19.3.08

RETOUR SUR LES ARABES ISRAELIENS

Par Caroline Glick |
Jerusalem Post édition française

Jeudi dernier, un sous-officier de l’armée israélienne de 28 ans a été tué par une bombe sur les bas-côtés d’une route longeant la bande de Gaza. C’était un Bédouin du sud, éclaireur de combat. A ses funérailles, un cousin témoigne :"Il a fait tout ce qu’il a pu pour convaincre les jeunes de notre communauté de servir le pays en s’enrôlant dans l’armée."

Un autre cousin tient à préciser que quasiment tous les hommes de leur famille font leur service militaire. A la demande de la famille, le nom du jeune homme n’a pas été publié et ses obsèques se sont déroulées dans l’intimité.

Cette requête est nourrie par la crainte de représailles émanant des hautes autorités arabo-israéliennes ou de terroristes issus de l’Autorité palestinienne. Ainsi, la crainte d’une agression est plus forte que le désir de voir leur fils recevoir les honneurs militaires.

En revanche, le sort de cette famille arabe de Jérusalem ayant, elle aussi, perdu un fils jeudi dernier, offre un contraste saisissant. Vendredi dernier, dans le quartier de Jabel Mukaber à Jérusalem, des centaines de personnes se sont dirigées vers une tente de deuil musulmane, afin de présenter leurs condoléances à la famille. La tente était ornée d’une flopée de posters à l’effigie du jeune homme décédé, aux côtés desquels trônaient les bannières du Hamas et du Hezbollah. On avait érigé cette tente à la gloire d’Alaa Abou D’heim.

Dans une scène inspirée des pogromes de Russie, D’heim a pénétré jeudi soir dans la yeshiva Mercaz Rahav et massacré huit jeunes hommes et adolescents qui étudiaient la Torah. La famille de D’heim n’a pas craint, quant à elle, de subir les représailles de leurs concitoyens arabes.

Néanmoins, cette absence de protestation ne signifie pas forcément que les Arabes israéliens soutiennent le massacre. Dimanche soir, sur la deuxième chaîne de télévision israélienne, Suleiman Ashafi interrogeait un jeune homme posté à l’extérieur de la tente :"Si j’avais su qu’il préparait une agression", affirme-t-il,"je lui aurais tiré une balle dans la tête."De même que la famille du soldat bédouin avait tenu à ce que l’on respecte son anonymat, il témoignera à visage couvert.

Alors, qu’en est-il de la société arabe israélienne ? Quelles conséquences peuvent avoir, d’un côté, la peur tangible des Arabes qui soutiennent l’Etat d’Israël et de l’autre, l’impudente volonté des autorités arabes israéliennes de défendre les agissements du Hamas, du Fatah et de D’heim qui oeuvrent à terroriser le pays ?

Faut-il en déduire que quelque 20 % de la population est perdue à la cause du pays ? Lors de la campagne électorale qui avait opposé Binyamin Netanyahou à Shimon Peres, Netanyahou avait nommé l’ancien ministre des Affaires étrangères et de la Défense Moshé Arens pour qu’il fasse campagne au sein de la population arabe. Ce dernier était parvenu à assurer à son candidat 5 % des votes arabes. Grâce à cela, le parti devait l’emporter à l’arrachée. La tuerie de jeudi ne doit pas inciter à loger tous les Arabes d’Israël à la même enseigne, met en garde Arens. La population israélo-arabe forme un ensemble bigarré tant d’un point de vue ethnique que religieux.

Pour commencer, les 100 000 Druzes qui, dès 1949, ont accepté de servir dans l’armée, sont pleinement intégrés dans la société israélienne. Qui plus est, le nombre proportionnel de Druzes dans l’armée dépasse celui des Juifs. Un autre indice révélateur de leur intégration à la culture hébraïque du pays est leur taux de naissance se situant au même niveau que celui de la population juive alors qu’il était plus élevé que celui des musulmans à la création de l’Etat.

Arens remarque que les Circassiens, au même titre que les Druzes, envoient leurs fils à l’armée et se sont intégrés à la société israélienne. Plusieurs membres de l’armée du Sud-Liban, alliés d’Israël, qui s’étaient réfugiés dans l’Etat juif suite au repli précipité des Israéliens en 2000, ont été accueillis dans les villages circassiens du nord d’Israël alors qu’il avaient été blackboulés des villages arabes musulmans.

Et puis, il y a les Bédouins d’Israël. Bien que musulmans, la spécificité de leurs moeurs les a distingués des Arabes musulmans environnants.

Toutefois, leurs traditions originales sont en passe de disparaître. Arens se souvient que 20 ans auparavant, la majorité des campements bédouins étaient dépourvus de mosquées alors qu’aujourd’hui, chaque campement à son propre lieu de culte géré par des sympathisants du Hamas.

L’enseignement dans les écoles bédouines est à l’avenant. A l’instar des prédicateurs dans les mosquées, ils éduquent les jeunes à s’identifier aux Palestiniens et à abandonner toute loyauté à l’Etat d’Israël. Même si les Bédouins n’ont jamais été tenus de faire l’armée, la majorité des jeunes garçons se sont toujours portés volontaires. Ce chiffre a chuté ces dernières années et les imams et enseignants de ces régions font barrage aux recruteurs militaires.

Au nombre de 200 000, les Bédouins représentent un quart de la population musulmane. Alors qu’une majorité réside dans le sud, 70 000 d’entre eux vivent dans le nord, où ils ne subissent pas la campagne d’endoctrinement islamique de plein fouet. On observe ainsi que le nombre de conscrits est resté le même. Les Arabes chrétiens d’Israël, pour leur part, forment la seule communauté chrétienne florissante de la région alors qu’ils sont persécutés par des gangs islamiques partout ailleurs au Moyen-Orient.

Enfin, il y a les Arabes israéliens de religion musulmane. Depuis la création de l’Autorité palestinienne en 1994, le leadership des Arabes israéliens n’a cessé de se radicaliser dans un effort constant pour saper les sentiments d’appartenance à l’Etat d’Israël dans les rangs de la population arabo-israélienne. Mais au bout du compte, l’endoctrinement et les efforts d’intimidation destinés à réduire au silence les voix dissidentes ne semblent pas avoir gagné l’ensemble de cette population.

Récemment, le gouvernement a annoncé son intention d’encourager les Arabes israéliens n’ayant pas effectué leur service militaire à accomplir un service national (programme soigneusement miné par les membres du leadership arabe israélien...). Malgré cela, un sondage effectué par l’université de Haïfa révèle que 75 % des Arabes israéliens âgés de 16 à 22 ans sont en faveur d’un service national sur la base du volontariat, contrairement aux membres des partis politiques arabes qui s’y opposent à 80 %.

Arens croit fermement à l’opportunité de lancer une campagne qui aille droit au coeur des Arabes israéliens. Le fait que 80 % n’aient pas eu vent de l’initiative du gouvernement concernant le service national prouve que le secteur arabe a été négligé par le leadership israélien.

Arens prétend que la campagne doit s’appliquer en premier lieu à la population bédouine, le groupe ethnique le plus appauvri du pays. En particulier dans le sud où ces derniers sont dénués d’un équipement sanitaire de base et où le système éducatif est effroyable. Au sein de Tsahal, les Bédouins ne peuvent effectuer qu’un service d’assistance non qualifié et ne sont donc pas à-même de contrecarrer les efforts d’endoctrinement au djihad et au panarabisme destinés à la jeunesse bédouine. Au final, ils n’ont donc pas d’autre choix que d’aller grossir les rangs du crime organisé et de la mafia bédouine qui sévit dans toute la région sud d’Israël.

Pour Arens, l’armée israélienne devrait mettre en place une halte-garderie et des crèches pour les enfants de Bédouins qui seraient pris en charge par des unités de soldats enseignants formés à l’éducation des communautés défavorisées.

Il est évident que seul un arrêt des intimidations pourra permettre aux Arabes israéliens d’exprimer librement leur soutien à l’Etat. Pour se faire, toute incitation à la violence de la part du leadership arabe doit être sévèrement sanctionnée par la loi.

Comme le fait justement remarquer Arens, les Arabes israéliens ont un penchant pour les Palestiniens. Mais cela n’entame pas forcément leur loyauté envers l’Etat d’Israël. Pour endiguer les islamistes, Israël doit lancer une double campagne destinée à venir en aide aux Arabes israéliens solidaires de l’Etat et les encourager à intensifier leurs efforts d’intégration.

L’actuelle tendance, au coeur de la population arabe israélienne, à exalter les traîtres et intimider les héros, doit être inversée.