12.11.08

"Nous ne prendrons aucun repos avant que la bannière de l’islam ne flotte sur le 10 Downing Street"

par Annie Lessard, Marc Lebuis

Formation de la jeunesse musulmane dans un quartier de Londres, au nez et à la barbe des autorités : « Il est temps de passer à l’action et de détruire l’Occident. En tant que musulmans, nous ne nous soumettons à aucune loi édictée par les hommes, à aucun gouvernement, à aucun premier ministre. Nous nous soumettons à Allah. Il est de notre devoir religieux de nous préparer à nous soulever contre l’oppression des musulmans et à prendre ce qui nous revient. »

Cet article démontre l’inefficacité des lois sur la propagande haineuse, dont les djihadistes se moquent impunément.



Le djihadisme en Grande-Bretagne semble avoir atteint un seuil inquiétant, hors de contrôle, peut-être même un point de non retour. Lisez : Fuite d’un rapport du renseignement : Des "milliers" de terroristes sont actifs, ainsi que : Au moins 100 terroristes interceptés parmi les étudiants de 3e cycle dans des labos de pointe et aussi : Incitation à la sédition : Un prédicateur en tournée exhorte les musulmans à se soulever contre la nation.



Traduction de : Islamic radicals make mockery of hate laws, par David Cohen, Evening Standard, le 10 novembre 2008

Quelques jours seulement après que la ministre de l’Intérieur Jacqui Smith ait annoncé de nouvelles mesures sévères visant à nommer publiquement et couvrir de honte les extrémistes étrangers, et à les empêcher d’entrer au pays pour inciter à la haine, le prédicateur incendiaire Cheikh Omar Bakri Mohammed lui a fait un pied de nez, révèle le Evening Standard.

Plus de 200 musulmans réunis dans une salle bondée de Tower Hamlets se sont faits dire par l’organisateur Anjem Choudary : « Nous avons une agréable surprise pour vous, un cadeau spécial. Cheik Omar Bakri Muhammad va se joindre à nous en direct du Liban ». Il a ajouté : « En tant que musulmans, nous ne nous soumettrons à aucune loi édictée par les hommes, à aucun gouvernement, à aucun premier ministre – ni Bush ni Brown – non plus qu’à Jacqui Smith. Nous nous soumettons à Allah ».

Choudary qui dirigeait avec Bakri l’organisation fanatique Al-Muhajiroun - tristement célèbre avant son interdiction et dissolution en 2004 pour sa glorification du terrorisme et des attentats du 11/9 - a réchauffé la foule, il y a deux semaines, avec sa propre rhétorique incendiaire.

« Il est de notre devoir religieux de nous préparer physiquement et mentalement à nous soulever contre l’oppression des musulmans et à prendre ce qui nous revient », a-t-il dit. « Le djihad est un devoir et une lutte et une obligation qui repose sur les épaules de chacun de nous. Nous ne prendrons pas de repos avant que la bannière d’Allah, le drapeau de l’islam ne soit hissé sur le 10 Downing Street ».

Sous un fond de bruyantes acclamations de Allah Akbar [allah est grand], il a déclaré : « Il existe trois types de musulmans, ceux qui sont en prison, ceux d’entre nous qui sont sur le chemin de la prison, et les musulmans non pratiquants. Frères et soeurs, si vous ne craignez pas une descente de la police koufar (infidèle) dans votre maison, c’est que vous n’appliquez pas la charia ».

Plus tard, devant une énorme bannière qui exhorte « les musulmans à se soulever contre l’oppression britannique », il a présenté l’étoile de la soirée, Omar Bakri, 50 ans, qui était au Liban. Un écran géant, mesurant six pieds par six pieds, avait été installé pour projeter l’image de l’extrémiste connu sous le nom de « l’Ayatollah de Tottenham ». Son retour au Royaume-Uni a été refusé en 2005 « comme n’étant pas propice au bien public » après qu’il ait exprimé le souhait que les musulmans infligent à l’Occident un 11/9 jour après jour ».



Mais quand un problème avec le lien Internet en direct a empêché la projection de l’image de Bakri, M. Choudary a téléphoné à son collègue et mis le récepteur sur le microphone. La connexion était forte et claire et Bakri a parlé pendant 15 minutes.

Sauf pour un groupe d’hommes âgés portant de longues barbes blanches assis dans la rangée avant, la plupart des 200 hommes présents étaient des musulmans sur la fin de l’adolescence ou au début de la vingtaine, la plupart vêtus de shalwar kameez avec des accessoires occidentaux – des baskets, des capuches et des jackets. A l’arrière de la salle, derrière des cloisons, se tenaient plus de 50 femmes portant des burkas.

« N’obéissez pas aux lois britanniques », a dit Omar Bakri. Il a salué son héros Osama bin Laden pour être un guerrier, et s’est exclamé : « Nous devons nous battre et mourir pour l’islam – c’est le chemin qui mène à Jennah [le paradis] ». Il a dit que les musulmans n’ont pas besoin d’obéir aux lois des hommes et que si quelqu’un leur ordonne de le faire, ils doivent répondre « haut et fort, avec fierté » qu’ils sont musulmans. Il a qualifié les nouvelles lois contre l’extrémisme de « malades ».

Il s’agit effectivement des nouvelles mesures annoncées il y a deux semaines par Jacqui Smith, qui visent à empêcher les « prêcheurs de haine de répandre l’extrémisme au sein de nos communautés ». Pourtant, c’est exactement ce que Bakri faisait, préparant potentiellement la prochaine génération de kamikazes. Et aucun policier en uniforme n’était en vue.

L’assemblée d’une durée de quatre heures, organisée par Choudary via un site Web appelé Islam for The UK (L’islam pour le Royaume Uni), a eu lieu au nez et à la barbe du Conseil de Tower Hamlets dans le Centre communautaire des arts que le Conseil loue pour £ 78 l’heure. Mais ni le Conseil ni la police ni le ministère de l’Intérieur ne semblent avoir réalisé que Bakri était diffusé en direct dans le cœur de Londres.

Est-ce que les organisateurs - et peut-être le Conseil de Tower Hamlets - enfreignaient la loi en permettant à Bakri de prendre la parole ?

Personne ne semblait le savoir. Un porte-parole du ministère de l’Intérieur a déclaré : « Cela ne semble pas couvert par les nouvelles mesures, qui visent seulement à empêcher des individus de venir ici et de prêcher la haine en personne. »

Plus tard, dans une déclaration, le ministère de l’Intérieur a dit : « Le Royaume-Uni est déterminé à empêcher ceux qui propagent l’extrémisme de prêcher des messages violents dans nos communautés, mais il appartient à la police et au Ministère public d’enquêter sur toute violation de la loi ».

Lorsqu’il a été informé de cela, un porte-parole de la police métropolitaine a été complètement déconcerté. « C’est le ministère de l’Intérieur qui fait les lois », a-t-il dit. « Si le ministère ne sait pas si quelque chose est contraire à la loi, alors qui le saurait ? »

Pourtant, bien sûr, la police a le devoir de faire enquête et de décider si les organisateurs devraient être poursuivis.

Choudary, un avocat de 41 ans, - dont on dit que lorsqu’il était à l’Université de Southampton (où il se faisait appeler Andy), il s’adonnait à l’alcool, au cannabis et au sexe avant d’embrasser le fondamentalisme - est le seul qui semble avoir une réponse claire. Il a dit au Standard : « Le gouvernement a décidé que la présence d’Omar Bakri ici n’est pas propice au bien public, mais il n’a été reconnu coupable d’aucun crime et il n’y a pas de restriction empêchant qu’on interagisse avec lui au moyen d’un lien vidéo ou par téléphone. »

Un porte-parole du Conseil de Tower Hamlets a confirmé que l’assemblée avait eu lieu au Brady Arts and Community Centre, une propriété du Conseil située sur la rue Hanbury tout près de Brick Lane. Il a déclaré : « Nous avions contacté la police qui nous a avisé qu’il n’y avait pas de préoccupations majeures concernant l’organisation de l’événement par ce groupe. Nous ne savions pas que Omar Bakri était impliqué, car cela n’avait pas été mentionné sur la publicité annonçant l’événement. À l’avenir, nous allons renforcer nos vérifications en demandant une liste des orateurs, y compris ceux qui communiquent par liens vidéos. »

Mais Ed Husain, co-fondateur de la Fondation Quilliam, un groupe de réflexion contre le terrorisme, dit que Tower Hamlets a longtemps fermé les yeux sur les activités des extrémistes. « Nous ne pouvons nous permettre de laisser Tower Hamlets, où vit la plus importante population musulmane de Grande-Bretagne, devenir un foyer de radicalisme. Les graines de la terreur sont semées à ces événements », a-t-il dit.

Il a également critiqué la police pour sa complaisance. « Il est bien connu que Choudary est le porte-parole de Bakri au Royaume-Uni, et que ce groupe, Islam for The UK, est une faction dissidente d’Al-Muhajiroun et de Hizb ut-Tahrir, qui sont à l’origine de l’extrémisme en Grande-Bretagne. Alors, pourquoi ce groupe n’est-il pas interdit et ses dirigeants, arrêtés ? Exhorter les jeunes musulmans à désobéir aux lois britanniques et à se soulever jusqu’à ce que la bannière de l’islam flotte au-dessus du 10 Downing Street est alarmant et terrifiant ».

L’événement, identifié comme une conférence « pour se lever debout et défendre l’honneur des musulmans », a été publicisé sur plusieurs sites extrémistes ayant des liens avec le site Islam For The UK, qui promeut l’application de la charia en Grande-Bretagne. Au-delà d’un kiosque offrant des currys faits maison et du Coca-Cola pour £ 3 et un présentoir avec des DVD islamiques vendus au prix de £ 2, il y avait une grande salle où le public priait en arabe avant le début de la réunion.

Outre Bakri, il y avait trois autres orateurs : Abu Muaz, chef du Mouvement de la jeunesse salafiste du Royaume-Uni ; Abu Yahya, porte-parole pour les adeptes de Ahlus Sunnah Wal Jama’aah, et Abou Rumaysah, étudiant à la London School of Shariah.

Chacun a parlé pendant 40 minutes, entrecoupé par des clips vidéos de l’Irak, de l’Afghanistan et de Guantanamo conçus pour alimenter le thème victimaire des musulmans opprimés en Grande-Bretagne et en Occident. À titre d’exemple de cette oppression, un orateur a déclaré : « Au Royaume-Uni, les terroristes font 40 ans de prison tandis que les assassins et les pédophiles sont remis en liberté au bout de cinq ans ».

Abu Muaz a critiqué les imams du Royaume-Uni, affirmant qu’ils sont trop souples et tolérants. Il a dit que « les paroles ne suffisent pas » et qu’il était temps de « passer à l’action ». « Vous devez détruire l’Occident », a-t-il déclaré.

Mais le plus provocateur a été le leader étudiant Abu Rumaysah, qui a parlé à la foule comme s’ils étaient des terroristes à l’entraînement. « Supprimez le matériel superflu de votre ordinateur, prenez des précautions pour ne pas attirer l’attention sur vous et préparez votre famille à une descente de la police », a-t-il dit. Il a ajouté qu’ils devraient soutenir les familles des musulmans qui sont arrêtés et que l’Islam ne prendra le pouvoir au Royaume-Uni que si les musulmans sont proactifs et appliquent la charia dans leurs propres communautés.

« Les femmes doivent être couvertes, les hommes coupables de fornication [hors mariage] doivent être fouettés et il faut couper la main du voleur ou de celui qui a enfreint la charia », a-t-il dit.

Quand une femme en burka a demandé comment il pouvait justifier cela alors que l’islam est censé être une religion de paix, la foule s’est moquée d’elle. Mais c’est Choudary qui s’est levé pour la remettre à sa place. « L’islam n’est pas une religion de paix », a-t-il dit. « C’est une religion de soumission. Nous devons nous soumettre à la volonté d’Allah ».

Plus tard, le Evening Standard a demandé à Choudary si le fait d’exhorter les jeunes musulmans britanniques à « se soulever » n’était pas une incitation à la violence ? Il a ri. « Par se soulever je veux dire se lever debout et clamer votre point de vue haut et fort », a-t-il dit. C’était du double langage classique de Choudary. Le public comprend clairement ses intentions. Mais avec l’indécision du ministère de l’Intérieur sur ces assemblées, il semble savoir exactement jusqu’où il peut aller, et s’en sortir impunément.