19.6.08

INCIDENT DIPLOMATIQUE ENTRE PERES ET MOUSSA A PETRA

Conférence des prix Nobel.
L’Orient-Le Jour

Un vif échange verbal a opposé hier à Pétra le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa et le président israélien Shimon Peres lors d’une séance de la conférence des prix Nobel, a-t-on appris auprès de l’un des participants.

Alors que le président israélien prononçait un discours au cours d’un déjeuner de travail et appelait les Arabes à « suivre la voie de la paix à l’instar du président égyptien Anouar Sadate et du défunt roi Hussein »


M. Moussa a répliqué : « Nous n’avons pas entendu l’avis d’Israël concernant la paix, vous n’avez parlé que du roi Hussein et du président Sadate, mais quel est votre position sur l’initiative arabe de paix ? » a raconté ce participant.

M. Moussa s’est alors exclamé en arabe : « Vous êtes un maestro en paroles, mais vous ne pourrez pas nous leurrer pour toujours, nous ne sommes pas stupides. »

M. Peres a répondu : « Nous avons retiré notre armée et nos colonies de Gaza, mais le Hamas continue de tirer des missiles en notre direction, et si vous cessez de tirer, nous vous donnerons quelque chose d’équitable. »

M. Moussa a répété : « Cessez les colonies », avant de quitter la salle en signe de protestation. Le ministre jordanien des Affaires étrangères a toutefois réussi à convaincre M. Moussa de revenir sur ses pas, selon ce témoin.

Vingt-neuf prix Nobel se réunissent pendant deux jours, pour la quatrième année consécutive, dans la cité nabatéenne de Pétra pour débattre de l’économie mondiale, frappée par la crise alimentaire.

À l’ouverture de la conférence, le roi Abdallah II de Jordanie a estimé que ce serait « une grave erreur » de rater la création cette année d’un État palestinien indépendant. « Le Moyen-Orient doit sortir de cette zone de menaces.

L’étape la plus importante est la paix : un règlement global du conflit israélo-arabe. Ce serait une grave erreur que de manquer les opportunités que nous avons cette année : établir, enfin, un État palestinien souverain, indépendant et viable, aux côtés d’un Israël reconnu et sécurisé », a déclaré le roi.

Dans une interview au quotidien as-Safir, Abdallah II a aussi estimé que les Palestiniens « n’accepteront jamais un État de substitution à leur patrie la Palestine ».

« La Jordanie est la Jordanie, et la Palestine est la Palestine », a-t-il insisté. Des responsables jordaniens avaient émis des craintes quant à un scénario en vertu duquel une partie de la Cisjordanie pourrait être rattachée à la Jordanie, ce qui transformera à terme le royaume en État palestinien. Ce scénario serait favorisé par Israël et les États-Unis, selon ces responsables.

Le roi s’est par ailleurs entretenu avec le président israélien en marge de la conférence. Les deux dirigeants ont évoqué « le processus de paix israélo-palestinien et les moyens d’aller de l’avant », a indiqué un communiqué du palais royal.

« Abdallah II a mis en garde contre la politique de colonisation d’Israël qui menace la paix. Israël doit prendre les mesures nécessaires pour améliorer les conditions de vie des Palestiniens », a ajouté le communiqué.