17.12.07

CONTROLE TECHNIQUE

Un parallélisme défectueux peut s’avérer très dangereux pour un véhicule. Sauf bien sûr s’il est à l’arrêt.

Mais Sarkozy est en ce moment en pleine accélération. Le candidat de la rupture les accumoncelle avec une ferveur qui n’est pas sans rappeler le zèle des nouveaux convertis.

Courbettes en Chine, accolade pour Chavez et tralalas pour Kadhafi. N’en jetez plus !

Cependant, sur le plan de la servilité envers les dictateurs, la Gauche gagnerait à plus de discrétion. De son temps, la realpolitik était tout aussi soigneusement entretenue. Ce qui amena plusieurs de ses dirigeants à fréquenter de luxueuses datchas sur les bords de la Mer Noire, se goinfrant de caviar récolté la veille par d’humbles pêcheurs aux doigts glacés par le froid.

Les actuels cris de vierges effarouchées ne tromperont personne, pas mêmes les nouveaux adhérents du PS. En France, il est facile de critiquer la politique du gouvernement lorsque l’on est opposant. On ne risque pas grand-chose, sinon des voix aux prochaines élections.

Mais cette Gauche jure qu’elle condamne au nom des principes. Les Français font semblant de le croire, histoire de ne pas gâcher leurs fêtes de Noël. Le champagne, s’il rend euphorique, n’est pas connu pour améliorer la mémoire.

Les 100 limousines et les 400 accompagnateurs (trices) du dictateur libyen, la tente plantée dans les jardins de l’hôtel particulier réservé aux chefs d’Etat, les propos aigre-doux devant un Pujadas paralysé devant tant d’aplomb (20h de France 2, mercredi), rien n’a assombri la jovialité du Président Sarkozy, tout occupé à «aller chercher le point de croissance, avec les dents, s’il le faut» (sic).

Fort bien ! Pourvu que ça rapporte, personne n’ira lui chercher noise s’il gagne son pari.

Dans ces activités «étrangères», reste le voyage en Algérie qui a été, lui, ponctué de trop de calculs pour ne pas tenir notre Président comptable du lien social en France.

Caroline Fourest le rappelle avec intelligence. La concession faite aux islamophiles internationaux, au rang desquels se trouvent tant de dictateurs, de parvenus, de couards, de militants d’extrême-droite et d’extrême-gauche, de Verts et d’UMP, réunis en une improbable Internationale du mépris, a été et restera l’une des premières fautes majeures de ce quinquennat.

Il faut donc ici condamner sans ambages les propos de Sarkozy qui appelle à lutter contre le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie.

Tant qu’il le restera possible, il faut continuer à affirmer le droit de ne pas se pâmer d’admiration devant Mahomet si le cœur nous en dit. Les musulmans doivent accepter de vivre dans une société qui critique leur religion, même si cela leur fait mal.

Ils doivent l’accepter, non parce qu’il est bon d’avoir mal, mais parce que le lien social exige la liberté d’expression et cette capacité - si ce n'est cette volonté - à se remettre en question.

Le terme même d'islamophobie entretient à dessein une confusion grossière entre une religion, croyance spécifique, et les fidèles qui la pratiquent, quelles que soient leur couleur de peau et leur origine ethnique.

Cette distinction entre racisme et islamophobie permettrait, si elle était tolérée par les musulmans eux-mêmes, un meilleur essor de leur vie intellectuelle.

Il n’est pas raciste de révéler que l’ensemble des pays musulmans a traduit moins de livres en 2005 que la seule Espagne. Lorsque l’on est si peu ouvert au monde, il n’y a aucune chance de voir se pratiquer une vertu telle que la tolérance.

Il n’est pas raciste de dire que l’Europe, parce qu’elle a payé assez cher le prix du respect, ne peut plus accepter, au sein de ses cités, la polygamie, l’excision, la soumission de la femme et la peine de mort pour ceux des musulmans qui revendiquent le droit à l’indifférence religieuse.

Les Français n’ont pas souffert de l’Inquisition, des conversions forcées, des massacres et de la pensée unique catholique pour se courber maintenant devant un autre totalitarisme.

Tel que le contrat social existe, «dans son imperfection, il n’est pas négociable. Nous n’allons pas reléguer les femmes au foyer, couvrir leurs têtes, rallonger les jupes, embastiller les homosexuels, interdire l’alcool, limiter la liberté d’expression, censurer le cinéma, le théâtre, la littérature, codifier la tolérance pour ne pas blesser les humeurs sourcilleuses de quelques dévots» (Pascal Bruckner, La tyrannie de la pénitence).

Aussi, sans vouloir, en cette période de trêve des confiseurs, peiner le locataire de l’Elysée, Primo tient à lui faire savoir qu’il restera toujours suffisamment d’êtres humains épris de liberté, cette somptueuse liberté, pour refuser tout amalgame entre le racisme et le libre droit à la critique d’une religion, aussi impérialiste et menaçante soit-elle.

Il faut savoir apprécier la liberté de ton de Sarkozy lors de son discours de Constantine (lire ou visionner ici). Ne pas nier le courage lorsqu'il existe !

Mais il faut aussi lui dire que tout parallélisme entre antisémitisme et islamophobie est nul et non avenu. Cette comparaison sert de sophisme aux princes de la bien-pensance. Ces derniers font semblant d’ignorer que l’antisémitisme rejette un peuple alors que l’islamophobie s’oppose à un dogme idéologico-religieux.

Le raciste, disait Senghor, est quelqu’un qui se trompe de colère. Celui qui critique aujourd’hui le dogme musulman ne se fourvoie hélas pas beaucoup, au vu du triste spectacle offert par l’ensemble des pays sous domination islamique.

Puisque le Président s’honore de vouloir pratiquer la rupture, qu’il commence déjà à se l’imposer, à lui et à ceux qui rédigent ses discours. Interdire l’islamophobie rappellerait cette vieille et veule passivité des années giscardo-védrino-chiraquiennes et équivaudrait à perpétuer une glaciation terrible de la pensée.

Il y a de ces parallélismes douteux dont il convient de se débarrasser à tout jamais.

De plus, cette menace lancinante de délit d’islamophobie ne fera que creuser un peu plus le fossé entre les cités soumises aux imams analphabètes et une société française qui veut et peut encore accueillir.

Une petite pause. Réfléchir, le temps d'un contrôle technique !

Pierre Lefebvre © Primo, 14/12/2007