3.3.07

UNE CROISADE XENOPHOBE ?

“Believe in any stone you like, as long as you do not throw it at me...Croyez en toute pierre que vous voulez, à condition de ne pas me la jeter” (Wafa Sultan)

Les lignes de front ont décidément changé. Pour preuve, l'article de Libération paru le 16.02.07, p.8) qui va jusqu'à déplacer allègrement les repères sémantiques. On croyait que la xénophobie désignait l'hostilité aux étrangers.

Erreur...

On lit en effet en gros titre qu'un village québécois, Hérouxville, s'est lancé dans une "croisade xénophobe". Diantre !

On a aussitôt envie d'en savoir plus : nos cousins de la Belle Province cèdent-ils à leur tour, comme en Pologne ou en Roumanie, aux sirènes racistes ? On jette un oeil au sous-titre : le village a adopté un code "discriminant les musulmans".

On se dit alors qu'il y a des gens à Libé pour qui le mot "xénophobe" ne définit plus l'hostilité aux étrangers mais aux adeptes d'une religion. Le glissement de sens est d'autant plus considérable qu'il sous-entend automatiquement que "musulman" désigne une catégorie nationale ou ethnique.

Dépassés, les mollahs iraniens qui avaient inventé la notion d'islamophobie pour discréditer les ennemis de leur régime fondamentaliste : à Libé on a poussé le bouchon un peu plus loin en décrétant que "anti-musulman = xénophobe". Voilà un raisonnement qui va faire très plaisir à ceux qui estiment qu'être anti-orthodoxe c'est être anti-Russe, ou qu'être contre le catholicisme c'est être anti-Polonais.

Cela dit, on a quand même envie d'en savoir plus sur cette "croisade xénophobe" anti-musulmans à Hérouxville. Masque-t-elle une discrimination contre les Arabes ?

A la lecture de l'article on découvre que le conseil municipal du patelin avait adopté un "code de vie" interdisant notamment lapidation, excision et port du voile intégral.

On cherche la suite de ce qui fait la "croisade" : magasins interdits aux arabes, euh, pardon, aux musulmans, refus d'implantation d'une mosquée, interdiction du port du voile ?

Eh bien il n'y a rien d'autre que ce "code de vie" et ses interdits cités plus haut. Même pas d'ailleurs, car jugés trop provocateurs, les interdictions de lapidation et d'excision ont été retirés du fameux code.

Quelle sacrée croisade, dites donc !

A la lecture de l'article, on note que, certes, les gens d'Hérouxville ne sont pas exactement ce qu'il y a de plus accueillant à la diversité du monde, dont ils refusent qu'elle chamboule leur "culture québecoise". On subodore un état d'esprit un peu rance, crispé sur le terroir.

Mais que dit le conseiller municipal qui a lancé le "code de vie" ?

Qu'il voulait s'opposer à des projets d'horaires de piscines séparés pour les hommes et pour les femmes et à l'installation, dans les clubs de gym, de vitres teintées dissimulant à la vue des hommes les femmes en tenue de sport.

Alors c'est ça le croisé en chef ? C'est ça la manifestation de sa "xénophobie" ?

La journaliste, tout à son noble combat contre les suprématistes québecois d'Hérouxville, espérait trouver un allié dans un prof noir vivant depuis 30 dans le village dont il fut 8 ans conseiller municipal. Mais comme le malheureux a le tort de justifier, en prenant d'ailleurs des précautions, la démarche des édiles locaux, elle se doit de discréditer son opinion ; elle nous le présente comme "l'immigré de service".

Pensez donc, il ne peut être qu'un Oncle Tom, ce vendu au mode de vie occidental où les femmes se promènent cheveux au vent et choquent la pudeur des hommes avec leurs impudiques maillots de bain.

En résumé, si on a bien compris le papier, ses titre et sous-titre, sauf à être désormais taxé de xénophobie il faut accueillir à bras ouverts les moeurs oppressives moyennageuses véhiculées par une minorité d'immigrants de culture musulmane.

On est là en terrain connu : celui balisé par les théoriciens du "féminisme islamique", qui, à l'instar de Christine Delphy et de son compère Tariq Ramadan, ne sont pas loin de voir des fascistes (ou à tout le moins des néo-colonialistes) derrière les militantes restées fidèles aux principes émancipateurs du MLF.

Mais que nos camarades islamo-révolutionnaires se rassurent, ils ne sont pas seuls : le gouvernement suisse, bien connu pour ses vieilles traditions subversives, vient de se prononcer contre l'interdiction du port de la burqua dans les lieux publics (Libé du 17.2.07, brêve minuscule tout en bas de la p.8).

Merci Petit Jésus (protestant), les femmes afghanes savent qu'elles ont des alliés non xénophobes au coeur de l'Europe.

Bernard Schalscha

Extraits de l'article "La croisade xénophobe d'un village québécois"
En janvier, Hérouxville adoptait un code discriminant les musulmans.

Par Emmanuelle LANGLOIS, Libération, vendredi 16 février 2007, Hérouxville envoyée spéciale

Le «code de vie» adopté fin janvier par le village interdisait lapidation et excision. Depuis, tout le Québec avait les yeux fixés sur Hérouxville, un bled de 1 338 habitants, à 160 km au nord-est de Montréal. En adoptant cette résolution, le conseil municipal voulait avertir les immigrants tentés de s'établir dans leur bourgade que la tolérance canadienne avait des limites. Devant les protestations, Hérouxville a retiré la lapidation et l'excision de sa liste, mais a maintenu tout le reste des interdits, comme le port du voile intégral... «Il y avait des gens qui nous avaient dit qu'il y avait des mots prétendument "offusquants", alors on les a enlevés, mais on ne change rien au sens du projet», a déclaré le conseiller municipal André Drouin, à l'origine de l'initiative.
Racisme.

Celle-ci intervient en plein débat sur les «accommodements raisonnables». En vertu de la Charte des droits et libertés, tout Québécois présentant des besoins particuliers se voit juridiquement assuré qu'il pourra être satisfait. Les personnes handicapées sont les premières à bénéficier de cette loi. Les communautés immigrées en profitent aussi. Les jeunes sikhs ont ainsi obtenu le droit de porter leur kirpan (un couteau, symbole religieux) à l'école, et les musulmanes qui refusent d'être auscultées par des médecins de sexe masculin dans les hôpitaux sont dirigées vers leurs consoeurs. Une tolérance que certains jugent excessive. Notamment à Hérouxville, qui ne compte qu'une poignée d'immigrés.

«Depuis plusieurs mois, nous entendons parler d'accommodements qui permettent à des femmes de se voir réserver des plages horaires à la piscine pour qu'elles n'y croisent aucun homme ou qui forcent des clubs de gym à installer des vitres teintées pour que la vue de femmes en tenues de sport ne choque pas une communauté religieuse», dénonce André Drouin .

Taxé de racisme et de xénophobie, il réfute ces accusations. «Bien sûr, nous avons voulu choquer en parlant de lapidation ou d'excision, mais il était temps que quelqu'un mette ses culottes et regarde plus loin que le bout de son nez. Si on s'adapte à tous les nouveaux immigrants, qu'adviendra-t-il de notre culture québécoise dans dix ou vingt ans ?» insiste-t-il, affirmant être soutenu par toute la population.

La suite de l'article d'Emmanuelle Langlois sur Libération
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Auteur : Bernard Schalscha
Date d'enregistrement : 02-03-2007