8.2.08

UN MUR QUI SE DRESSERA ENTRE L'EGYPTE ET ISRAEL

Par Stephanie Zenati pour Guysen International News
Jeudi 7 février 2008 à 14:17
L’insécurité à la frontière israélo-égyptienne bat son plein. Après l’ouverture du point de passage de Rafiah il y a 15 jours, plusieurs milliers de Palestiniens se sont infiltrés en Egypte. Afin de protéger le sud d’Israël, désormais exposé aux nombreuses tentatives d’infiltrations terroristes, le gouvernement a décidé de prendre des mesures drastiques et très attendues : la construction d’une barrière le long de l’axe frontalier. Un projet coûteux et de longue haleine, mais qui apparaît aujourd’hui comme la seule solution pour sécuriser la zone.

Une frontière de béton se dressera désormais entre l’Egypte et Israël.

C’est ce qu’a décidé le trio Olmert-Barak-Livni, lors d’une réunion exceptionnelle, tenue ce mercredi 6 février. Aucune annonce officielle n’a encore été faite mais le projet semble bien réel.
Un projet qui d’ailleurs ne date pas d’hier.

Proposé par l’ancien ministre de la Défense, Shaoul Mofaz à l’époque du gouvernement d’Ariel Sharon, l’idée a été relancée il y a tout juste un an, lors de l’attentat-suicide perpétré par un terroriste Palestinien à Eilat.

Ce dernier s’était introduit par le Sinaï et s’était fait exploser dans une boulangerie de la ville balnéaire, entraînant la mort de 3 personnes. Et malgré ce tragique évènement, aucune mesure n’avait été prise.

Les 240 kilomètres de frontière qui séparent l’Egypte d’Israël offraient donc toujours un accès trop facile aux terroristes palestiniens de Gaza.
Récemment, ces derniers ont forcé le point de passage de Rafiah, faisant de la frontière israélo-égyptienne une véritable passoire. Un moyen pour les hommes du Hamas de s’introduire sur le sol israélien.

Selon les services de sécurité du pays, l’ouverture de ce barrage a également permis à la cellule terroriste un réarmement rapide et efficace, notamment en explosifs et roquettes longue-portée. Une analyse d'ailleurs confirmée ce jeudi 7 février par les organisations terroristes de la Bande de Gaza qui ont indiqué que des roquettes Katioucha, des missiles antichar et RPG avaient été passés en fraude ces dernières semaines depuis l'Egypte.

Autant de menaces qui ont poussé les autorités israéliennes à trouver rapidement une solution.
Certains ont alors préconisé l’envoi de forces internationales le long de la frontière. Une idée vite abandonnée, car selon Tsipi Livni, "aucun pays n’acceptera d’envoyer ses soldats, tant que le Hamas contrôlera la Bande de Gaza".

Cette dernière a alors suggéré de renforcer les effectifs des gardes-frontières égyptiens en autorisant le Caire à déployer près de 800 soldats supplémentaires le long de l’axe Philadelphie. Une suggestion qui nécessite une reformulation de l’accord signé entre les deux pays en 2005, et qui s’annonce complexe.

Finalement, le 3 février dernier, lors du conseil des ministres, c’est Ehoud Barak qui a proposé d’édifier une barrière de sécurité le long de l’axe Philadelphie.
Une requête qui, lors de cette session, n’a pas semblé susciter l’intérêt de ses collègues, mais qui après l’attentat de Dimona, survenu lundi 4 février et revendiqué par les terroristes du Hamas, a été reconsidérée.

Car l’Etat hébreu craint une recrudescence des activités terroristes. La ministre des Affaires étrangères, Tsipi Livni, a alors décidé de prendre les choses en main. Au cours d’une réunion à huis clos organisée au lendemain de l’attentat, cette dernière a expliqué la nécessité de construire une barrière de sécurité le long de la frontière.

Cette option, qui au premier abord ne semblait pas faire l’unanimité, a finalement été acceptée par l’ensemble du gouvernement. Le cabinet restreint de sécurité a déjà décidé d’entamer les travaux au plus tôt. Ils devraient débuter près de Nitsana, dans la région nord de la frontière, puis s’étendre jusqu’à Eilat.

Mais ce projet, intitulé 'Sablier' devrait prendre du temps ; 5 ans au total.
Deuxième point majeur pour la construction de ce mur : le coût. Le budget nécessaire dépasserait le milliard de dollars ; 1,37 milliard de dollars d’après les dernières estimations. Un chiffre qui fait réfléchir.

La chef de la diplomatie, soutenue par le ministre des Retraités, Rafi Eitan, a cependant annoncé que "l’argent ne serait pas un obstacle".
Et pour financer l’édification de la clôture, la solution est toute trouvée : imposer de sévères restrictions budgétaires à tous les ministères.
Fera t-elle l’unanimité ?