18.3.08

REVUE DE LA PRESSE ISRAELIENNE

L’Autorité Palestinienne exhorte les Palestiniens à à "rentrer" en Israël pour son 60ème anniversaire
Par Khaled Abou Toameh
Jerusalem Post édition française

L’Autorité palestinienne (AP) prévoit de marquer le soixantième anniversaire de l’Etat hébreu en appelant tous les Palestiniens vivant à l’étranger à se rendre en Israël, par voie terrestre, maritime, ou encore aérienne.

Ce plan, établi par Ziad Abu Ein - membre important du Fatah et ministre adjoint chargé des Affaires concernant les prisonniers de l’AP- a déclaré que les Palestiniens avaient décidé d’appliquer la résolution 194 des Nations unies sur le "droit au retour" des réfugiés palestiniens, résolution confirmée par la suite par l’ONU à plusieurs reprises, entre autres dans les résolutions 394 et 513.


Selon l’article 11 de cette résolution, adoptée en décembre 1948, "il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les gouvernements ou autorités responsables".

Cette initiative est la première de ce type et vise à embarrasser l’Etat hébreu pendant les célébrations de son anniversaire. Portant le nom de "l’initiative du retour et de la coexistence", le plan suggère que l’AP a abandonné la solution de deux Etats souverains vivant côte-à-côte en faveur d’un seul Etat où Juifs et Arabes vivraient ensemble.

"Les Palestiniens, soutenus par tous ceux qui croient en la paix, la coexistence, les droits de l’homme et les résolutions des Nations unies, devraient rassembler toutes leurs énergies et efforts pour retourner dans leurs foyers et vivre avec les Juifs en paix et dans la sécurité", dit le plan.

"Satisfaire le droit au retour est une volonté humaine, morale et légale qui ne peut pas être refusé par les Juifs ou la communauté internationale. Lors de l’anniversaire d’une grande souffrance [le soixantième anniversaire d’Israël], le peuple palestinien est déterminé à mettre fin à cette injustice."

L’initiative d’Abu Ein, qui a gagné le soutien de nombreux leaders de l’AP à Ramallah, appelle tous les Israéliens à souhaiter la bienvenue aux Palestiniens "qui retourneront [dans leurs foyers] pour vivre avec eux sur une terre en paix."

Le plan exhorte donc les réfugiés à revenir en Israël le 14 mai 2008 avec valises et tentes afin de pouvoir s’installer dans leurs anciens villages et villes. Les réfugiés devront aussi porter des drapeaux des Nations unies à leur retour ainsi que des cartes d’identité délivrées par l’UNRWA, l ?Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient.

Les pays arabes ayant accueilli des réfugiés palestiniens sont quant à eux chargés de faciliter leur retour en ouvrant leurs frontières et en les autorisant à avancer en direction de l’Etat hébreu. Le plan fait spécifiquement référence à la Jordanie, la Syrie, le Liban, et l’Irak, dont les gouvernements sont aussi chargés de leur fournir un soutien logistique afin de leur permettre de réussir leur mission.

Les réfugiés palestiniens vivant aux Etats-Unis, en Europe, au Canada, et en Amérique Latine, devront utiliser leurs passeports étrangers pour voler vers l’aéroport Ben-Gourion entre le 14 et le 16 mai 2008.

Le plan encourage les Palestiniens à s’affréter des douzaines de bateaux portant des drapeaux des Nations unies qui se dirigeront tous simultanément vers les ports de l’Etat hébreu.

Et afin de garantir le soutien international, le plan appelle enfin à inviter des leaders du monde entier, tels que le secrétaire-général des Nations unies Ban-Ki Moon, des journalistes et des experts légaux à travers le monde, afin qu’ils expriment leur soutien au droit au retour des Palestiniens.

Et les Palestiniens devront, en retour, promettre d’exercer leur droit dans la paix et de condamner toute forme de terreur ou de violence. Les gouvernements arabes seront ainsi chargés de fournir à la fois un soutien financier et politique à l’initiative.

Le plan met l’accent sur le fait que les Palestiniens ne peuvent désormais plus se permettre d’attendre pour exercer leur "droit au retour" en s’asseyant à la table des négociations avec Israël. "Nous devons prendre en main nos problèmes", dit le texte. "Les négociations, slogans et résolutions des Nations unies ne vont pas nous rendre nos droits", affirme-t-il.