1.7.08

Pourquoi Israël libère des vivants contre des morts ?


Olivier Rafowicz
InfoLive.tv

Dimanche, le gouvernement israélien a voté à une écrasante majorité en faveur de l’accord pour un échange de prisonniers contre nos deux soldats tués par le Hezbollah le 12 juillet 2006. Il s’est avéré que par un regroupement d’informations, les services de renseignements israéliens ont eu la certitude que Eldad Reguev et Ehoud Goldvasser n’étaient plus en vie.

Cette information dramatique, connue depuis un certain temps par le Premier ministre et le cabinet de sécurité, n’a pas changé le fait qu’Israël négocie une fois encore la libération de prisonniers en échange des dépouilles de ses soldats tombés au combat.

Pour la société israélienne, les soldats qu’on appelle les fils ou les enfants d’Israël n’ont pas de prix. Portant l’uniforme de Tsahal, défendant le pays durant leur service militaire ou au cours des périodes de réserves, ces femmes et ces hommes deviennent d’une certaine façon sacrés.

Personne n’a le droit de kidnapper ou de faire prisonnier un soldat israélien et si c’est le cas, il faut tout faire pour le libérer vivant ou mort.

Pour Tsahal et pour le peuple israélien, un soldat aux mains de l’ennemi est le pire scenario envisageable. Cela remet d’abord en question la force de dissuasion l’armée, ainsi que la responsabilité de ses commandants et de ses chefs. Cela expose aussi parfois les dysfonctionnements politiques dans la prise de décision.

Dès qu’un soldat est kidnappé et retenu prisonnier, le compte à rebours commence. Chaque seconde, chaque minute, chaque jour, chaque mois est mentionné, rappelé, mémorisé pour un Etat d’Israël qui, dans ces moments là est bien plus un qu’un Etat, mais une communauté, une tribu, une famille à qui on a volé un enfant que l’on n’oublie pas.

Et si nous poursuivons dans cette logique, les membres de la tribu d’Israël ferons tout pour ramener mort ou vivant à la maison l’élément manquant.

Il me semble difficile d’expliquer aux grandes nations de ce monde qu’au début des temps, il n’y avait pas ni pays ni Etats, mais des petits groupes devenant des tribus se transformant en peuples au fil du temps.

Israël, et c’est cela qui constitue sa force, ce sont les douze tribus réunies en une seule qui ne peuvent concevoir qu’on leur vole l’un des leur.

Souvenons-nous du Capitaine Nir Poraz, officier d’élite tué dans l’opération pour libérer un soldat Nahchon Vaksman, kidnappé puis tué par ses ravisseurs du Hamas.

Aujourd’hui, Israël se réveille en sachant qu’Ehoud et Eldad sont morts, tués par le Hezbollah.

Le constat est douloureux et le prix à payer est lourd. Nous acceptons en échange des corps de nos deux soldats, de libérer Samir Kountar, un terroriste qui a assassiné de sang froid en 1979 toute une famille à Naharya. Avec lui, d’autres détenus libanais et palestiniens seront eux aussi relâchés.

Dans le même temps, nous attendons toujours la libération de Guilad Shalit. En Israël, il nous manque à tous comme si chacun l’avait fréquenté quotidiennement, l’avait écouté parler, l’avait invité à boire un café et l’avait vu grandir à coté de chez lui.

Pour lui aussi le prix sera cher, des centaines de prisonniers, parmi lesquels des assassins, des criminels seront libérés. Mais là aussi, la tribu ne peut plus attendre ou le faire attendre, lui Guilad.

Nombreux sont ceux qui expriment en terme logique, rationnel, cartésien leurs désaccords, leurs incompréhensions par rapport au fait qu’Israël échange des prisonniers vivants contre des morts. Où même que demain Israël échange des centaines de prisonniers palestiniens contre le caporal Gilad Shalit.

A cela, je pense que nous devons répondre que la force d’Israël est cette unité face à l’adversité qui la fait se transformer en tribu. Son chef dans ces moments là n’est pas tel ou tel Premier ministre, mais la tribu tout entière.

Tous les israéliens, dans leur grande majorité, acceptent le prix de l’échange et sont même près a payer de leur propre vie s’il le faut pour récupérer l un des leurs aux mains de l ennemi.

A ceux qui craignent de voir à l’avenir d’autres enlèvements qui, malheureusement, peuvent survenir de nouveau, ils doivent comprendre qu’Israël devra toujours payer un prix très cher.

Chez nous, quand un manque a l’appel, c’est toute la nation qui souffre et lorsque, comme dans le cas d’Ehoud Goldwasser et d’Eldad Regev, ce ne seront que des dépouilles que nous recevons, il y aura au moins le repos de l’âme et L’apaisement de toute une nation qui peut enfin leur offrir une sépulture juive en terre d’Israël.

Et ceci n a pas de prix.

Brian Hendler