14.2.09

Caracas expulse un eurodéputé qui avait traité Chavez de dictateur, Madrid réagit


Le ministère espagnol des Affaires étrangères va convoquer "dans les plus brefs délais" l'ambassadeur vénézuélien pour protester contre le traitement réservé vendredi à l'eurodéputé espagnol expulsé du Venezuela, a-t-on appris samedi de source diplomatique espagnole.
L'eurodéputé espagnol, Luis Herrero, a été expulsé vendredi soir du Venezuela après avoir traité le président Hugo Chavez de dictateur et critiqué le conseil national électoral, a annoncé le ministère des Affaires étrangères.

"L'eurodéputé Luis Herrero a été invité à quitter le pays, en application des instructions du pouvoir électoral et dans le respect habituel des droits de l'homme", a précisé le ministère dans un communiqué.
Selon le ministère, le député du Parti populaire (droite) espagnol, se trouvait déjà vendredi vers 23H00 (03H30 GMT) à bord d'un vol commercial à destination de la ville brésilienne de Sao Paulo.
L'élu avait auparavant appelé les Vénézuéliens, devant la presse, "à voter en liberté".
"Qu'ils ne votent jamais en se laissant emporter par la crainte qu'un dictateur tente de manière préméditée d'imposer", avait-il ajouté.
"Que les Vénézuéliens ne perdent pas de vue qu'ils sont des citoyens libres, qu'ils doivent voter en toute liberté et comme ils le souhaitent", avait encore insisté le parlementaire.
L'eurodéputé avait également critiqué les horaires d'ouverture des bureaux de vote, dimanche, jusqu'à 18H00 (22H30 GMT), soit deux heures de plus que lors des dernières élections, en novembre 2008, déclarant que cet horaire tardif pourrait se prêter à des manoeuvres "peu transparentes et antidémocratiques".
L'élu se trouvait au Venezuela sur invitation du parti démocrate-chrétien Copei, en tant qu'observateur du référendum organisé dimanche, sur un amendement constitutionnel qui permettrait au président, députés, gouverneurs, conseillers municipaux et maires de présenter leur candidature sans limitation de mandats.
Après ses déclarations, la présidente du Conseil national électoral du Venezuela, Tibisay Lucena, avait demandé au ministre des Affaires étrangères Nicolas Maduro d'exhorter le député européen à quitter le pays, estimant qu'il avait troublé la "paix et l'harmonie", qui avaient jusque-là caractérisé selon elle le déroulement de la campagne ayant précédé le référendum.
Le ministère des Affaires étrangères a pour sa part précisé qu'en expulsant l'élu il avait cherché à "préserver le climat de paix et le bon déroulement du processus électoral pour la journée du 15 février".
Le secrétaire général du Copei (opposition) Luis Ignacio Planas a pour sa part affirmé que l'élu avait été enmené à l'aéroport "de force" par des policiers, sans aucune notification préalable.
"Il n'a pas pas pu récupérer ses affaires ni son passeport. Une unité de la police est venue et l'a emmené de force. Ces agents ont ensuite été à son hôtel pour prendre ses valises et des documents", a affirmé l'homme politique à la chaîne privée Globovision.
Une centaine de délégués internationaux ont été accrédités pour observer le référendum du 15 février. Toutefois, ni l'Organisation des Etats américains, ni l'Union européenne n'ont au Venezuela de délégation officielle d'observateurs du processus.