel israélien n’a vu le moindre plan, ou n’a imposé la moindre restriction au travail en cours. »
[4] A ce sujet lire l'article de R. Ginsberg, "La réappropriation de la Jérusalem biblique", dont voici un bref extrait :
"En sa qualité de porte-parole du Comité Contre le Saccage des Antiquités du Mont du Temple, Mazar a tenté, au cours des six dernières années, d’informer l’opinion mondiale du vandalisme perpétré par le Waqf musulman, dont le but spécifique est de détruire tout vestige ou preuve d’une souveraineté juive sur Jérusalem, et qui n’a cessé de nier qu’il y ait jamais eu ni premier ni deuxième Temples sur ce site. Selon les accords conclus entre le gouvernement israélien et le Waqf, auquel les Israéliens ont remis le contrôle du Mont du Temple, en 1967, les Arabes n’ont pas le droit d’y entreprendre de travaux sans l’autorisation du Département Israélien des Antiquités. Au fil des années, toutefois, on a pu constater que le Waqf enfreint ce statu quo, notamment lorsque ses gens ont condamné les antiques portes de Hulda, qui donnaient accès au Mont du Temple, du côté sud du mur, et enseveli les marches contiguës et le pavement ancien, ou lorsqu’ils ont obstrué l’accès à une citerne souterraine, dont certains rabbins pensent qu’elle pourrait mener aux fondations du Temple. La violation la plus grave a été découverte en 1999, lorsque le Waqf passa au bulldozer plus de 6000 mètres carrés de l’ancienne esplanade du Temple et la recouvrit d’un pavement. Tous les vestiges du Mont du Temple furent arrachés et déversés secrètement en différents endroits de Jérusalem, essentiellement dans la vallée du Cédron, à l’est de la Vieille Ville, et également dans une décharge municipale. Plus d’une centaine de camions enlevèrent ainsi clandestinement des gravats, de la terre et des artefacts. Tzahi Zweig, alors étudiant en maîtrise d’archéologie à l’Université Bar Ilan, répandit le bruit de ces méfaits du Waqf, lorsqu’il eut découvert des monceaux de fragments provenant du Mont du Temple, entassés aux alentours de Jérusalem. Il présenta ensuite, lors d’une conférence d’archéologie à l’Université, quelques-uns des fragments qu’il y avait découverts. Sous la supervision de son maître, le professeur Gabriel Barkay, des dizaines de camions de "gravats" furent transférés dans un emplacement situé près du Mont Scopus, où des équipes d’archéologues et de volontaires continuent, jusqu’à ce jour, à découvrir d’énormes quantités d’artefacts importants datant des périodes du premier et du deuxième Temples."

Mis en ligne le 07 mars 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org