21.5.08

1948 : ISRAEL ET LES PALESTINIENS, LA VERITABLE HISTOIRE

Pourquoi les Palestiniens ont connu une catastrophe et pourquoi ils s'y sont enlisés

Efraim Karsh pour Commentary
Par Efraim Karsh


Titre original : 1948, Israel, and the Palestinians: The true story

Traduction : Objectif-info


Voici un texte d'une portée considérable d'Ephraïm Karsh, professeur et chercheur à Londres, à qui l'on doit de nombreux travaux dont un excellent "La guerre d'Oslo". L'article dont on trouve ci-dessous la traduction en français traite de la "catastrophe" la fameuse "nakba" subie par les Arabes palestiniens. Assis sur les travaux historiques les plus récents, ce document dresse un tableau particulièrement instructif des circonstances qui ont conduit les Arabes palestiniens à quitter massivement leurs foyers en 1948, à devenir des apatrides, à continuer de vivre souvent dans des camps de réfugiés soixante ans plus tard, et à échouer à faire aboutir toute dynamique nationale et tout projet collectif. On retiendra essentiellement le rôle d'une aristocratie cynique, d'une poignée de chefs de clans et de grandes familles dans ce naufrage. Comme partout ailleurs dans le monde arabe, la culture des élites politiques et religieuses, faite d'arrogance, de violence, d'exploitation et de mépris profond des individus ordinaires, prive la société de tout espoir et de tout horizon. Peut-être un peu davantage chez les Arabes palestiniens qu'ailleurs….


Soixante ans après son établissement par un acte d'autodétermination qui a bénéficié d'une reconnaissance internationale, Israël demeure le seul état au monde constamment confronté à une profusion d'étranges théories de la conspiration et à des accusations de crimes de sang ; le seul État dont les politiques et les actes sont condamnés de façon répétitive par la communauté internationale ; le seul état dont le droit d'exister est constamment discuté et remis en cause, non seulement par ses ennemis arabes mais par des segments de l'opinion occidentale éclairée.

Au cours de la dernière décennie ou à peu près, l'élimination effective de l'État juif est devenue une cause célèbre pour beaucoup de ces Occidentaux instruits. La "solution à un État," comme elle s'appelle, est un euphémisme qui revient à remplacer Israël par un État recouvrant théoriquement toute la Palestine historique, dans lequel les juifs seraient définitivement réduits au statut de minorité. C'est seulement comme cela, dit-on, que "le péché originel" de la création d'Israël pourra être expié, un acte de naissance établi (selon les termes d'un critique) "sur les ruines de la Palestine arabe" et réalisé par la dépossession délibéré et agressive de sa population indigène.

Cette accusation de dépossession préméditée, et la naissance en conséquence d'un interminable "problème des réfugiés" palestiniens, constitue de fait, le point central de la requête de disparition formulée par les victimes supposées d'Israël et leurs soutiens occidentaux. C'est une accusation qui n'a presque pas été contestée. Dès le milieu des années 50, J.C. Hurewitz, un éminent historien américain en a entrepris la réfutation systématique, [1] et ses conclusions ont été abondamment confirmées par les générations suivantes d'universitaires et d'auteurs. Même Benny Morris, le plus influent des "nouveaux historiens" révisionnistes israéliens, l'un de ceux qui ont emprunté la voie du procès à charge contre Israël pour son "péché originel", a reconnu à contrecœur qu'il n'y avait eu aucun "plan" pour déplacer les Arabes palestiniens. [2]

La déclassification récente de millions de documents de la période du Mandat britannique (1920-1948) et des premiers jours d'Israël, documents inexploités par les premières générations d'auteurs, et ignorés ou déformés par les "nouveaux historiens," forment un tableau beaucoup plus rigoureux de ce que l'Histoire a à raconter. Ils indiquent que la thèse de la dépossession est complètement infondée mais qu'elle est tout le contraire de la vérité. Le texte qui suit est basé sur des recherches récentes sur ces documents qui recèlent nombre de faits et de données qui n'ont pas été exposés jusqu'ici.

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Dès le début des années 20, loin d'être les cibles infortunées des attaques prédatrices des sionistes, les dirigeants arabes palestiniens furent à l'initiative d'une campagne implacable pour anéantir la renaissance nationale juive, tout en allant violemment à l'encontre des souhaits de ceux qu'ils représentaient. Cette campagne s'est achevée par une tentative violente de faire avorter la résolution de l'ONU du 29 novembre 1947, qui appelait à l'établissement de deux états en Palestine. Si ces dirigeants et leurs partenaires des pays arabes environnants avaient accepté cette résolution de l'ONU, il n'y aurait eu ni guerre ni bouleversement à l'origine.

Tout simplement, le mouvement sioniste a toujours été favorable à l'existence dans le futur d'une minorité arabe substantielle au sein de l'État juif, participant en position d'égalité "à la vie publique du pays dans tous les secteurs." [3] Ces mots sont de Ze'ev Jabotinsky, le fondateur de la branche du sionisme qui préfigurait l'actuel parti du Likoud. Dans un article célèbre de 1923, Jabotinsky indiquait qu'il état disposé "à prononcer un serment qui nous engagerait ainsi que nos descendants à ne jamais rien faire qui soit contraire au principe de l'égalité des droits, et à ne pas tenter d'expulser quiconque de chez lui." [4]

Onze ans après, Jabotinsky présidait la rédaction d'un projet de constitution pour la Palestine juive. Selon ses dispositions, les Arabes et les Juifs devaient partager les prérogatives et les obligations nécessaires à l'institution d'un État, ce partage s'étendant aux fonctions militaires et civiles les plus notables. L'hébreu et l'arabe devaient jouir du même statut légal, et "dans tout cabinet gouvernemental où le premier ministre serait un juif, la vice-présidence reviendrait à un Arabe et vice-versa." [5]

Si c'était la position de la faction la plus "militante" du mouvement national juif. Le courant dominant du sionisme s'engageait non seulement à accorder une pleine égalité à la minorité arabe dans le futur État juif mais s'employait à sa façon à encourager la coexistence judéo-arabe. En janvier 1919, Haïm Weizmann, le futur dirigeant du mouvement sioniste, conclut un accord de paix et de coopération avec l'émir hachémite Fayçal ibn Hussein, le dirigeant véritable du mouvement pan-arabe naissant. Depuis lors, et jusqu'à la proclamation de l'État d'Israël le 14 mai 1948, les représentants du sionisme tinrent des centaines de réunions avec les dirigeants arabes de tous les niveaux. Parmi eux Abdallah ibn Hussein le frère aîné de Fayçal et fondateur de l'Émirat de Transjordanie (devenu ensuite le royaume de Jordanie), les premiers ministres en exercice ou retirés de Syrie, du Liban, d'Égypte, d'Irak, les premiers conseillers du roi Abdoul Aziz ibn Saoud (le fondateur de l'Arabie saoudite), et les représentants des élites arabes palestiniennes de toutes les tendances.

Pas plus tard que le 15 septembre 1947, deux mois avant le passage devant l'ONU de la résolution sur le partage, deux émissaires sionistes de haut rang tentaient encore de convaincre Abdel Rahman Azzam, le secrétaire général de la Ligue arabe, que le conflit de Palestine "gaspillait inutilement les meilleures énergies de la Ligue arabe," et que les Arabes et les Juifs tireraient des bénéfices considérables "de politiques actives de coopération et de développement." (6) Derrière cette proposition, il y avait un vieil espoir sioniste : la croyance que le progrès matériel résultant de l'implantation des Juifs en Palestine ouvrirait la voie à une réconciliation définitive avec la population arabe, même si elle ne s'avérait pas franchement favorable au projet d'autodétermination nationale juive. Comme le disait David Ben-Gourion au moment où il allait devenir le premier premier ministre d'Israël, en décembre 1947 :

Si le citoyen arabe se sent chez lui dans notre État, …, si l'État l'aide véritablement, avec dévouement, à atteindre le niveau économique, social, et culturel de la communauté juive, alors la défiance des Arabes se réduira d'autant et l'on pourra lancer un pont pour une alliance judéo-arabe.[7]

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A première vue, l'espoir de Ben-Gourion s'appuyait sur des considérations rationnelles. Un apport d'immigrants et de capital juif après que la première Guerre Mondiale devait stimuler la Palestine en proie jusque là à la stagnation, et relever le niveau la vie de ses habitants arabes bien au-dessus de celui des États arabes voisins. L'expansion de l'industrie et de l'agriculture arabes, particulièrement dans la culture des agrumes, a été en grande partie financée par du capital obtenu par cette voie, et le savoir-faire juif a fait beaucoup pour améliorer l'agriculture arabe. Au cours des deux décennies qui s'écoulèrent entre les guerres mondiales, les plantations d'agrumes appartenant à des Arabes ont sextuplé, de même que les terres consacrées à la culture des légumes, alors que le nombre de plantations d'oliviers quadruplait. [8]

Les avancées dans le domaine social ne furent pas moins remarquables. Encore plus significatif, les taux de mortalité de la population musulmane chutèrent brutalement tandis que l'espérance de vie grimpait de 37,5 ans en 1926-27 à 50 ans en 1942-44 (à comparer aux 33 ans de l'Égypte à l'époque). Le taux de croissance naturel de la population bondit d'un tiers. [9]


Rien qui ressemble de près ou de loin à ce développement ne se produisit dans les pays arabes voisins sous domination britannique, sans parler de l'Inde. Cela souligne la contribution décisive des Juifs à l'amélioration du bien-être socio-économique des populations locales prévu par le Mandat sur la Palestine. Les autorités britanniques le reconnurent parfaitement dans un rapport de 1937 établi par une commission d'enquête dirigée par Lord Peel :

L'effet bénéfique en tous points de l'immigration juive sur le bien-être arabe est illustré par le fait que l'augmentation de la population arabe est la plus marquée dans des zones urbaines qui sont le siège du développement impulsé par les Juifs. Une comparaison des résultats des recensements de 1922 et 1931 montre qu'en six ans, le taux de croissance à Haïfa était de 86%, de 62% à Jaffa, de 37% à Jérusalem, alors que dans les villes purement arabes comme Naplouse et Hébron il était seulement 7%, tandis qu'à Gaza on enregistrait une diminution de 2%. [10]

Si on l'avait laissé faire, la grande majorité des Arabes palestiniens aurait été très probablement heureuse de tirer parti des opportunités qui s'offraient ainsi à elle. Le fait que sur la durée du Mandat, les périodes de coexistence pacifique aient dépassé de loin celles des explosions de violence en fournit la preuve, et ces dernières étaient l'oeuvre d'une petite fraction seulement des Arabes palestiniens. [11] Cependant, malheureusement pour les Arabes et les Juifs, les espoirs et les souhaits des gens du peuple n'ont pas été pris en considération, comme ils le sont rarement dans les communautés autoritaires hostiles aux notions de société civile ou de démocratie libérale. D'ailleurs, dans le monde moderne, ce ne sont pas les pauvres et les opprimés qui ont mené les grandes révolutions ou commis les pires actes de violence, mais des militants d'avant-garde appartenant aux classes les plus instruites et les plus fortunées de la société.

Il en a été de même pour les Palestiniens. Selon les termes du rapport Peel :

"Nous avons constaté que les Arabes ont bénéficié du développement du pays provoqué par l'immigration juive, mais que cela n'a pas provoqué la conciliation des deux populations. Au contraire, …, avec une précision presque mathématique, l'amélioration de la situation économique en Palestine [s'est] traduite par la détérioration de la situation politique." [12]

En Palestine, des Arabes ordinaires ont été persécutés et assassinés pour le soi-disant crime suprême d'avoir "vendu la Palestine" aux juifs. Pendant ce temps, les militants vertueux qui les commettaient s'enrichissaient impunément. L'ardent pan-arabiste Aouni Abdel Hadj, qui jurait de combattre "jusqu'à ce que la Palestine soit placée sous un gouvernement arabe libre et devienne un cimetière pour tous les juifs du pays," [13] facilita le transfert de 7.500 acres de terre au mouvement sioniste, et certains de ses parents, des figures politiques et religieuses respectées, franchissaient un pas de plus en vendant des parcelles de terre. C'est ce que firent nombre de membres de la famille Husseini, le premier clan arabe palestinien, pendant la période du Mandat. Parmi eux, Muhammad Tahir, le père du mufti notoire de Jérusalem, Hadj Amin Husseini. [14]

C'est la volonté du mufti de consolider sa position politique qui explique en grande partie le carnage de 1929 dans lequel 133 juifs furent massacrés et des centaines d'autres blessés. De même, c'est la lutte pour la prééminence au pouvoir qui a déclenché l'éruption la plus durable de violence arabe palestinienne en 1936-39. On l'a largement décrite comme une révolte nationaliste contre la domination des Anglais et le flux de réfugiés juifs arrivant en Palestine pour échapper aux persécutions nazies. En fait, c'était une manœuvre utilisant massivement la violence au cours de laquelle on a assisté à l'assassinat par des gangs arabes de bien plus d'Arabes que de Juifs ou d'Anglais. Ils réprimèrent et trompèrent la population arabe ordinaire. Ils forcèrent des milliers d'Arabes à fuir le pays, ce qui fut comme un avant-goût de l'exode de 1947-48. [15]

En fait, un certain nombre d'Arabes palestiniens ont préféré lutter contre ceux qui les poussaient à la violence, souvent en collaboration avec les autorités britanniques et la Haganah, la plus importante organisation clandestine de défense juive. D'autres cherchèrent refuge au voisinage des Juifs. En dépit de l'atmosphère de terreur paralysante et d'un boycott économique impitoyable, la coexistence entre Arabes et Juifs s'est poursuivie concrètement sur de nombreux plans, même au cours de ces périodes de troubles, et se reconstituait en grande partie après leur apaisement. [16]

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Dans ce contexte d'hostilité, il est difficile de s'étonner que la plupart des Palestiniens désirent dix ans plus tard se tenir à l'écart des initiatives violentes du Haut Comité Arabe (AHC) dirigé par le mufti, le "gouvernement" effectif des Arabes palestiniens, pour s'opposer à la résolution de l'ONU de 1947 sur le partage. Le souvenir des évènements de 1936-39 étant encore frais dans leur esprit, nombre d'entre eux choisirent de se ranger à l'écart de l'affrontement. En un rien de temps, de nombreux villages arabes (et quelques secteurs urbains) négocièrent des accords de paix avec leurs voisins juifs ; dans tout le pays d'autres localités agirent pareillement sans aboutir cependant à un accord formel. [17]

Les Palestiniens du peuple ne manquèrent pas non plus de défier discrètement leurs dirigeants suprêmes. Au cours de ses nombreuses tournées dans la région, Abdel Kader Husseini, commandant de la zone de Jérusalem et proche parent du mufti, trouva la population indifférente sinon hostile, à ses appels à prendre les armes. A Hébron, il ne parvint pas à recruter un seul volontaire pour l'unité de mercenaires qu'il cherchait à former dans cette ville ; ses efforts dans les villes de Naplouse, de Tulkarem, et de Qalqilya furent à peine plus réussis. De leur coté, les habitants des villages arabes, se montrèrent encore moins réceptifs à ses demandes. Dans une localité, Beit Safafa, Abdel Kader a bu le calice jusqu'à la lie quand il fut expulsé par les habitants furieux, qui protestaient contre la transformation de leur village en plaque tournante des attaques contre les Juifs. De façon générale, le petit nombre de ceux qui répondirent positivement à ses appels, le firent pour obtenir gratuitement des armes pour leur protection personnelle et rentrèrent ensuite à la maison. [18]

Il y avait un aspect économique dans cette attitude pacifique. La multiplication des actes d'hostilité orchestrés par le Haut Comité Arabe conduisait à une diminution sensible des échanges et à des hausses verticales du coût des produits de base. Beaucoup de villages, dont le gagne pain dépendait des cités juives ou des localités où les populations étaient mélangées, ne voyaient aucun avantage à soutenir le but explicite de l'AHC, la soumission des Juifs par l'arme de la famine. [19] L'absence générale d'enthousiasme à l'idée d'entamer une guerre était telle qu'au début février 1948, plus de deux mois après le lancement de la campagne de troubles du Haut Comité Arabe, Ben-Gourion pouvait affirmer que " pour la plupart, les villages se sont bien gardés de s'engager." [20]

Le commandant en chef de l'Armée Arabe de libération, (ALA), la force de volontaires arabes qui avait été de tous les combats en Palestine dans les mois qui avaient précédé la proclamation d'indépendance d'Israël, était le général irakien Ismail Safwat. Il fit écho à l'analyse de Ben-Gourion en déplorant que sur les 5 000 volontaires, seuls 800 venaient de Palestine, et que la plupart de ces derniers avaient abandonné le combat avant de terminer leur période de formation ou immédiatement après. Faouzi Qaouqji, le commandant local de l'Armée Arabe de libération, n'était pas moins cinglant. Il trouvait les Palestiniens "peu fiables, nerveux, difficiles à commander, et pratiquement incapables de participer à une guerre organisée." [21]

Ce point de vue résumait la plupart des opinions exprimées par les contemporains de ces évènements au cours des six mois de combat décisifs après l'adoption de la résolution de partage. Même si pendant cette période on a assisté à la désintégration presque complète de la société arabe palestinienne, aucun contemporain n'a décrit cet épisode comme une phase d'expropriation systématique des Arabes par les Juifs. Tout au contraire : la résolution de partage était largement considérée par les chefs Arabes comme "d'inspiration sioniste, de principe sioniste, de substance sioniste et sioniste dans la plupart de ses détails" (selon les termes de l'universitaire palestinien Walid Khalidi), [22] et ces chefs avaient fait preuve d'une franchise brutale sur leur détermination d'en empêcher l'application par la force des armes. Il n'y a aucune difficulté pour identifier laquelle des deux parties a été à l'initiative de la saignée.

Les Arabes ne tentèrent pas de dissimuler leurs responsabilités. Alors que les Juifs lançaient les travaux préparatoires à la naissance de leur État, et multipliaient simultanément les tentatives pour convaincre leurs compatriotes arabes qu'ils seraient (comme Ben-Gourion l'avait exposé) "des citoyens égaux, égaux en tout, sans exception," les chefs arabes palestiniens prirent l'engagement que "si le partage devait voir le jour, il faudrait d'abord passer sur les corps des Arabes de Palestine, de leurs fils, et de leurs femmes." Qawuqji fit le serment "de jeter tous les juifs à la mer." Abdel Kader Husseini déclara que "le problème de la Palestine ne sera résolu que par l'épée ; tous les juifs doivent quitter la Palestine. " [23]

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Les chefs arabes palestiniens et leurs acolytes chez leurs frères arabes firent l'impossible pour faire de ces menaces une réalité, mobilisant tous les moyens à leur disposition. En plus de forces régulières comme l'ALA, des groupes de guérilla et de terroristes causèrent des ravages, autant parmi des non combattants que dans les unités combattantes juives. Les fusillades, les tirs de snipers, les embuscades, les attentats à la bombe, qui seraient condamnés aujourd'hui comme des crimes de guerre, étaient des événements quotidiens pour les civils.

"Des gens innocents et inoffensifs, vaquant à leurs activités quotidiennes," écrivait le consul général des États-Unis à Jérusalem, Robert Macatee, en décembre 1947, "sont harcelés quand ils prennent l'autobus, quand ils marchent dans les rues, et les balles perdues les frappent même quand ils dorment dans leurs lits. On a tiré sur une femme juive à Jérusalem, une mère de cinq enfants, qui étendait des vêtements sur un toit. L'ambulance qui la transportait à l'hôpital fut prise sous le feu d'une mitrailleuse, et à la fin, le cortège funéraire qui suivait son enterrement fut attaqué, et l'une des personnes en deuil fut poignardée à mort. [24]


Avec l'intensification des combats, les civils arabes souffrirent aussi, et les atrocités ponctuelles se transformèrent en cycles de violence à grande échelle. C'est ainsi, qu'en décembre 1947 le meurtre de six ouvriers arabes près de la raffinerie de pétrole de Haïfa par le petit groupe clandestin juif IZL a été immédiatement suivi par l'assassinat de 39 juifs par leurs collègues de travail arabes, [25], tout comme le massacre d'environ 100 Arabes pendant la bataille pour le village de Deir Yassine en avril 1948 [26] "fut vengé" dans les jours qui suivirent par la tuerie de 77 infirmières et médecins juifs qui se rendaient à l'hôpital Hadassa sur le mont Scopus. [27]

Mais tandis que les dirigeants et les médias juifs décrivaient ces événements horribles pour ce qu'ils étaient, refusant de communiquer les détails de ces horreurs pour éviter la panique et maintenir une porte ouverte pour la réconciliation judéo-arabe, leurs homologues arabes gonflaient le bilan des victimes dans des proportions colossales et inventaient de nombreuses atrocités imaginaires. La chute de Haïfa par exemple (les 21 et 22 avril), donna lieu à des accusations totalement fausses de massacres à grande échelle, qui circulèrent dans l'ensemble du Moyen-Orient et atteignirent les capitales occidentales. De fausses rumeurs furent diffusées après la chute de Tibériade (le 18 avril), pendant la bataille pour Safed (au début mai), et à Jaffa, où en avril le maire fabriqua de toutes pièces un massacre de "centaines d'Arabes, hommes et femmes." Le bilan de Deir Yassine dans les médias arabes étaient particulièrement épouvantable: il signalait des tatouages imaginaires de faucilles et de marteaux sur les bras des combattants du groupe IZL, des ravages et des viols. [28]

Cet alarmisme avait évidemment pour but de provoquer des réflexes de sympathie pour la situation critique des Palestiniens et d'étiqueter les Juifs comme des prédateurs brutaux. Mais il a eu un effet inverse désastreux en répandant la panique dans une société palestinienne désorientée. C'est ce qui permet à son tour de comprendre pourquoi, en avril 1948, après quatre mois de progrès apparent, cette phase de l'effort de guerre arabe s'est transformée en effondrement. (Il y avait encore en perspective une seconde phase, à plus grande échelle, et plus durable impliquant les forces des cinq nations arabes qui envahirent la Palestine à la mi-mai.) C'est pour cela que la plupart des Palestiniens refusèrent de prendre une part active aux hostilités, et qu'ils prirent la route en grand nombre, quittant leurs maisons pour un autre endroit dans le pays ou pour fuir dans les terres arabes voisines.

En effet, beaucoup d'entre eux avaient quitté les lieux avant le déclenchement des hostilités, et un nombre encore plus grand leva le camp avant que la guerre n'ait atteint le seuil de leur habitation. "En nombre considérable, les Arabes quittent le pays avec leurs familles, et l'exode touche aussi bien des villes mixtes que des centres ruraux arabes," a rapporté Alan Cunningham, le Haut commissaire britannique, en décembre 1947, ajoutant un mois plus tard que "la panique persiste dans la bourgeoisie et un exode continuel se poursuit touchant ceux qui peuvent se permettre de quitter le pays." [29]

En écho à ces rapports, des sources de renseignement de la Haganah relataient à la mi-décembre une "frénésie d'évacuations qui s'est emparée de villages arabes entiers." Avant la fin du mois, de nombreuses localités arabes palestiniennes se plaignaient de graves problèmes créés par un afflux énorme de villageois et demandaient de l'aide au Haut Comité Arabe pour trouver une solution à leur situation fâcheuse. Les gouvernements syriens et libanais eux-mêmes, alarmés par l'exode initial, exigèrent du Haut Comité Arabe qu'il encourage les Arabes palestiniens à rester sur place et à combattre. [30]

Mais ces encouragements ne furent pas suivis d'effets, qu'ils aient été prodigués par le Haut Comité Arabe ou par une quelconque autorité. En fait, on pouvait constater un manque total de cohésion nationale, encore moins le sens d'un destin commun. Les localités et les villes faisaient comme si elles étaient des entités indépendantes, soucieuses de leurs besoins et évitant de consentir le moindre sacrifice pour le compte des autres communes. Beaucoup de "comités nationaux" (c-à-d, des dirigeants locaux) avaient interdit que les villes bien approvisionnées vendent de la nourriture et des boissons aux villes et aux villages périphériques qui manquaient de tout. Les négociants arabes de Haïfa refusèrent de réduire les pénuries sévères de farine à Jenine, tandis que Gaza refusait d'envoyer des oeufs et de la volaille à Jérusalem ; à Hébron, des gardes armés inspectaient toutes les voitures qui quittaient la ville. En même temps il y avait des activités de contrebande à grande échelle, particulièrement dans les villes de population mélangée, les denrées alimentaires arabes allant aux voisins juifs et vice-versa. [31]

La preuve du manque de solidarité entre les communes était pareillement apportée par le traitement catastrophique des centaines de milliers de réfugiés dispersés dans tout le pays. Il n'y avait aucun effort collectif pour redresser une situation difficile, ni même d'empathie profonde au-delà du voisinage immédiat. De plus, beaucoup de réfugiés furent maltraités par leurs hôtes temporaires, ridiculisés et insultés pour leur lâcheté supposée. Selon les termes d'un rapport de renseignement juif, "les réfugiés sont détestés partout où ils arrivent." [ 32 ]

Même les victimes premières de la guerre, les survivants de Deir Yassine, ne furent pas privées de leur part d'outrages. Trouvant refuge dans le village voisin de Silwan, beaucoup d'entre eux furent bientôt à couteaux tirés avec les habitants du cru, au point que le 14 avril, à peine cinq jours après la tragédie, une délégation de Silwan approchait le bureau de Jérusalem du Haut Comité Arabe, exigeant que les survivants de Deir Yassine soient transférés ailleurs. Aucune aide pour leur réinstallation n'était disponible. [33]

Quelques localités ont catégoriquement refusé d'accepter le moindre réfugié par crainte de solliciter excessivement les réserves existantes. A Acre (Akko), les autorités ont empêché des Arabes fuyant Haïfa de débarquer ; à Ramallah, la population principalement chrétienne avait organisé sa propre milice, pas tant pour combattre les Juifs que pour prévenir de nouvelles arrivées de Musulmans. Beaucoup exploitèrent la situation difficile des réfugiés sans vergogne, en les escroquant surtout quand ces derniers voulaient couvrir leurs besoins fondamentaux comme le transport et le logement. [34]

Malgré cela, les Palestiniens continuaient de quitter leurs maisons, à un rythme toujours croissant. Au début avril quelques 100.000 personnes étaient parties, bien que les Juifs se trouvaient toujours sur la défensive et n'avaient nul moyen de les expulser. (Le 23 mars, quatre mois entiers après l'éclatement des hostilités, Safwat, le commandant en chef de l'Armée Arabe de Libération notait avec étonnement que les Juifs "n'ont pas attaqué jusqu'ici un seul village arabe sauf après une provocation.") Avant la Déclaration d'Indépendance d'Israël du 14 mai, le nombre de réfugiés arabes avait plus que triplé. Même par la suite, aucun des 170.000-180.000 Arabes qui avaient quitté les centres urbains n'avait été forcé de partir par les Juifs. Ce ne fut le cas que pour une poignée des 130.000-160.000 villageois qui avaient abandonné leurs habitations,.

Dans le feu de la bataille, ce genre d'évènement est exceptionnellement arrivé. Quand ce fut le cas, cette conduite étaient dictée en général, non en fonction de desseins politiques, mais par des considérations purement militaires : la réduction des dommages aux civils, l'interdiction de certains secteurs aux combattants arabes quand il n'y avait plus aucune force juive disponible pour les repousser. [35] Ces interdictions étaient d'ailleurs assorties de mesures destinées à prévenir les vols des biens des déplacés et/ou à encourager le retour de ceux qui avaient pris la fuite. Pour citer un seul exemple, au début avril, une délégation juive comprenant des meilleurs spécialistes des affaires arabes, des notables locaux, et des responsables municipaux ayant des contacts étroits avec les localités arabes voisines, visita les villages arabes de la plaine côtière en train de se vider à un rythme stupéfiant, pour essayer de convaincre leurs habitants de ne pas bouger. [36]

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Ce qui rend ces efforts des Juifs impressionnants, c'est qu'ils sont intervenus à un moment où un nombre considérable d'Arabes palestiniens étaient activement extraits leurs habitations par leurs chefs et/ou par les forces militaires arabes, sans aucune considération d'ordre militaire mais pour les empêcher de devenir les citoyens d'un éventuel État juif. L'exemple le plus massif et le plus connu est celui des dizaines de milliers d'Arabes à qui l'on a donné l'ordre de quitter la ville de Haïfa, avec force intimidations, sur les instructions du Haut Comité Arabe, en dépit des efforts laborieux des Juifs pour les persuader de rester. [37] Quelques jours plus tôt, la communauté arabe de Tibériade, forte de 6 000 âmes avait été pareillement contrainte au départ par ses chefs, contre les souhaits des juifs de la localité. [38] A Jaffa, la plus grande ville arabe de Palestine, la municipalité organisa le transfert de milliers de résidents par voie terrienne et maritime ; [39] À Jérusalem, le Haut Comité Arabe ordonna le transfert des femmes et des enfants, tandis que les chefs de troupe locaux expulsaient les résident de plusieurs localité avoisinantes. [40]

Dans les campagnes, des dizaines de milliers de villageois ruraux furent aussi forcés au départ sur ordre du Haut Comité Arabe, des milices arabes locales, ou de l'Armée de Libération Arabe. Dans les semaines qui précédèrent l'arrivée de cette armée en Palestine, en janvier 1948, des rumeurs circulaient sur des instructions secrètes données aux Arabes dans les secteurs à prédominance juive d'évacuer leurs villages afin de permettre leur utilisation dans un but militaire et réduire le risque de prise d'otages par les Juifs.

En février, ce phénomène s'est étendu à tout le pays. Il s'est accéléré considérablement en avril et en mai, au moment où les forces de l'Armée de Libération Arabe et du Haut Comité Arabe connaissaient une déroute complète dans l'ensemble de la Palestine. Le 18 avril, la cellule de renseignement de la Haganah à Jérusalem faisait état d'une directive générale récente ordonnant de déplacer les femmes et les enfants de tous les villages proches des localités juives. Douze jours plus tard, son homologue de Haïfa fit un rapport sur une injonction de l'Armée de Libération Arabe prescrivant d'évacuer tous les villages arabes entre Tel Aviv et Haïfa en prévision d'une nouvelle offensive générale. Au début mai, au moment où les combats s'intensifiaient en Galilée orientale, on ordonna aux Arabes du secteur de transférer toutes les femmes et les enfants de la zone de Rosh Pina, alors que dans le district des environs de Jérusalem, la légion arabe de Transjordanie imposait de même de vider de leurs habitants une vingtaine de villages. [41]

Quant aux leaders arabes palestiniens, eux qui avaient imposé à leurs populations réticentes une politique de confrontation avec le sionisme dans les années 20 et 30, et qui les avaient entraînées dans un conflit mortel, voila qu'ils se hâtaient de quitter la Palestine et de vivre en dehors du pays au moment le plus critique. Emboîtant le pas à ces grosses légumes, de la même façon, les caïds locaux se précipitèrent en masse à l'extérieur. Le Haut commissaire Cunningham résuma ce qui était en train de se produire en offrant un parfait exemple d'euphémisme britannique :

"Il faut savoir que l'effondrement du moral des Arabes en Palestine est dû dans une certaine mesure à la tendance croissante de ceux qui devraient les diriger à quitter le pays. Par exemple, à Jaffa, le maire parti il y a 12 jours pour quatre jours de détente, n'est pas rentré, et la moitié du comité national est partie. À Haïfa, les membres arabes de la municipalité sont partis il y a un certain temps ; de fait, les deux chefs de l'Armée Arabe de Libération se sont éclipsés au cours de la récente bataille. Voila que le premier magistrat arabe est aussi parti. Dans tout le pays, la classe des effendi [grands dignitaires, maîtres, chez les Turcs NdT] avait entamé une évacuation en grand nombre depuis longtemps et le rythme est en train d'augmenter." [42]


Arif al-Arif, éminent homme politique arabe pendant l'ère du Mandat et doyen des historiens palestiniens, décrivit l'atmosphère qui régnait à l'époque : "Partout où l'on allait, dans tout le pays, on entendait le même refrain : 'où sont les chefs qui doivent nous donner la marche à suivre ? Où est le Haut Comité Arabe ? Pourquoi ses membres sont-ils en Égypte à un moment où la Palestine, leur pays, a tellement besoin d'eux ?'" [ 43 ]

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Muhammad Nimr al-Khatib, un chef arabe palestinien pendant la guerre de 1948, résuma la situation dans les termes suivants : "les Palestiniens avaient pour eux les États arabes voisins qui ont ouvert leurs frontières et leurs portes aux réfugiés, alors que les Juifs n'avaient pas d'autre alternative que triompher ou mourir." [44]

C'est assez vrai pour les Juifs, mais les raisons des vols commis sur les réfugiés et la nature de leur accueil là où ils se retrouvaient sont éludées par cette présentation des faits. S'ils ne rencontraient pas de sympathie de la part de leurs frères chez eux, le comportement du monde arabe dans son ensemble à leur endroit était encore plus dur, dans tous les cas. Des appels répétés étaient lancés pour le retour forcé des réfugiés, ou pour le moins celui des jeunes hommes en âge de porter les armes. Nombre d'entre eux étaient arrivés sous le (faux) prétexte du volontariat dans l'Armée de Libération Arabe. Au moment où la fin du Mandat s'approchait, le gouvernement libanais refusa le visa d'entrée aux Palestiniens de sexe masculin entre dix-huit et cinquante ans et il ordonna à tous les "hommes en bonne santé et de bonne taille" qui étaient déjà entrés dans le pays de s'enregistrer officiellement sous peine d'être considérés comme des étrangers illégaux, soumis à la loi dans toute sa rigueur.

Le gouvernement syrien adopta de son coté une attitude bien plus rigoureuse, interdisant son territoire à tous les palestiniens de sexe masculin entre seize et cinquante ans. En Égypte, un grand nombre de manifestants défilèrent devant le siège de la Ligue arabe au Caire et déposèrent une pétition exigeant que "l'on interdise à tout Palestinien apte à porter les armes de se rendre à l'étranger." L'ampleur de l'hostilité arabe envers les réfugiés palestiniens était telle que le recteur l'université religieuse Al-Azhar du Caire, sans doute la première autorité islamique, se sentit obligé de publier une décision faisant de l'accueil des réfugiés arabes palestiniens un devoir religieux. [45]

Le mépris pour les Palestiniens ne fit que grandir avec le temps. Au début de l'invasion par les alliés arabes du nouvel état d'Israël, à la mi-mai, Radio Bagdad commentait : "Les Arabes palestiniens ont été pris de panique et ils ont fui leur pays… ce sont des termes forts, pourtant, de fait, ils sont vrais" Le ministre de l'intérieur du Liban (et futur président) Camille Chamoun s'exprima plus délicatement, énonçant que "le peuple de Palestine a prouvé, à travers sa résistance passée aux impérialistes et aux sionistes, qu'il était digne de l'indépendance," mais "en cette étape décisive du combat ils n'ont pas manifesté autant de qualités." [46]

Il n'est alors guère étonnant que les réfugiés palestiniens imputant aux Juifs leur faillite et leur dispersion soient si rares à l'époque. Lors d'une mission exploratoire à Gaza en juin 1949, Sir John Troutbeck, le chef du Bureau du Moyen-Orient britannique au Caire, peu amical envers Israël et les Juifs, fut étonné de découvrir alors que les réfugiés

n'exprimaient aucune amertume contre les juifs (et pas plus dans cette affaire contre les Américains ou contre nous-mêmes). Ils parlaient avec le plus grand dégoût des Égyptiens et des autres états arabes. "Nous savons qui sont nos ennemis," disent-ils, faisant allusion à leurs frères arabes qui, déclarent-ils, les ont persuadés inutilement d'abandonner leurs foyers … J'ai même entendu dire que beaucoup de ces réfugiés souhaiteraient la bienvenue aux Israéliens s'ils devaient venir ici et reprendre le contrôle de la zone. [47]


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Soixante ans après leur dispersion, les réfugiés de 1948 et leurs descendants demeurent dans les camps sordides où ils ont été confinés par leurs frères arabes depuis des décennies, nourris de haine et de faux espoirs. En attendant, leurs chefs d'autrefois ont gaspillé des occasions successives de bâtir un État.

La tragédie des Palestiniens, c'est que les deux grands dirigeants qui ont déterminé leur évolution nationale au 20ème siècle, Hadj Amin Husseini et Yasser Arafat, le second ayant dominé la politique palestinienne de la seconde moitié des années 60 à sa mort en novembre 2004, étaient des extrémistes mégalomaniaques aveuglés par haine antijuive et profondément hantés par la violence. Si le mufti avait choisi de conduire son peuple en direction de la paix et de la réconciliation avec leurs voisins juifs comme il l'avait promis aux responsables britanniques qui l'avaient nommé à son poste élevé au début des années 20, les Palestiniens aurait eu leur État indépendant sur une partie substantielle du Mandat de Palestine en 1948, leur épargnant l'expérience traumatique de la dispersion et de l'exil. Si Arafat avait placé dès le début l'OLP sur le chemin de la paix et de la réconciliation, au lieu de la transformer en une des organisations terroristes les plus meurtrières des temps modernes, un État palestinien aurait été créé vers la fin des années 60 ou au début des années 70 ; en 1979 à la suite du traité de paix israélo-égyptien ; en mai 1999 en tant qu'élément du processus d'Oslo ; ou au plus tard lors du sommet de Camp David de juillet 2000.

En lieu et place, Arafat a transformé dans les années 90 les territoires placés sous son autorité en véritable État terroriste d'où il a lancé une guerre globale ("l'intifada Al-Aqsa") peu de temps après qu'on lui ait offert un État palestinien indépendant dans la Bande de Gaza et sur 92 pour cent de la Cisjordanie, avec Jérusalem Est comme capitale. Dans ce processus, il a soumis la population palestinienne de Cisjordanie et de la Bande de Gaza à un régime répressif et corrompu dans la pire tradition des dictatures arabes et fait plonger leur niveau la vie dans des profondeurs sans précédent.

Ce qui rend cet aspect de la question encore plus exaspérant, c'est que loin d'être par malheur des personnalités aberrantes, Hadj Amin et Arafat étaient bâtis sur le modèle achevé des leaders cyniques et égocentriques engendrés par le système politique arabe. Pendant le Mandat, la direction palestinienne n'avait eu aucun scrupule à dresser son peuple contre le sionisme et les Juifs, tout en se remplissant les poches avec les fruits de l'esprit d'entreprise juif. De même, les responsables de l'OLP utilisèrent les milliards de dollars versés par les États pétroliers arabes, et dans l'ère d'Oslo par la communauté internationale, pour financer leur mode de vie ostentatoire alors que les Palestiniens des couches populaires trimaient pour gagner leur vie.

Et il en a été ainsi. Six décennies après que le mufti et ses hommes de main ont condamné leur peuple au statut d'apatrides en rejetant la résolution de partage de l'ONU, leurs décisions irresponsables sont reproduites par la dernière génération de dirigeants palestiniens. Ceci s'applique non seulement au Hamas, qui a remplacé l'OLP en janvier 2006 à la barre de l'Autorité palestinienne (PA), mais également à la direction palestinienne censément modérée du président Mahmoud Abbas, à Ahmed Qoreï (négociateur des accords d'Oslo de 1993), à Saeb Erekat et au premier ministre Salam Fayad, qui refusent de reconnaître l'existence même d'Israël comme État juif, et exigent l'application intégrale du "droit au retour."

Il en va ainsi, de même, des antisionistes occidentaux qui au nom de la justice (rien moins) n'appellent pas aujourd'hui pas à l'émergence d'une nouvelle direction arabe, fondamentalement différente, mais au démantèlement de l'État juif. Ce n'est que lorsque cet état d'esprit changera que les Arabes palestiniens pourront se tourner vers l'avenir avec réalisme et mettre derrière eux la "catastrophe" qu'ils se sont infligée à eux-mêmes.

Notes
1 - J.C. Hurewitz, La lutte pour la Palestine (New York : Norton, 1950).
2 - Benny Morris, La naissance du problème des réfugiés palestiniens 1947-1949 (Cambridge: Cambridge University Press, 1987), p. 286 ; Morris, La naissance du problème des réfugiés palestiniens revisitée (Cambridge : Cambridge University Press, 2004), p. 588.
3 - Vladimir Jabotinsky, Le front de la guerre des Juifs (Londres : George Allen et Unwin, 1940), p. 216.
4 - Publié à l'origine en Russie sous le titre "O Zheleznoi Stene," dans Rassvyet, 4 novembre 1923, le "Mur de fer" a été réimprimé plusieurs fois, y compris dans The Jewish Herald (Afrique du Sud), 26 novembre 1937 (Internet ED. http://www.mideastweb.org/ironwall.htm).
5 - Jabotinsky, Le front de la guerre des Juifs pp 216-20.
6 - A.S. Eban, "Note sur une conversation avec Abdel Rahman Azzam Pasha, Londres, 15 septembre 1947," in Neil Caplan, Diplomatie futile (Londres : Frank Cass, 1986), vol. 2, pp 274-76.
7 - David Ben-Gourion, Bama'araha (Tel Aviv : Mapai Publishing House, 1949), vol. 4, seconde partie, p. 265.
8 - Commission Royale pour la Palestine, Rapport. Présenté au secrétaire d'État pour les colonies au Parlement à la demande de Sa Majesté, juillet 1937 (Londres : HMSO ; rep. 1946 ; ci-après Rapport de la Commission Peel), pp 94, 157-58 ; Z. Abramowitz et Y. Guelfat, Hameshek Ha'arvi Be'eretz Israel Uve'artzot Hamizrah Hatichon (Tel Aviv : Hakibbutz Hameuhad, 1944), pp 48-50.
9 - Enquête sur la Palestine. Élaborée en décembre 1945 et janvier 1946 pour l'information de la Commission d'enquête anglo-américaine (réimprimé en 1991 avec l'autorisation du HMSO par l'Institut d'étude de la Palestine, Washington DC), vol. 2, pp 708-15.
10 - Rapport de la Commission Peel, p. 93 (vii).
11 - Pour des manifestations précoces de coexistence judéo-arabe voir, par exemple, Colonial Office, Palestine. Rapport sur l'administration de la Palestine, 1923 (Londres : HMSO, 1924), p. 26 ; Colonial Office, Palestine. Rapport sur l'administration de la Palestine, 1924 (Londres : HMSO, 1925), pp 28, 32, 50 ; Colonial Office, Palestine. Rapport sur l'administration de la Palestine, 1926 (Londres : HMSO, 1927), p. 33 ; Colonial Office, Palestine : Rapport du haut commissaire sur l'administration de la Palestine 1920-1925 (Londres : HMSO, 1925), pp 40-41 ; Haïm Weizmann, "Progrès et problèmes," Rapport confidentiel au Bureau des Colonies, 15 fév. 1922, Lettres et écrits de Haïm Weizmann. Vol.1. Série B, Août 1898-Juillet 1931 (New Brunswick & Jerusalem: Transaction Books & Israel Universities Press, 1983), p. 366 ; Frederick H. Kisch, Journal de Palestine (Londres : Victor Gollancz, 1938), pp 48-49, 54, 73.
12 - Rapport de la Commission Peel, pp 63, 271.
13 - "Conversation avec Awni Abdel Hadi," 3 juin 1920, Archives de la Hagana (ci-après HA), 80/145/11.
14 - Kenneth W. Stein, La question de la terre en Palestine, 1917-1939 (Chapel Hill: University of North Carolina Press, 1984), pp 182, 228-39.
15 - Alors qu'en 1936, selon les statistiques britanniques officielles, 195 Arabes avaient été tués par leurs frères arabes, comparés au 37 britanniques et aux 80 juifs, deux ans après ces chiffres ont atteignirent 503 morts arabes, comparés respectivement aux 255 décès britanniques et aux 77 juifs. En 1939 le nombre de décès resta à un niveau comparable : 414 Arabes palestiniens assassinés par des troupes Arabes, face aux 94 juifs et aux 37 britanniques. Certaines sources arabes palestiniennes ont estimé le nombre d'Arabes assassinés dans une fourchette de 3.000 à 4.500.
Dans une lettre à Abdel Kader Husseini du 18 novembre 1938, Hassan Saleme, se définissant lui-même comme "le chef de Jaffa, de Ramallah, et de la région de Lydda," informait son camarade, un chef militaire, que des "plaintes ont été reçues des villageois de la zone de Jérusalem pour des pillages, des rapines, des meurtres, et des cas de tortures a commis par des individus ignobles habillés comme des combattants de la guerre sainte [c.-à-d., des membres du "Saint Jihad," comme on appelait la force d'Abdel Kader]… J'admets qu'il y a parmi les personnes assassinées des gens qui ont été condamnés à mort, mais quelles étaient les fautes des innocents dont l'argent a été volé, dont le bétail a été pillé, dont les femmes ont été violées, dont les bijoux ont été dérobés, et qui souffrent pour beaucoup d'autres raisons, dont tu as assurément entendu parler ? Notre révolte est devenue une révolte contre les villages et non contre le gouvernement ou contre les Juifs."
Voir : Une enquête sur la Palestine, vol. 1, pp 38, 46, 49 ; L General Staff H.Q, Jérusalem, "Histoire des troubles en Palestine 1936-1939," déc. 1939, Public Record Office (ci-après PRO), WO 191/88; Kenneth Waring, "Les Arabes contre les Arabes : le témoignage des documents des rebelles, " Times, 18 janv. 1939. Pour une traduction en hébreu annotée de la collection complète des documents originaux des troupes arabes, voir Ezra Danin (ed.), Te'udot Udmuyot Meginzei Haknufiot Ha'arviot Bemoraot 1936-1939 (Jérusalem : Magnes Press, 1981 ; première édition en 1944).
16 - Ainsi, par exemple, les achats arabes de blé juif chutèrent de façon spectaculaire en 1937 mais remontèrent brusquement l'année suivante à cause de récoltes particulièrement faibles; environ 70 pour cent du blé juif était vendu au secteur arabe. Réciproquement, avant les violences de 1936-39, environ un tiers de la production agricole arabe palestinienne était vendue au secteur juif. Même les ventes de terres aux Juifs se sont poursuivies à un rythme élevé, la part essentielle des 1300 transactions ou plus dans les années 1936-39 étaient passées par des gens ordinaires. De même, quand en décembre 1938 les travailleurs juifs du port de Haïfa refusèrent de s'occuper d'un bateau allemand après qu'un officier naval allemand eut insulté un manutentionnaire juif, ses collègues arabes suivirent rapidement le mouvement.
Voir Abramowitz et Guelfat Hameshek Ha'arvi, pp 99-105 ; Stein, La question de la terre, p. 182 ; "Minutes de la rencontre avec le directeur de l'Agence juive," 1 janv. 1939, Archives de David Ben-Gourion, Sde Boker (ci-après BGA).
17 - Voir, par exemple, le Hashmona'i à Ben Yehuda, "Les relations avec les villages du voisinage, 24 déc. 1947, Archives des Forces de Défense d'Israël (ci-après IDFA) 1948/500/28 ; Hashmona'i à Shadmi, "Le village de Suba," 22 déc. 1947, IDFA, 1948/500/32 ; 01104 à Tene, "Les relations entre Qatanna et Ma'ale Hahamisha," 23 déc. 1947, ibid. ; Yavne, "Beit Hanina," 2 janv. 1947 et 7 janv. 1948, HA 105/72 pp 27-28 ; 01123 à Tene, "Une ouverture de paix arabe" 14 janvier 1948, ibid, p. 46 ; Segal à Ben Yehuda, "Paix avec Maliha, 10 janv. 1948, IDFA 1949/2644/402 ; Zafrira Din, "Interview de Josh Palmon le 28 juin 1989," HA 80/721/3 ; Noam, "L'ouverture de paix d'Aqir," 12 déc. 1947, HA 105/72, p. 6 ; Tzefa, "L'offre de paix de Ghuoueir Abou Shousha," 16 déc. 1948, ibid. ; Tiroshi, "Requêtes des arabes des environs pour la paix avec les Juifs," 18 déc. 1947, ibid., p. 8 ; "01112 à Tene, "Kafr Qara et Kfar Glikson," 25 janv. 1948, ibid., p. 68 ; 01101 à Tene, "Rencontre entre le chef de village Ard Saris et le Dr. Bihem, le chef de la municipalité de Kfar Atta," 22 janv. 1948, ibid., p. 71 ; " Tene News – Nouvelles quotidiennes," 16 déc. 1947, HA 105/61, p. 59 ; "A nos membres, Bulletin quotidien n°19," 31 déc. 1947, ibid., p. 127 ; " Fortnightly Intelligence Newsletter n°58," publié par l'état-major des troupes britanniques en Palestine (pour la période 2359 hrs du 18 déc. 47-2359 hrs du 1 janv. 48), PRO, WO 275/64, p. 2.
18 - Voir, par exemple, Naim, "Dans les villages," 25 déc. 1947, HA 105/22, p. 123 ; 00004 à Tene, "Qalandiya s'oppose à des concentrations de troupes," 30 déc. 1947, IDFA 1948/500/28 ; Yavne, "Les évènements de Romema," 2 janv. 1948, HA 105/72, p. 27 ; Yavne, "Silwan-Ramat Rahel," 1 janv. 1948, ibid., p. 30 ; Yavne, "Mécontentement contre Abdel Kader Husseini," ibid., p. 32 ; Le peuple de Qiryat Anavim à Yavne, "Les habitants de Qatanna ont expulsé une force armée arabe de leur village," 5 janv. 1948, ibid., p. 32 ; 02104 à Tene, "Des ouvriers de Maliha et de Qaluniya refusent d'attaquer les Juifs," 7 janv. 1948, ibid., p. 33 ; 00004 à Tene, "Rencontre avec Bani Hassan à Maliha pour discuter l'attitude des troupes," 14 janv. 1948, ibid., p. 46 ; 02204 à Tene, "Maliha," 14 janv. 1948, ibid., p. 47 ; 02204 à Tene, "Qattana," 17 janv. 1948, ibid., p. 50 ; 02104 à Tene, "Résistance contre les troupes," 28 janv. 1948, ibid., p. 72 ; 02104 à Tene, "Refus de fournir des volontaires," 1 fév. 1948, ibid., p. 76 ; 02104 à Tene, "Les villages craignent des représailles," 1 fév. 1948, ibid., p. 80 ; Yavne, "Battir et autres villages," 4 fév. 1948, ibid., p. 84 ; 02204 à Tene, "Opposition de Kastel à l'opération d'Abdel Kader," 6 fév. 1948, ibid., p. 91 ; Yavne à Tene, "Shu'afat," 24 fév. 1948, ibid., p. 114 ; Hiram à Tene, "Shafa'amr," 26 fév. 1948, ibid., p. 116 ; "Tene News," 31 déc. 1947 et 2-4 janv. 1948, HA 105/61, pp 121-22, 158-59 ; "Annexe à News Concentration n° 100," 20 et 24 fév. 1948, IDFA 1949/2605/2 ; "Maliha," 1 Janv. 1948, IDFA 1949/2504/4 ; Événements de Suba, 2 mars -13 Avril 1948, IDFA 1949/5545/114, p. 141.
19 - "A nos membres: circulaire d'informations quotidiennes n°12" 21 déc. 1947, HA 105/61, p. 70 ; "Tene New," 31 déc. 1947, ibid., p. 125 ; Avram, "Jammasin : nouvelles questions, " 9 janv. 1948, HA 105/23, p. 114 ; Tiroshi, "Transport des marchandises arabes," 15 déc. 1947, HA 105/72, p. 7 ; Naim à Tene, "Situation de Felaheen à Gaza," 15 fév. 1948, ibid., p. 103 ; Naim à Tene, "Évacuation du territoire de Wahidat," 22 fév. 1948, ibid., p. 111 ; 00004 à Tene, "Troubles à Sur Bahir," 22 déc. 1947, IDFA 1948/500/60 ; Avram, "Les Arabes de Miska," 8 janv. 1948, HA 105/5a, p. 19 ; Hiram à Tene, "Rencontre entre le chef du village de Yehiam et le maire de Tarshiha," 22 fév. 1948, ibid., p. 31 ; Tiroshi à Tene, "Appel pour un cessez-le-feu et des relations amicales," 7 avr. 1948, ibid., p. 53 ; Tiroshi à Tene, "Ouverture de paix à Baqa Gharbiya," 20 avr. 1948, ibid., p. 79 ; Grar à Tene, "Yasur," 21 avr. 1948, ibid., p. 84.
20 - David Ben-Gourion, Behilahem Israel (Tel Aviv : Mapai Publishing House, 1951 ; troisième ED), pp 28, 43, 54 ; Ben-Gourion, Bama'araha, vol. 4, partie 2, p. 284.
21 - Meahorei Hapargod (édition en hébreu d'un rapport officiel d'une Commission parlementaire irakienne sur la guerre de 1948 publié en septembre 1949 ; Tel Aviv : Ma'arachot, 1954), pp 9, 98-99 ; " Fortnightly Intelligence Newsletter No 64" publié par l'état-major des troupes britanniques en Palestine (pour la période 2359 hrs 10 Mar.-2359 hrs 23 mars 48), PRO, WO 275/64, p. 4. Arif al-Arif, al-Nakba: Nakbat Bait al-Maqdis wa-l-Firdaws al-Mafqud (Beyrouth : al-Maktaba al-Asriya, 1956), vol. 1, pp 138-39.
22 - Walid Khalidi, Du refuge à la conquête : discussion sur le sionisme et le problème de la Palestine jusqu'en 1948 (Washington, D.C : Institut pour d'étude de la Palestine, 1987), p. lxix.
23 - Ben-Gourion, Bama'araha, vol. 4, partie 2, p. 260 ; Traduction en hébreu de l'interview de Hadj Amin Husseini pour Le Journal d’Égypte 10 novembre 1947, HA, 105/10a, p. 47 ; Radio Beyrouth, 12 novembre 1947, dans Foreign Broadcasts Information Service (FBIS), Section européenne : Émetteur du Proche et Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, 13 novembre 1947, II2, 5 ; " Fortnightly Intelligence Newsletter No. 64," publié par l'état-major des troupes britanniques en Palestine (pour la période 2359 hrs 10 de Mar.-2359 hrs 23 janv. 48), PRO, WO 275/64, p. 4 ; Service de Presse arabe (Le Caire), FBIS, Section Européenne : Émetteur du Proche et Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, 16 déc. 1947, II1 ; "Nouvelles hebdomadaires de la brigade Alexandroni, 2 mars 1948," HA 105/143, p. 105 ; "Dans le public arabe," 30 mars 1948, HA 105/100, p. 14.
24 - De Macatee au Secrétaire d'État, 31 déc. 1947, Archives nationales, Washington, D.C (ci-après NA), RG 84/800, pp 1-2.
25 - Selon un rapport du correspondant à Haïfa de Palestine Post's, les ouvriers arabes ont attaqué leurs collègues juifs dans la raffinerie avant le bombardement de l'IZL (de Sakran à Tene, 31 déc. 1947, IDFA 1949/481/62). Cette accusation a été amplifiée par une émission de radio d'IZL le 4 janvier 1948, qui a précisé qu'avant le bombardement les ouvriers arméniens de l'usine avaient averti leurs amis juifs d'une attaque imminente: quelques ouvriers juifs en tinrent compte et quittèrent les lieux avant le massacre. L'émission a également rapporté que des armes blanches avaient été pré-positionnées dans toute l'usine et que le massacre est intervenu dans le coin le plus reculé de la raffinerie, à environ deux miles du bombardement, d'où l'on ne pouvait pas entendre les explosions. Voir, David Niv, Ma'arahot Ha'irgun Hatzva'i Hale'umi (Tel Aviv : Hadar, 1980), vol. 6, pp 19-20. Pour les rapports contemporains sur le massacre, voir : "Rapport de la Commission d'enquête municipale sur le désastre de la raffinerie de Haïfa (30 déc. 1947), 25 janv. 1948, HA 80/460/11 ; "Le massacre de la raffinerie," HA 80/460/11 ; "Bulletin d'information," numéro 30, 30 déc. 1947, HA 105/61, p. 117 ; "A nos membres : Bulletin d'information quotidien," 31 déc. 1947, HA 105/61, p. 126.
26 - L'IZL a catégoriquement démenti tous les massacres, affirmant que les pertes avaient causées par des combats acharnés. L'éminent historien palestinien Arif al-Arif concède la circonstance des combats acharnés. Il affirme que les villageois ont tué plus de 100 combattants juifs (le chiffre réel était de quatre morts et 32 blessés), mais il prétend que seuls sept des 110 morts arabes furent tués dans l'action et que les autres étaient des civils pacifiques assassinés dans leurs maisons (Al-Nakba, p. 173). En revanche, un rapport de renseignement de la Hagana publié trois jours après l'événement souligne l'incompétence opérationnelle et de la confusion qui régnait au sein des forces en train d'attaquer, comme leur manque de discipline (qui se manifestait entre autres par des actes de pillage), mais il ne fait aucune mention d'un massacre. al-Nakba, p. 173 ; Yavne à Tene, "L'opération d'Etzel et du Lehi à Deir Yassine," 12 avr. 1948, IDFA 1948/500/35 ; Commandement de l'Irgoun, "Déclaration sur l'affaire de Deir Yassine" , "Déclaration" et "Condamnons l'hypocrisie," avril 1948, Archives de l'Irgoun (ci-après IA), K4-4/10. Au milieu des années 1950 les déclarations sous serment des participants à la bataille démentent avoir assisté à un massacre : IA, K4-1/10, 9/10. Un important fonds d'articles de presse et d'écrits universitaires peut être consulté aux IDFA 2004/26/70. Voir également : "Deir Yassine occupé par l'Irgoun et le Lehi" et "L'Agence juive condamne l'Irgoun et l'opération de Lehi à Deir Yassine" et "Le chef du rabbinat condamne vigoureusement l'incident de Deir Yassine," Ha'aretz, 11/12 avr. 1948 ; "Témoignages de participants à la bataille : 60 heures à Deir Yassine, " Mivrak, 19 avr. 1948, IA K4 ; du Haut commissaire pour la Palestine au Secrétaire d'état aux colonies, "Deir Yassine," 13 avr. 1948, Cunningham Papers, Middle East Center, St. Antony’s College, Oxford University ; du Haut commissaire pour la Palestine au Secrétaire d'État aux colonies, " Weekly Intelligence Appreciation,," 17 avr. 1948, Cunningham Papers ; "Un Arabe de Deir Yassine fait des révélations pour l'anniversaire de Deir Yassine : les juifs n'ont pas planifié un massacre mais engagé une bataille," Herut, 3 juin. 1953 ; "Le premier ministre Ménahem Begin interviewé par Lord Bethel : Deir Yassine - une tragédie dans l'histoire de l'Irgoun, mais les pertes ont été causées par les combats ; il n'y a pas eu de massacre, " Yediot Aharonot, 22 juin 1979.
27 - Dov Joseph, La cité fidèle : le siège de Jérusalem, 1948 (New York : Simon and Schuster, 1960), pp 74-75 ; Harry Levin, Jérusalem assiégée. Un journal intime de la ville sous le siège, du 25 mars 1948 au 18 juillet 1948 (Londres : Victor Gollancz, 1950), p. 70 ; Jerusalem Headquarters, "Université de Haddassah, 17 fév. 22 juin. 1948, "IDFA 1948/500/44 ; "Conclusions de la Commission d'enquête sur le désastre de Sheik Jarah du 13 avr. 1948," 18 avr. 1948 HA 57/95 ; "Rapport de Shalom Hurwitz sur le désastre du convoi du mont Scopus à Cheik Jarah le 13 avr. 1948," 6 juin. 1948, BGA.
28 - De Cunningham à Creech-Jones, 25 et 28 avr. 1948, Cunningham Papers, III/4/52 et III/4/117 ; Tzuri à Tene, "Nouveaux travaux sur l'exode de Tiberiade," 21 avr. 1948, HA 105/257, p. 347 ; " Tene News - nouvelles quotidiennes," 18 avr. 1948, HA 105/62, p. 93 ; Kenneth W. Bilby, Une nouvelle étoile au Proche Orient (New York : Doubleday, 1950), p. 30 ; Filastin, 13, 14, 16 Avr. 1948 ; al-Difa, 11, 12, 13, 14, 15, 16 avr. 1948 ; Radio Jérusalem en arabe pour le Moyen-Orient, 13 avr. 1948 et Radio Damas, 14 avr. 1948, in FBIS, 15 avr. 1948, p. II4 ; Radio al-Sharq al-Adna (Jérusalem), 15 avr. 1948, ibid., 16 avr. 1948, P. II5 ; BBC Television Channel 2, "Cinquante années de guerre : Israël et les Arabes," Programme 1, émission du 15 mars 1998.
29 - De Palestine (Général Sir A. Cunningham) au Secrétariat d'état aux colonies, " Weekly intelligence Appreciation," 22 déc. 1947, Cunningham paper's ; De Palestine (Général Sir A. Cunningham) au Secrétariat d'état aux colonies, " Weekly intelligence Appreciation,"," 24 janv. 1948, PRO, CO 537/3869.
30 - "Tene News – nouvelles quotidiennes", 16 déc. 1947, HA 105/61, p. 59 ; "A nos membres, bulletin quotidien d'informations n° 19," 31 déc. 1947, ibid., p. 127 ; al-Ayam (Damas), 21 déc. 1947, rapporté dans "Informations sur les préparatifs militaires arabes," 1 janv. 1948, Archives sionistes centrales (CZA), S25/3999.
31 - Hashmona'i, "Nouvelles : Économie, " 2 fév. 1948, IDFA 1948/500/60 ; "Dans le camp arabe : nouvelles, " 29 fév. et 28 mars 1948, IDFA 2004/535/479, pp 3-4 ; "Circulaire du Yishouv n° 16," 31 Janv. 1948, K4-31/1/12, IA ; Comité de défense économique, "Nouvelles de l'économie arabe, Bulletin numéro 6," 17-19 avr. 1948, HA 105/143, p. 240.
32 - Hayogev, 5 janv. 1948, HA 105/21a, p. 48 ; "Parmi les Arabes," 22 fév. 1948, IDFA 1948/500/60 ; 02204 à Tene, "La situation des gens de Lifta," 9 fév. 1948, HA 105/3à, p. 61 ; Tiroshi à Tene, "La situation des réfugiés," 12 avr. 1948, HA 105/257 ; Tiroshi, "Recueil de nouvelles de la brigade Alexandroni," 16 avr. 1948, HA 105/143, p. 231 ; Directeur des opérations/direction du renseignement, "Informations sur les fronts Est et Nord," 3 juin. 1948, IDFA 1975/922/1044 ; "Nouvelles sur les questions arabes," 25 avr. 1948, IDFA 1948/500/55 ; "Annexe au numéro 205 du Bulletin d'informations," 29 avr. 1948, IDFA 1949/2605/2.
33 - "Annexe au numéro 185 du Bulletin d'informations," 20 avr. 1948, IDFA 1949/2605/2 ; "Deir Yassine," 17 avr. 1948, IDFA 1949/2605/6, p. 7.
34 - Hiram à Tene, "Les habitants d'Acre et leurs défenseurs refusent de recevoir davantage de réfugiés," 27 avr. 1948, HA 105/257.
35 - C'est ainsi, par exemple, qu'après une attaque du village voisin de Miska contre Ramat Hakovesh (le 19 avril), le chef du kibboutz a dit aux villageois de quitter la localité ou d'assumer les conséquences de leur agression, ce qu'il firent. De même, en plein milieu d'une opération juive en Galilée orientale, le secrétaire du kibboutz Genossar, ainsi que le chef du village arabe de Majdal, ont convaincu les habitants d'évacuer le village et de rendre leurs armes. A Khirbat Beit Lid et Khirbat Azzun, on a conseillé aux villageois de partir puisque les forces juives ne pouvaient pas assurer leur sécurité. Voir : Tiroshi, "Nouvelles de la brigade Alexandroni, 27 avr. 1948," HA 105/143, p. 235 ; Tiroshi à Tene, "Départs de Miska," 27 avr. 1948, HA 105/257, p. 79 ; Tzuri à Tene, "Majdal arabe," 23 avr. 1948, ibid., p. 4 ; Tiroshi à Tene, "Le départ des Arabes des environs," 16 avr. 1948, ibid., p. 89 ; Tiroshi à Tene, "Évacuation de Khirbat Azzun," 20 avr. 1948, ibid., p. 3.
36 - Ezra Danin, Zioni Bekhol Tnai (Jérusalem : Kidum, 1987), vol. 1, pp 216-17 ; Zafrira Din, "Interview de Josh Palmon 28 juin 1989," HA 80/721/3.
37 - J'ai longuement documenté l'épisode de Haïfa dans "Nakbat Haïfa : l'effondrement et la dispersion d'une importante communauté palestinienne," Middle Eastern Studies, vol. 37, numéro 4 (octobre 2001), pp 25-70.
38 - Quinze jours après l'exode, le Haut commissaire britannique Cunningham rapporta à Londres que les Juifs de Tibériade "souhaiteraient la bienvenue [ ] aux Arabes s'ils rentraient chez eux" (du Haut commissaire pour la Palestine au Secrétaire d'état, 5 mai 1948, Cunningham paper's). Voir également : Tzuri à Golani, "Nouvelles : Tibériade," 21 avr. 1948, HA 105/143, p. 275 ; Direction opérationnelle de la Hagana, "Carnets de la guerre d'indépendance, p. 260 ; MacMillan, "Palestine : récit des événements, " 17/18 avr. 1948, p. 37.
39 - Voir, par exemple, Qiryati-Dafna sur tous les fronts, "Les évènements de Jaffa, 11 [avr.] 1948- 20 [avr.], 0740," 2 Mai 1948, IDFA 1949/8275/162 ; de Palestine (Cunningham) au Secrétaire d'état aux colonies, 1 mai 1948, FO 371/68547/E5665/4/71.
40 - Tene à Dan et Hillel, 30 novembre 1947, HA 105/61, p. 5 ; 00004 à Tene, "Rapport de synthèse, 7 déc. 1947," HA 105/61, p. 9 ; Yavne à Tene, "A nos membres dans les bases," 9 déc. 1947, ibid., p. 18 ; "A nos membres dans les bases," Bulletins. 15 et 16, 10 et 11 déc. 1947, ibid., pp 24, 37 ; Yavne, "Évacuation des femmes et les enfants de Lifta," 28 déc. 1947, HA 105/215, p. 23 ; 00004 à Tene, "Les Arabes érigent des postes militaires à Lifta," 14 déc. 1947, IDFA 1949/5253/104 ; "La Vieille Ville," 26 déc. 1947, ibid. ; "Des familles quittent Lifta," 1 janv. 1948, ibid. ; Hashmona'i, "Transformations démographiques à Jérusalem," 25 janv.1948, IDFA 1948/500/60 ; "Dans le camp arabe," 25 janv. 1948, ibid. ; "Colère à Beit Safafa à cause de l'utilisation du village par les forces armées pour attaquer Mekor Haim," 28 janv. 1948, ibid. ; "Beit Safafa" et "L'évacuation de Beit Safafa," 15 et 18 fév. 1948, ibid. ; Yavne à Tene, "Deir Abou Tour," 21 fév. 1948, HA 105/215, p. 81 ; Hashmona'i, "Annexe au numéro 114 de News Concentration," 16 mars 1948, IDFA 1949/2605/2 ; 01204 (Hatzil) à Tene, 21 janv. 1948, ha 105/72, p. 52 ; Yavne à Tene, "Plainte du chef du village de Beit Safafa au NC," 16 fév. 1948, ibid., p. 105 ; "Dans le camp arabe : nouvelles, " 14 mars 1948, p. 2, IDFA 2004/535/479 ; "Dans le camp arabe : nouvelles," 29 mars 1948, p. 2, ibid. ; Yavne à Tene, 15 fév. 1948, HA 105/215, p. 41.
41 - "Tene News," 19 janv. 1948, HA 105/61a, p. 85 ; 02117 à Tene, "A Wadi Hunein," 5 janv. 1948, HA 105/148, p. 195 ; Tiroshi à Tene, "Dannaba," 17 fév. 1948, ibid., p. 219 ; 01132 à Tene, "Vacances de Mir," 8 fév. 1948 et "L'évacuation de Jamala," 8 fév. 1948, HA 105/215, p. 44 ; Tiroshi à Tene, "Hawarith arabe," 18 fév. 1948, ibid., p. 14 ; Avram à Tene, "Renforts de Syrie," 11 fév. 1948, HA 105/21ä, p. 83 ; "Nouvelles arabes," 17 Avr. 1948, IDFA 1948/500/55 ; 02112 à Tene, "Al-Fuqara arabe," 9 fév. 1948, IDFA 1949/6400/66 ; 02122 à Tene, "En provenance de Salim Abdel Rahman," 12 déc. 1947, ibid. ; 01122 à Tene, "Nouvelles classées," 2 déc. 1947, ibid. ; "Annexe au numéro 114 du Bulletin d'informations," 16 mars 1948, IDFA 1949/2605/2 ; "Annexe au numéro 122 de Bulletin d'informations," 23 mars 1948, ibid. ; "Annexe au numéro 126 de bulletin d'informations," 30 mars 1948, ibid. ; "Informations sur les questions arabes urgentes," 29 mars 1948, IDFA 1948/550/55 ; Tzefa à Tene, "Évacuation de Khisas," 26 mars 1948, HA 105/257, p. 106 ; Tzefa à Tene, "Ulmaniya et Waddi Luz," 5 mars 1948, ibid., p. 33 ; Tiroshi à Tene, "Bureika," 6 mars 1948, ibid., p. 33 ; Yavne à Tene, "Isawiya," 30 mars 1948, ibid. ; Tzefa à Tene, "Évacuation des femmes et des enfants des villages arabes de Haute Galilée," fév. 25, 1948, HA 105/215, p. 20 ; Tiroshi à Tene, "Sarkas," 19 fév. 1948, ibid. ; p. 14 ; Tiroshi à Tene, "Al-Nufeiat arabe," 30 mars 1948 et "Sarkas," 20 avr. et "Évacuation de Sarkas," 22 avr. IDFA 1949/6400/66 ; Alexandroni "Sarkas," 11 mars 1948, ibid. ; Yosef Weitz, Yomanai Ve'igroti Labanim (Tel Aviv : Masada, 1965), vol. 3, pp 257, 277 ; Yavne à Tene, "Évacuation des habitants et arrivée des étrangers," 18 avr. 1948, HA 105/257 ; Hiram à Tene, "Propagande arabe sur les évacuations," 30 avr. 1948, ibid. ; Tene, "Migrations des Arabes palestiniens dans la période du 1 dec.47 au 1 juin 48. Annexe 1 : Les villages arabes évacués, " 30 juin 1948, IDFA, 1957/100001/781, p. 4 ; Naim à Tene, "Évacuation des Arabes," 8 avr. 1948, HA 105/143, pp 171, 185 ; Yavne, "Nouvelles arabes," 27 et 30 avr. 1948, ibid., pp 309, 319 ; Tzuri à Tene, "Informations classées," 6 mai 1948, ibid., p. 343 ; Naim à Tene, "Évacuation de Sarafand Kharab," 8 avr. 1948, HA 105/257, p. 290 ; Tzefa à Tene, "Évacuation des villages arabes," 6 avr. 1948, ibid., pp 24, 53 ; Tiroshi à Tene, "Fajja évacué de ses habitants," 14 avr. 1948, ibid., p. 8 ; Tiroshi à Tene, "Évacuation partielle de Qannir," 29 avr. 1948 et "Les habitants de Qannir déplacés à Arara," 29 avr. et "Qanir," 3 mai 1948, IDFA 1949/7249/129 ; Journal intime de Yosef Weitz, 4 mai 1948, CZA, A246/13, pp 2373-74 ; Hiram à Tene, "Évacuation de la tribu arabe de Zubeidat," 16 avr. 1948, HA 105/5â, p. 67 ; rapport d'une source arabe sur l'ordre de la légion arabe d'évacuer les villages, 12 mai 1948, IDFA 1949/5545/114, p. 11.
42 - Cunningham au Secrétaire d'État aux colonies, 26 avr. 1948, Cunningham Papers ; " Fortnightly Intelligence Newsletter n°67," publié par l'état major des troupes britanniques en Palestine (pour la période 2359 hrs 19 avr.-2359 hrs 3 mai 48), PRO, WO 275/64, p. 1. Voir également : Général Sir A. Cunningham au Secrétaire d'État aux colonies, " Weekly Intelligence Appreciation," 1 mai 1948, PRO, CO 537/3869.
43 - Arif, al-Nakba, p. 179.
44 - Muhammad Nimr Khatib, Min Athar al-Nakba (Damas : al-Matba’a al-Amumiya, 1951), p. 287.
45 - Radio Beyrouth, 4 mai 1948, FBIS, Section Européenne : émetteur du Proche-Orient, du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, 5 mai 1948, II2 ; "Nouvelles de la brigade Alexandroni," 9 avr. 1948, HA 105/143, p. 174 ; de Philip Ernst (consul des États-unis à Port Saïd) au Département d'État, "Arrivée de réfugiés arabes de Palestine," 29 avr. 1948 (expédié le 11 mai), RG 84, 800 -- Réfugiés ; Radio Beyrouth, 25 avr. 1948, SWB, numéro 48, 29 avr. 1948, p. 60 ; de Campbell (le Caire) au Haut commissaire pour la Palestine,1 mai 1948, Cunningham Papers.
46 - Radio Beyrouth, 7 mai 1948, in BBC Summary of World Broadcasts: Western Europe, Middle East, Far East, and Americas (SWB), numéro 50, 13 mai 1948, partie III, p. 57.
47 - Sir J. Troutbeck, "Synthèse d'impressions générales recueillies pendant un week-end de visite dans la zone de Gaza," 16 juin 1949, PRO, FO 371/75342/E7816, p. 123.

Au sujet de l'auteur
Efraim Karsh est chef des Études méditerranéennes au King College de l'Université de Londres. Son ouvrage le plus récent est Une histoire de l'impérialisme islamique : (Yale). M. Karsh remercie avec reconnaissance Roger et Susan Hertog de leur soutien généreux de la recherche sur laquelle s'appuie le présent article.

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